Depuis le lundi 26 avril, la police municipale de Strasbourg expérimente l’utilisation de caméras-piétons. Fin juin, 140 agents seront équipés de cet outil qui doit notamment contribuer à des relations apaisées entre policiers et habitants.
Les policiers municipaux strasbourgeois disposent désormais d'un nouvel outil à leur équipement, comme leurs collègues de 400 autres communes. Depuis le lundi 26 avril, ils testent l’utilisation de caméras-piétons. C'était leur souhait depuis 2019, face à la recrudescence des violences et incivilités.
"Une augmentation des outrages a été constatée depuis quelques années. Tout ce qui rébellion, insultes, injures, jets de pierre. C’est ce qui a poussé la police municipale à demander ce dispositif", explique Nadia Zourgui Saada, adjointe en charge de la tranquillité à la Ville. Une rencontre organisée en août 2020 entre la municipalité et la police a permis de valider sa mise en place.
Apaiser les relations avec la population
"Je pense que c’est un outil qui est aussi bon pour la police que pour les habitants", poursuit-elle. C'est aussi l'avis de Joël Muller, chef de la police municipale. "Les caméras vont apporter un apaisement clair entre la population et la police. Les interventions seront plus simples à faire. Cela donnera également un gage de garantie que nos policiers restent dans la déontologie et dans le respect des personnes".
Le brigadier chef Jean-Pierre abonde en ce sens. "On est obligé de dire au contrevenant s'il est filmé. Si les personnes contrôlées par la police se sentent flouées, elles peuvent dans un dépôt de plainte signaler que le policier leur a avisé que l'intervention était filmée. Le parquet pourra vérifier si ces propos sont vrais".
La police locale s'est appuyée sur un rapport du ministère de l'Intérieur publié en 2018 sur l'emploi de caméras mobiles par les agents de la police municipale. Menée entre 2016 et 2018 dans 300 villes, l'étude fait état d'un "bilan particulièrement positif". Elle démontre que le dispositif permet une baisse des conflits, même sans avoir besoin de procéder à un enregistrement.
Les images de ces caméras serviront également à la formation des agents grâce à des retours d’expérience. Elles permettront enfin de mieux traiter des affaires sur le plan judiciaire, en fournissant du matériel pour étayer un dossier.
140 caméras fin juin
L'expérimentation durera jusqu'au 21 juin. 140 caméras seront ensuite distribuées à l'ensemble des agents. Pour l'heure, la phase de test concerne 26 policiers formés. Elle doit permettre de procéder à des réglages et des ajustements. La caméra est installée sur le blouson du policer avant son départ sur le terrain. Elle est ensuite mise sous tension. "Après sa mise en fonction, la caméra filme en permanence. Toutes les minutes sont écrasées".
La caméra se déclenche manuellement. Pour se faire, l'agent doit appuyer sur un bouton central. Un bip retentit quand il l'actionne et une lumière rouge clignote. "Là, les images sont enregistrées, à partir de la minute précédente. Ce sont ces images qui pourront éventuellement servir", précise Joël Muller.
Le modèle sélectionné après à un appel d'offres, pour un budget global de 100.000 euros, dispose de 12 heures d’autonomie. Ce qui est largement suffisant puisque une vacation de policier dure 9 heures. Les appareils sont stockés dans la salle d'armes de la police, sécurisée, dans laquelle se trouve l’ensemble des casiers.
Une utilisation des images encadrée
En rentrant de son service, le policier dépose la caméra sur un dock pour décharger les images. Celles-ci seront conservées six mois dans un serveur basé en Irlande. Leur utilisation est strictement réglementée. Elles ne sont visibles que par les cadres de la police municipale "On ne fait pas ce que l'on veut avec ces images. Dès que les personnes habilitées par le directeur décident de les visionner, elles doivent remplir un registre", souligne Joël Muller.
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