Strasbourg : une application pour signaler les mauvaises odeurs

Chaque matin, entre Strasbourg et Kehl, l'odeur est différente. Oeuf pourri, hydrocarbures, malt grillé ou pneu brûlé. Une application existe désormais, des deux côtés du Rhin. Elle s'appelle ODO et elle est mise en service par Atmo Grand Est.

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A Strasbourg, les odeurs ne sont pas les mêmes d'un quartier à l'autre. Et dans certains endroits, elles sont très fortes et fréquentes. Elles peuvent être gênantes pour les gens qui y travaillent et y vivent.

Afi travaille à la cantine de l'école du Rhin, elle passe tous les jours rue du port du Rhin, et elle constate très souvent des odeurs gênantes à cet endroit. "Quand on passe vers les malteries, les odeurs sont très fortes, et quand j'arrive dans le quartier Port du Rhin où je travaille, là ce sont plus des odeurs d'égouts, elles sont même plus fortes quand il pleut", explique-t-elle.

Un autre habitant confirme : "ici, c'est plus des odeurs d'égouts, là-bas, derrière les voies SNCF, du blé fermenté.. moi ça ne me gêne pas trop, ça fait 30 ans que j'habite ici, alors je suis habitué. Mais l'été, les odeurs d'égouts rentrent dans les logements, c'est très désagréable."

Léa a emménagé à Kehl il y a une semaine, elle constate aussi des odeurs fortes le long du Rhin, dans le jardin des deux rives. "D'où ça vient ? On se pose quand même la question, même si ça ne m'inquiète pas beaucoup. C'est comme une odeur de levure, je l'ai sentie en faisant mon footing le long du fleuve", explique la jeune Kehloise.

L'Eurométropole et l'Eurodisctrict Strasbourg-Ortenau ont lancé fin novembre 2020 l'application ODO, développée par Atmo Grand Est. Déjà présente sur d'autres agglomérations en France, et d'abord développées dans les Hauts-de-France depuis plus de deux ans, ODO permet aux citoyens de remonter leurs signalements d'odeurs, là où ils se trouvent quand ils sont gênés par des effluves très fortes ou gênantes.

Atmo Grand Est récolte tous les signalements et peut demander à la ville concernée de faire une recherche plus poussée sur les nuisances olfactives et leurs auteurs.

"Depuis les années 1990, il y a un travail qui a été fait avec l'ASPA [Association pour la surveillance et l'étude de la pollution atmosphérique en Alsace, ndlr] et la DREAL [Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, ndlr]", explique David Rozenfarb, d'Atmo Grand Est, "l'idée c'est d'établir une cartographie pour identifier les nuisances olfactives. Les ports de Strasbourg et Kehl ont toujours été pris en compte, mais avant la procédure d'alerte était très complexe et peu connue. Il fallait appeler un numéro, puis remplir un formulaire, quand on était sur Strasbourg. Une autre procédure existait à Kehl. Mais on s'est rendu compte qu'il nous manquait beaucoup d'informations sur les nuisances olfactives dans l'Eurodistrict".

Appel à contributions

Le projet ODO réunit tous les partenaires et a besoin des citoyens, des deux côtés de la frontière, pour arriver à remonter une grande quantité de signalements pendant un an (de novembre 2020 à novembre 2021). Pas besoin d'un nez très développé ou d'une détection très précise, ce qui compte c'est de signaler toutes les odeurs fortes du quotidien.

"Même si une odeur ne provient pas d'une émanation dangereuse, le simple fait qu'elle soit forte peut être une nuisance et donc un danger potentiel pour la santé", rappelle David Rozenfarb. Si un quartier concentre un grand nombre de contributions, Atmo Grand Est alertera la commune concernée, qui pourra organiser une discussion publique, voire une concertation avec l'auteur de la nuisance.

L'idée c'est d'engager le dialogue avec les habitants et les auteurs des nuisances, avec à terme une amélioration pour les riverains. Ou une explication pour rassurer sur la non-dangerosité si besoin. "Ce n'est pas une solution magique, mais c'est un outil d'accompagnement, pour les particuliers et les collectivités", conclut David Rozenfarb. A chacun de se saisir de l'outil !

Evocations d'odeurs

Pour signaler une odeur, il suffit de se rendre sur le site atmo-odo.fr ou de télécharger l'application ODO, puis d'indiquer le lieu et l'heure. Plutôt que des odeurs, ce sont des évocations d'odeurs qui sont demandées, avec des termes comme "acide/piquant", "brûlé", "déchets ménagers", "gaz d'échappement", "levure" ou "solvant/chimie".

Au total, l'utilisateur a le choix entre 18 termes et il peut même indiquer encore son propre ressenti, sa propre description de l'odeur constatée. Il faut ensuite donner une perception (en continu ou par bouffées), l'intensité (de faible à très forte) et un ressenti (d'agréable à très gênant).

A terme, Atmo Grand Est souhaite proposer des formations à des bénévoles, pour obtenir des signalements très précis et plus objectifs. Des salariés pourraient également être formés au langage des nez (utilisé dans la parfumerie ou l'industrie pétrolière par exemple), pour envoyer quelqu'un ponctuellement sur place, en cas de besoin.

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