Le président de l'Eurométropole, Robert Herrmann, défenseur du projet de rocade autoroutière, régulièrement attaqué, est cette fois menacé dans un courrier qu'il a reçu chez lui. "Vous ne serez plus jamais tranquille", affirme la lettre. Robert Herrmann a porté plainte.
Il y avait eu la mairie de Vendenheim, taguée le 29 janvier 2019, le maire traité de "collabo". Et si l'on en croit Robert Herrmann, plusieurs élus menacés depuis que le projet du GCO (Grand contournement ouest de Strasbourg), objet de tant de batailles depuis plus de quarante ans, est passé en mode travaux, les recours des opposants étant; pour les plus importants, rejetés.
"Je peux comprendre les oppositions, nous sommes habitués aux insultes, aux injures, sur les réseaux sociaux notamment, qui sont un grand défouloir. Mais cette fois, la nature du courrier, la façon dont il est écrit, structuré, m'inquiète." Le courrier auquel il fait référence (signé "Bernard, Eric, Gérard, Gérard, Henri, Raymond, Xavier"), le président de l'Eurométropole l'a reçu chez lui, à son domicile, la semaine dernière.
"Il n'y aura pas de lieux ni de moment où tu pourras te sentir à l'abri de la sanction qui te sera réservée"
"Vous ne serez plus jamais tranquille", écrit ce qui semble être un groupe de détracteurs du GCO, qui "prête serment de se venger" dans ce courrier. "Nous faisons serment de n'avoir de cesse que soit rendue justice à tous ceux qui verront leurs existences perturbées et ruinées par ton activisme coupable sans lequel le projet du GCO n'aurait jamais été retenu. Il n'y aura pas de lieux ni de moment où tu pourras te sentir à l'abri de la sanction qui te sera réservée.""Que les opposants manifestent, qu'ils soient là dans et devant les tribunaux, ça reste un droit démocratique, dit Robert Herrmann. Mais la société change, les modes de protestation s'intensifient, changent de nature pour plus de violence, et cela devient insupportable."
31 plaintes déposées par Vinci
"Lors des réunions publiques, nous sommes maintenant obligés de faire intervenir des services d'ordre, pour assurer la protection, poursuit Robert Herrmann. Nous prenons les menaces au sérieux, c'est du harcèlement." Mais là où l'élu se montre le plus inquiet, c'est lorsqu'il fait référence aux 31 plaintes que Vinci aurait déjà déposé pour des actes subis sur le chantier de l'autoroute. "On parle là d'ouvriers qui travaillent, pour leur famille, et qui sont attaqués sur leur lieu de travail. Des lance-pierres seraient désormais utilisés, ils sont attaqués avec des pierres, comme lors des Intifada, en Palestine! Ce n'est plus possible..."Robert Herrmann a donc porté plainte le 20 février "menaces de crimes ou délits, contre les personnes ou les biens, à l'encontre d'un élu". "On ne peut pas vivre dans ce type de société où lorsqu'on n'est pas d'accord, on se bat. Ce n'est pas bien. je n'aime pas ça du tout."