Une vingtaine de pompiers, professionnels et volontaires, ont déposé leur casque pour dénoncer l'obligation vaccinale à laquelle ils sont soumis depuis ce mercredi 15 septembre. Ils nous expliquent leur geste.
Le geste est symbolique, et particulièrement "éprouvant quand on a choisi d'être pompier par vocation", explique Caroline*. Comme elle, une vingtaine de sapeurs-pompiers du Bas-Rhin ont déposé leur casque devant la préfecture, ce mercredi 15 septembre à Strasbourg. Une opération pour marquer les esprits. Pour dénoncer ce que la sapeur-pompier professionnelle appelle "une trahison". Trahison, "car en 2020 nous étions tous les jours sur le pont. Nous avons transporté des centaines de patients Covid. Nous étions applaudis au même titre que le personnel hospitalier. Mais aujourd'hui, nous sommes considérés comme des moins-que-rien. Des pestiférés."
L'obligation vaccinale du personnel soignant entre en vigueur ce mercredi mais elle, ne se vaccinera pas. "J'estime que disposer de mon corps est un droit. Et j'ai le droit d'en faire ce que je veux. C'est un vaccin qui a été créé dans la hâte avec des effets secondaires graves, je l'ai vu dans mon entourage. Je privilégie ma santé, plus que ma carrière".
98,5% des pompiers professionnels du Bas-Rhin sont vaccinés
Ce 15 septembre, et après seize ans de carrière chez les pompiers, Caroline ne prendra pas le chemin de sa caserne. Pas de schéma vaccinal complet, ou une première dose du vaccin à présenter à son employeur, elle est donc suspendue. Suspension notifiée par un courrier recommandé qu'elle a reçu la veille de ce 15 septembre. "C'est très dure à vivre, j'ai fait ce métier par choix. Un engagement de 16 ans, pour lequel je ne compte pas mes heures, pour lequel je sacrifie mes nuits, mes week-ends. L'obligation vaccinale, c'est le coup de massue de trop. On ne peut pas nous obliger à se faire vacciner dans un pays comme le nôtre. Pour moi c'est non."
Alors que l'obligation vaccinale est entrée en vigueur, les services de secours et d'incendie du Bas-Rhin annoncent que 98,5% des 650 pompiers professionnels du département sont vaccinés. Ils seraient un peu plus de 95% dans les rangs des pompiers volontaires. "A l'heure actuelle, une centaine de pompiers, sur les 5.000 du Bas-Rhin, ne présente pas de schéma vaccinal. Des effectifs plutôt éparpillés sur le territoire qui ne désorganisent pas les opérations", insiste le colonel René Cellier, le directeur du SIS 67.
"Cette situation va nous plonger dans la précarité"
Caroline et son conjoint, pompier également, n'ont pas l'intention de céder. Et ce malgré la perte de salaire induite par cette suspension de leur contrat de travail. "On tiendra des semaines, quelques mois peut-être. Cette situation va plonger beaucoup de personnes dans la précarité." Le couple est conscient qu'il risque à terme de perdre leur emploi. "Nous avons une famille à nourrir mais nous saurons rebondir". La sapeur-pompier explique ne pas encore avoir réfléchi à une quelconque reconversion. Espérant, "que le gouvernement revienne sur l'obligation vaccinale".
*le prénom a été modifié pour préserver l'anonymat