Xavier Gaspard, vendeur peinture et délégué syndical CGT au Castorama de Strasbourg a décidé d'entamer, le 13 mars 2023, une grève de la faim et dormira dans sa voiture toutes les nuits sur le parking du magasin. Il demande une hausse de salaire pour tous les employés.
"Je veux rendre visible, l'invisible". C'est avec ces mots que Xavier Gaspard, 34 ans, vendeur peinture et délégué syndical CGT Castorama de Lampertheim à Strasbourg a décidé d'entamer une grève de la faim, le lundi 13 mars à 13h. Il dormira chaque jour dans sa voiture sur le parking du magasin afin de réclamer une hausse des salaires de tous les employés.
Fin février, une dizaine de représentants syndicaux avaient déjà occupé plusieurs magasins de la région en signe de protestation. Alors que les prix de l'alimentation et de l'essence n'ont cessé d'augmenter ces derniers mois, ils demandaient des hausses de salaire. Lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui se sont ouvertes en octobre 2022, la direction leur a accordé une hausse de 50 euros bruts, soit 39 net par mois. Une somme nettement insuffisante, selon eux.
De son côté, Xavier Gaspard veut taper fort et alerter la direction sur les conditions de vie des salariés de Castorama. "Je veux dénoncer cette précarité grandissante, il faut que la direction arrête de détourner le regard, lance-t-il devant le magasin, certains de mes collègues ne mangent plus à leur faim ou doivent sauter des repas, d'autres doivent faire des crédits à la consommation pour remplir leur frigo et survivre. Cela ne peut plus durer".
Je suis divorcé, je ne peux pas prendre de logement pour moi-même
Xavier Gaspard, délégué syndical CGT à Castorama Strasbourg
Après 13 ans dans l'entreprise, le délégué syndical CGT affirme gagner 1400 euros net par mois. "Chaque mois, j'ai une pension alimentaire à verser car je suis divorcé, je ne peux pas prendre de logement pour moi-même. J'habite pour le moment chez mes parents", confie-t-il.
Des dividendes qui agacent
Les occupations de magasins n'auront toutefois pas permis d'obtenir des hausses de salaires. " Le délégué syndical central a eu un entretien avec Kingfisher, les propriétaires des magasins Castorama. Ils estiment qu'il ne s'agit que d'un problème de communication entre les salariés et la direction, déplore Xavier Gaspar, ils estiment que les prix du pétrole et du gaz sont en train de baisser et que tout est en train de s'arranger".
Le vendeur strasbourgeois accuse aussi le groupe de "préférer gaver ses actionnaires avec plus de 481 millions d'euros de dividendes, plutôt que de nourrir ses salariés". Il estime qu'il y a une "véritable urgence" qu'il compte dénoncer grâce à sa grève de la faim.
Une réunion prévue entre la direction et les syndicats
Contactée par France 3 Alsace, la direction affirme qu'elle est "attachée au dialogue social" et tiennent à ce qu'il "se déroule dans des conditions sereines". Dans un communiqué, Castorama affirme qu'une réunion aura lieu le vendredi 17 mars avec l'ensemble des délégués syndicaux centraux. L'entreprise assure avoir "une volonté d'offrir une rémunération attractive à ses collaborateurs intégrant à la fois le salaire de base et des dispositifs qui les associent aux performances" de la société.
Selon eux, les salariés du groupe ont touché "en moyenne plus de 15 mois de salaire en 2022". Lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui se sont clôturées le 13 décembre 2022, la direction indique qu'une revalorisation de la grille salariale a été accordée et "permettra une évolution de +7,3% entre mars 2022 et mars 2023", à quoi s'ajoute une "augmentation générale minimum de 70€ appliquée en août 2022 et mars 2023", ainsi que des "augmentations individuelles applicables en mai 2023".
Face à l'action de Xavier Gaspard, Castorama promet que son salarié sera accompagné par la médecine du travail et l'institut d'accompagnement psychologique et de ressources durant cette grève de la faim.