Strasbourg : "Mes mets dans les orties" transforme fruits et légumes invendus et abîmés en confitures et compotes

Fabriquer des confitures, compotes et chutneys pour éviter de gaspiller et jeter des produits encore consommables, tel est le défi de l'association strasbourgeoise « Mes mets dans les orties ». Pots consignés, étiquettes compostables : la démarche se veut écologique et humanitaire.

A Strasbourg, l'association « Mes mets dans les orties », créée en janvier 2021, élabore des confitures, compotes et chutneys pour ne pas jeter des produits encore consommables. L’idée, c’est Maëlle Touront qui l’a eue. Elle travaillait en cuisine dans la restauration et, à force de voir de la nourriture se perdre, elle a cherché une solution. Eviter le gaspillage alimentaire, mais à grande échelle. Elle en a parlé à un groupe de quatre-cinq amis et ils se sont lancés ensemble: "Nous ne sommes pas tous engagés dans le zéro-déchet, mais tous sont sensibles à la lutte contre le gaspillage et à l'écologie" explique la jeune femme. 

Collecter et transformer

Après quatre mois d'existence, ils ont trois maraîchers partenaires, dont les jardins de Marthe à la Robertsau. "Quand ils ont des surplus, en été ça peut être des courgettes, en ce moment ce sont des courges qui se détériorent rapidement en cas de choc. Ils nous les donnent ou vendent à petits prix." précise la jeune femme à l'origine de la démarche. "Il n'y a pas longtemps, nous avons pu récupérer des kiwis qui venaient du sud de la France. Il y a aussi un particulier, un monsieur de 84 ans de Truchtersheim, qui nous laisse libre-accès aux fruits de son verger, quetsches, mirabelles et cerises." Lui avait simplement goûté les premières confitures de Maëlle, les a aimées et a décidé de participer au projet.

 

"Nous ne sommes pas tous des "zéro déchet" dans l'association, mais tous des "zéro gaspi" et sensibles à l'avenir de la Terre"

Maëlle Touront- Créatrice de l'association "Mes mets dans les orties"

 

Tous parlent de leur projet autour d'eux. Au fil des rencontres, les contacts s'établissent. "Maintenant des agriculteurs nous contactent, le bouche à oreille fonctionne." Pour commencer, ils occupent, deux à trois fois par semaine, les cuisines du restaurant de l'hôtel Graffalgar, où Maëlle travaillait. "Mais avec la réouverture des restaurants, on va devoir trouver une autre cuisine pour continuer à transformer nos fruits et légumes. Peut-être celle d'un collège, d'un lycée ou d'une école, on cherche un partenariat.

Les productions sont mises en pots (consignés) et vendus ou offerts à des associations d'aide alimentaire. "En 2020, au moment des essais de fabrication, les pots que nous avons faits ont été donnés à Caritas pour les petits-déjeuners, ouverts à tous. Les clients du Graffalgar ont été parmi les premiers à les goûter et les ont validés."

"Mes mets dans les orties", d'où vient ce nom? 

"Je voulais reprendre l’expression "faut pas pousser mémé dans les orties" qui signifie "faut pas exagérer, faut pas dépasser les limites," dans ce cas, les limites du gaspillage bien sûr. Et pour les orties ? "C'est parce qu'en général, les fruits et légumes abîmés sont jetés sur le compost, au fond du jardin, là où poussent les orties." Bien trouvé, non? 

Réseau de distribution et points de vente

"Au départ, l'idée était de supporter le coût de l’achat et de la transformation et de revendre" explique la créatrice de l'association, "mais on se rend compte que les producteurs sont intéressés par revendre eux-mêmes leurs produits transformés. Ils nous versent alors le coût de la production et leurs fruits et légumes ne sont pas perdus." Les recettes peuvent être choisies ensemble et les confitures, compotes et chutneys, vendus sous le nom des producteurs ou celui de l'association. Tout le monde y gagne : producteurs, association, consommateurs et bien sûr la planète.

Pour l'heure, nulle boutique où se ruer pour acheter ces pots "anti-gaspi". Les consommateurs peuvent les acquérir par un système de cliquer et retirer (click and collect), sur leur page facebook et instagram. Ils sont aussi disponibles dans des boutiques locales, de type épiceries bio, en vrac et, comme évoqué, chez certains producteurs de fruits et légumes ainsi qu'à l'hôtel Graffalgar.

Besoin de partenaires pour faire avancer le projet

Tous les membres de « Mes mets dans les orties » sont bénévoles et salariés ailleurs, sauf Maëlle, qui a quitté son emploi dans la restauration pour créer l'association et la diriger : "Il faut être présent en permanence pour faire ce que nous avons prévu et tout mettre en place. Cet été ça va être le rush. Nous souhaitons également organiser des ateliers de sensibilisation et nous avons un projet d’acquisition de camion, pour créer une conserverie mobile, pour être au plus près des producteurs dont nous transformons les fruits et légumes."

Bref, beaucoup de pain sur la planche. Pour donner un réel impact à ce projet, l'association recherche différents partenaires. Il leur faut une cuisine, en attendant d'avoir le véhicule-cuisine, ils recherchent des revendeurs et des financeurs privés en mesure de les soutenir. Une cagnotte sera mise en place en fin d'année pour financer ce projet qui vise à préserver son environnement et par là ses habitants.

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