L'intensité d'un impact de foudre près de Strasbourg (Bas-Rhin) a été mesurée à 296 kiloampères, soit six fois la moyenne maximale habituelle. La mesure a eu lieu à Pfettisheim (Bas-Rhin), le mercredi 9 juin.
La foudre a frappé avec force le sol alsacien, le mercredi 9 juin 2021 en fin d'après-midi. Le temps chaud a contribué à la naissance d'orages particulièrement impressionnants par endroits, mais assez brefs.
Contrairement à Ferrette (Haut-Rhin), les dégâts ont été limités. Les interventions des pompiers du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, en soirée, se sont limitées à quelques caves inondées (épuisements dans leur jargon). À Strasbourg (Bas-Rhin), une partie des feux de signalisation est tombée en panne : l'orage avait fait sauter des disjoncteurs. Les pertes matérielles sont donc minimes, ces équipements étant spécifiquement protégés pour que la foudre ne grille pas leurs composants électroniques. En outre, seize personnes ont dû être relogées à cause d'une inondation dans le quartier du Neuhof.
La particularité de certains de ces orages était leur intensité, mesurée en kiloampères. Jusqu'à 296 kiloampères (296.000 ampères), révèle Météo Suivi Alsace dans un de ses tweets (à lire ci-dessous), alors qu'un orage se situe en moyenne entre 5 et 50 kiloampères (c'était donc très bruyant). À titre informatif, l'intensité électrique d'un écran d'ordinateur représente... 1.5 ampère.
Impact de foudre d'une intensité très notable de 296 kA vers 18h07 à Pfettisheim ! De telles intensités sont rares (probablement un très gros coup de canon entendu par la même occasion par les habitants de cette commune).
— Météo Suivi Alsace (@msa6768) June 9, 2021
Le service météorologique alsacien a donc enregistré les données suivantes (à retrouver sur la carte ci-dessous) :
- 296 kiloampères à Pfettisheim (Bas-Rhin)
- 199 kiloampères à Ingersheim (Haut-Rhin)
- 113 kiloampères à Strasbourg (Hôpital civil)
- 70 kiloampères à Strasbourg (Port du Rhin)
- 61 kiloampères à Strasbourg (Petite France)
Cynthia Orditz, une chasseuse d'orages qui tient la page Facebook Coup d'Foudre (voir la publication ci-dessous), était au coeur de cet orage. Elle se trouvait du côté de Scharrachbergheim-Irmstett (Bas-Rhin) lorsqu'elle a réalisé plusieurs clichés particulièrement impressionnants. Elle a expliqué sa démarche à France 3 Alsace.
C'est quoi, être chasseuse d'orages ?
"Quand, avec mon copain, on voit que des orages sont annoncés, on surveille bien sur différents sites Internet de météo, voire de suivi des impacts en direct. Quand on en a la possibilité, on va sur le terrain, on cherche des points en hauteur dans la région. On a un appareil-photos, un détecteur de foudre... et un trépied. On est amateurs, on n'est pas spécialistes - même si on essaye d'apprendre - et on mesure rien, c'est juste de la photographie."
Comment fonctionne ce détecteur de foudre ?
"Il arrive à calculer à quelques secondes près - beaucoup plus rapidement que nous - quand l'orage arrive, quand l'impact va survenir. Il le fait détecter à l'appareil-photos et le déclenche avant même qu'on puisse se rendre compte qu'il va y avoir la foudre."
On a des orages assez intenses dernièrement : pourquoi ?
"Cela fait plusieurs jours qu'on a chaud, qu'il fait très lourd la journée... Ça appelle des orages, mais assez localisés. On a un peu du mal, en ce moment, à voir où ils vont tomber. Tant qu'il y aura des masses d'air chaud, ça les déclenchera. Il y a encore un petit risque d'orage car il va à nouveau faire chaud ce jeudi après-midi. On se prépare quand on sort du travail pour les photographier, mais c'est tellement aléatoire..."
Vous aviez déjà vu ça ?
"Oh, oui. En 2018, à quelques jours près - c'était le 6 juin - on a eu un orage à Oberhaslach [Bas-Rhin; ndlr]. Ça a duré une heure et demie, et il restait vraiment au-dessus de chez nous. Ça n'arrêtait pas, il tournait et il tournait... On a eu énormément de pluie, des inondations; il y a eu des dégâts dans le secteur."
Comment contempler en toute sécurité ?
"Il faut avoir un lieu sûr où s'abriter. Nous, on a toujours la voiture à proximité [principe de la cage de Faraday; ndlr] grâce aux pneus qui absorbent. Ça peut aller vraiment vite. Le risque zéro n'existe pas, évidemment, mais on peut éviter les endroits où il y a beaucoup de métal. Par exemple, on se méfie dans les vignes : la ferraille là-bas, ça attire. Il faut éviter là où il y a beaucoup d'arbres... On se met sur les points hauts pour avoir le meilleures vues, mais on a conscience que la foudre peut y tomber, donc on fait attention."
Pourquoi ça vous fascine ?
"Avec mon copain, on fait ça depuis 2016. De base, j'avais vraiment peur des orages. Je regardais tout le temps à la fenêtre car, justement, j'en avais peur. Au fur et à mesure, je me suis rendue compte que c'était un phénomène incroyable. C'est impressionnant, ce que la nature peut nous offrir - enfin c'est dangereux - mais on aime voir la foudre tomber, entendre ce bruit à chaque fois... Ça fait de l'effet, nous on aime bien ça."