Les feux passent au vert pour la nouvelle ligne de tramway, à Strasbourg. Le budget prévu pour les 3 nouveaux kilomètres jusqu'à Bischheim a été validé, ce mardi 12 décembre. Il dépasse l'estimation initiale qui se chiffrait à 140 millions d'euros.
Prolongement validé, mais l'addition est plus salée : 268 millions d'euros hors taxes. Le budget pour le prolonger le tramway nord a été voté, ce 12 décembre. Le projet prévoit que la nouvelle ligne du tramway de Strasbourg (Bas-Rhin) atteigne bientôt Bischheim.
Le nouveau tracé de 5 kilomètres doit passer par l'avenue des Vosges, ce qui mécontente des habitants et en réjouit d'autres. Le prolongement prévoit aussi la desserte de Schiltigheim. Au plus tôt, ces travaux doivent débuter automne 2024, pour une mise en service fin 2027.
La période de concertations citoyennes et de réunions publiques sur ce projet a duré du 15 mars au 6 juillet dernier. L'une de ces réunions, le 29 mars dernier, avait d'ailleurs été suivie par France 3 Alsace. L'idée de ces 9 nouvelles stations reste encore sujette à débat.
Des avis partagés
Le nouveau budget est adopté, au terme de débats qui ont duré 3 heures et demie. Pour autant, les avis demeurent mitigés. "Nous considérons qu'à la fois les études techniques, les impacts budgétaires et les résultats des concertations devaient conduire à privilégier d'autres tracés. La maire est passée en force, dans un déni démocratique, budgétaire, et technique. Le tracé qui a eu le moins d'avis favorables a été imposé", s'indigne Pierre Jakubowicz, conseiller municipal (Centristes et progressistes).
Il déplore un budget trop important : "Le projet présenté initialement est à 120 millions d'euros avec les taux d'inflation, on arrivera à 140 ou 150. On est aujourd'hui à 268 millions d'euros, ça fait 56 millions d'euros le kilomètre de tram. À titre de comparaison, un kilomètre de TGV en montagne en région PACA coûte 57 millions d'euros. On est au même prix pour 1 km de tram à Strasbourg aujourd'hui que pour 1 km de TGV en relief accidenté."
L'élue municipale (Parti Socialiste), Catherine Trautmann, ne mâche pas non plus ses mots. "Le budget, j'ai découvert son détail, dans la presse. Je considère que les élus doivent être informés et que les habitants devaient savoir à quoi s'attendre. Par ailleurs, j'ai découvert aussi dans cette délibération qu'on changeait les règles d'urbanisme, alors que normalement un projet est censé les respecter. Sur ce débat nous n'avons pas eu la possibilité de nous exprimer préalablement ni non plus les habitants de se prononcer d'accord", s'émeut l'ancienne maire de Strasbourg.
"Je ne suis pas d'accord avec la manière dont la concertation s'est passée, avec l'absence de méthode avec laquelle ce tram est conçu. Entre les documents qui ont été fournis à la concertation initiale, l'un de concertation complémentaire et la deuxième concertation que nous avons abordé aujourd'hui, le tracé a considérablement évolué. Les gens n'ont pas été informés, par exemple, qu'il y avait une voie unique dans la partie schilikoise", continue-t-elle.
Concertation normale et inflation imprévisible, selon la mairie
Tous ces arguments sont réfutés par la maire (Europe Écologie-Les Verts) de Strasbourg. "Ce projet a donné lieu à une concertation inédite, sur les projets de tram de Strasbourg, il n'y a jamais eu autant de contributions. On a dépassé les 1000 contributions lors des concertations, on a eu même six mois de concertation. J'ai souhaité qu'on ait une concertation complémentaire, qui permette d'approfondir certains aspects, par exemple, l'aménagement de la place de la gare, de l'avenue des Vosges, et les plans de circulation qui l'entourent aujourd'hui", se justifie Jeanne Barseghian.
Elle déplore l'inflation, mais maintient que la procédure pré-travaux s'est bien passée : "Ce qu'on ne pouvait pas prévoir, c'est la part d'inflation de 15% inhérente, en cette période, à tout projet urbain. Nous faisons pleinement la transparence sur les différents chiffres. Dès le début, nous avons donné le coût des opérations de travaux, auxquel s'ajoute la modification des réseaux urbains, les coûts d'ingénierie et l'indemnisation de l'ensemble des acteurs économiques impactés par ce tram, notamment les commerçants le long des tracés, et les 44 millions d'euros sur le matériel roulant."
Porté par la ville de Strasbourg, ce projet de réaménagement urbain prévoit notamment la "piétonnisation de 40%" de la surface de l'avenue des Vosges. Il consistera à réhabiliter et réaménager complètement la place d'Haguenau sur 16 hectares, en même temps que la construction du prolongement. La municipalité avait estimé ce projet d'investissement à "500 millions d'euros". Un dernier vote aura lieu le 20 décembre à l'Eurométropole de Strasbourg. Il donnera alors le coup d'envoi du chantier.