Tram Nord à Strasbourg : fin de la phase de concertation, "non, on ne bloque pas la ville"

La municipalité verte de Strasbourg en fait le projet emblématique de sa mandature : l'extension du tram vers Schiltigheim et Bischheim. Une fois le projet annoncé, une grande phase de concertation a été lancée entre mars et juillet 2023, les idées mais aussi les inquiétudes des citoyens ont pu s'exprimer.

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Alain Jund, qui porte le projet en tant qu'adjoint aux mobilités à la ville de Strasbourg et Jeanne Barseghian, maire EELV de la ville, n'ont eu de cesse de le rappeler tout au long de cette conférence de presse du 10 juillet : c'est un projet qui révolutionne les transports décarbonés et qui permet de repenser la ville.

L'extension du tram vers le nord, jusqu'à Bishheim en passant par Schiltigheim est donc plus qu'une nouvelle offre de transport public, c'est "un réaménagement bioclimatique, qui va déminéraliser et désimperméabiliser les sols", autrement dit apporter de l'eau et de la fraîcheur dans la ville. "Avec la météo actuelle, pas besoin d'explication de texte", souligne Jeanne Barseghian.

Et comme c'était le credo de l'équipe élue, un tel projet ne pouvait aller sans son lot de réunions publiques et concertations citoyennes. Ce qui fut le cas entre le 15 mars et le 6 juillet. Des concertations qui ne révolutionnent pas le projet, mais qui ont permis aux habitants de faire part de leurs idées mais aussi de leurs inquiétudes.

Petit rappel : l'extension fera 3 kilomètres, pour un coût estimé à 140 millions d'euros. Les points stratégiques concernent la place de Haguenau, transformée en vaste parc de 16 hectares, l'avenue des Vosges qui sera fermée à la circulation des véhicules de transit et sera dotée d'une plateforme centrale dédiée à la circulation du tram, enfin fermée aussi en partie aux voitures, la route de Bischwiller à Schltigheim. 

"Toujours possible de circuler où que vous habitiez"

De quoi bien sûr susciter l'inquiétude des riverains, des commerçants et des travailleurs. Danielle Dambach, la maire de Schiltigheim, a donc voulu se montrer rassurante, "non, on ne bloque pas la ville, on génère de nouvelles habitudes et il sera toujours possible de circuler où que vous habitiez".

Et de souligner à quel point ces concertations citoyennes ont été utiles, "grâce aux ateliers cartes sur table, ajoute l'élue schilikoise, au cours desquels nous avions mis des cartes avec les rues à disposition, nous avons pu répondre aux interrogations des habitants très précisément, par exemple quid des stationnements de proximité, comment je fais pour récupérer l'autoroute, etc..."

Des inquiétudes relayées par les élus d'opposition strasbourgeois. Ainsi, Pierre Jakubowicz, conseiller municipal à Strasbourg et co-président du groupe Centristes & Progressistes s'est exprimé aussitôt la conférence de presse terminée pour dénoncer ce qu'il considère comme "un passage en force" concernant l'avenue des Vosges.

"Entre le tout-bagnole du retour au 2x2 voies sur l’avenue des Vosges, écrit l'élu, et le tout-galère avec ce tram inefficace et cette avenue mal aménagée, une troisième voie est possible sur l’avenue des Vosges. C’est pourquoi dès la rentrée, je réunirai des ateliers citoyens dans les différents secteurs de Strasbourg concerné par ce projet pour construire une alternative crédible."

Le maire de Bischheim, présent à la conférence de presse, a lui aussi fait part de ses grandes réserves concernant ce projet. "Je regrette que des alternatives au tram comme un maillage de bus plus performants n'aient même pas été mis sur la table, fulmine Jean-Louis Hoerlé (LR). Beaucoup de mes concitoyens me font part de leur inquiétude concernant la circulation en voiture et le stationnement."

Des idées d'aménagements

Répondre aux inquiétudes, c'est donc l'un des objectifs de ses réunions publiques, mais aussi prendre connaissance des idées des habitants. "On a eu beaucoup de propositions notamment concernant l'aménagement du parc de Haguenau et de la place des fêtes, des idées qui enrichissent ce projet, se réjouit Jeanne Barseghian. Kiosque à musique, fontaine à eau, Biergarten sont autant de pistes intéressantes."

Le calendrier lui, reste inchangé. À la mi-septembre, démarre l'enquête publique, suivie de la déclaration d'utilité publique prononcée ou non par les pouvoirs publics en fonction des éléments réunis et, si tout va bien, le début des travaux en 2025.

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