Suicide chez les adolescents : trois signes qui doivent alerter les parents

De nombreuses études montrent que les adolescents sont de plus en plus sujets au suicide. Dans le cadre de la journée mondiale de la prévention du suicide ce lundi, on fait le point sur les comportements qui peuvent alerter chez les plus jeunes.

Année après année, la tendance se confirme. Les plus jeunes sont aussi les plus vulnérables face au suicide, comme le montre le dernier bulletin régional publié par Santé Publique France en février dernier. Dans le Grand Est, les hospitalisations pour suicide chez les 11-17 ans ont augmenté de 24% en 2021 et de 28% sur le premier semestre 2022, en comparaison avec la période 2017-2019.

Comment repérer et éventuellement prévenir un tel passage à l'acte chez son enfant de 11 ans ? Quelle attitude adopter face à un adolescent de 15 ans qui se mure dans le silence ? Quand franchir le pas de la consultation ? À Strasbourg, le centre d'accueil médico-psychologique pour adolescents (Campa) accueille ces jeunes susceptibles de passer à l'acte et effectue un travail de long terme sur eux. La responsable médicale du service, Julie Rolling, nous aide à identifier les signes qui doivent alerter les parents et, surtout, confie ses préconisations face au mal-être des enfants.

1. Une humeur qui change

C'est le premier signe important : l'adolescent change soudainement d'humeur. "Si les parents remarquent que leur enfant éprouve une tristesse profonde sans raison apparente, s'ils constatent un changement de comportement, par exemple des accès de colère fréquents aussi, il faut s'inquiéter", estime Julie Rolling. Le changement de comportement peut aussi se traduire par une "consommation nouvelle ou bien plus importante de produits toxiques et stupéfiants".

Dans ce genre de situation, le premier réflexe à avoir est de "verbaliser son inquiétude". "Certains parents peuvent craindre de parler aux adolescents et, tout simplement, de leur demander si ça va. Il ne faut pas hésiter, car le fait de mettre leur mal-être en mots peut désamorcer certaines situations. Il n'y a aucune fatalité, le suicide est évitable et ça, il faut en avoir conscience."

2. Une tendance à s'isoler

Si un adolescent, habituellement très sociable, se met progressivement à couper les ponts avec tous ses amis, c'est un autre signe inquiétant qu'il ne faut surtout pas ignorer. "On remarque qu'il y a souvent un repli sur soi et une tendance à s'isoler chez les enfants qui ressentent un mal-être. Par exemple, un gamin qui passe sa vie au football va s'arrêter du jour au lendemain pour s'enfermer dans sa chambre."

À 14 ou 15 ans, il arrive pourtant souvent que les jeunes abandonnent des activités ou changent de cercle social. Comment distinguer ces changements "normaux" d'une véritable dépression ? "C'est vrai que c'est l'âge où les enfants sont le plus traversés par des moments de questionnement identitaire et de léger mal-être, reconnaît Julie Rolling. Mais il faut s'inquiéter quand il y a un retentissement fonctionnel, c'est-à-dire quand ces changements provoquent un effet négatif dans la vie du jeune, comme une chute des résultats scolaires ou une tendance à ne plus aller en classe."

3. Les comportements autodestructeurs 

Autre signe permettant d'écarter la piste de la crise d'adolescence, c'est le fait qu'il y ait une accumulation des facteurs que l'on a déjà évoqués. "Si les parents constatent qu'il y a à la fois un changement dans le comportement, une tendance à s'isoler de ses amis, et des pratiques comme la scarification, c'est qu'il y faut absolument aller consulter."

Une tentative de suicide ratée ou une pratique d'automutilation ne doit surtout pas amener les parents à penser qu'il s'agit "d'attirer l'attention". "C'est ce qu'on appelle une monstration du mal-être, ça veut dire que l'adolescent exprime sa souffrance en le montrant, physiquement, car il ne parvient pas à l'exprimer avec des mots. Et la manière dont l'entourage va réagir à cette monstration est primordiale pour éviter l'escalade : le fait de minimiser ou de sous-estimer le mal-être peut être un facteur déclencheur."

Au-delà du signalement, les proches sont ensuite accompagnés par des professionnels dans le traitement des problèmes psychiatriques de leurs enfants. "Je remarque que les parents sont de plus en plus démunis face au mal-être de leurs enfants. Ils ont conscience du problème mais ne savent pas quels choix faire, car ils entendent un peu tout et son contraire sur les méthodes idéales aujourd'hui."

Au Campa de Strasbourg, les jeunes peuvent par exemple suivre des ateliers thérapeutiques, d'escalade ou de relaxation. "Cela permet de travailler la confiance en soi et dans les autres", qui peut faire défaut à cet âge et en milieu scolaire. La rentrée a d'ailleurs été marquée par le suicide d'un adolescent de 14 ans à Poissy (Yvelines) alors qu'il avait signalé des faits de harcèlement scolaire un an plus tôt.

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