Avis défavorable du tram nord dans l'Eurométropole de Strasbourg : coup rude pour les écologistes, satisfaction de l'opposition, un projet "à retravailler"

La majorité municipale a appris ce lundi 9 décembre que le projet d'extension du tram vers Schiltigheim et Bischheim, avait reçu un avis défavorable de la commission d'enquête chargée du dossier. Le coup est rude. Les réactions politiques s'enchaînent du côté de l'opposition.

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Face à notre équipe de journalistes, Pia Imbs encaisse le coup. "Je respecte l'expression démocratique que représente une enquête publique. Ce dossier, je n'ai pas encore pu l'étudier, nous allons le faire dans les jours, les semaines à venir. Il est sûr qu'à ce stade, c'est une déception", témoigne la présidente de l'Eurométropole de Strasbourg, s'empressant d'ajouter : "ce que je peux vous dire, c'est que le principe même du tram n'est pas remis en cause".

Notre réseau CTS arrive à saturation, notamment au nord, secteur parmi les moins bien desservis. Cette ligne reste indispensable

Alain Jund, vice-président de l'Eurométropole

Cette pirouette sémantique ne masquera pas l'énorme coup dur que représente le rapport de 150 pages défavorable rendu ce lundi 9 décembre au soir par la commission d'enquête. La ligne qui devait filer vers Schiltigheim et Bischheim se dessine donc pour le moment avec des points de suspension.

Le tram nord, jugé indispensable pour la majorité écologiste

Sur le papier, l'idée semblait pourtant alléchante : le désenclavement de certains territoires grâce aux transports en commun, la diminution du nombre de voitures et donc de la pollution aux abords du centre de Strasbourg, ou bien les vertus pour le climat. "Ces enjeux restent d'actualité, affirme Jeanne Barseghian, qui a tenu avec une conférence de presse organisée dans l'urgence ce mardi. Il s'agit aussi de compléter le réseau de la CTS et de desserrer le nœud de l'homme de fer."

La maire de Schiltigheim, Danielle Dambach, présente elle aussi lors de ce point ouvert aux médias, "regrette" ce contretemps pour sa ville, alors que "toute une partie de la population" est en attente de dessertes, comme d'autres secteurs autour de Strasbourg. "Si ce n'est pas ce projet, ce sera un autre", ajoute-t-elle, pour afficher sa détermination.

"Avec 580 000 trajets enregistrés ce samedi (le 7 décembre, NDLR), il est clair que notre réseau CTS arrive à saturation, notamment au nord, secteur moins bien desservi. Cette ligne reste indispensable", abonde Alain Jund, vice-président de l'Eurométropole chargé des transports.

L'opposition de la droite et du centre dénonce le dogmatisme de la municipalité

Et pour cause, le projet que les habitants de l'Eurométropole connaissent depuis quatre ans sous le nom générique de "tram nord" était une vitrine pour Pia Imbs et Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg. "Il faudra le retravailler pour en garantir l'acceptabilité la plus large possible", admet encore l'élue, également maire de Holtzheim.

Une concession pour une équipe dirigeante qui a dû faire face depuis plusieurs mois à une opposition menée de concert par des élus d'opposition et des citoyens inquiets des impacts d'un tel bouleversement du territoire de l'Eurométropole sur leur quotidien. Jean-Philippe Vetter, membre du groupe de l'Union de la droite et du centre, n'a pas tardé à réagir ce mardi, dénonçant la "posture dogmatique" de la majorité écologiste, malgré les avertissements lancés par les voix discordantes, dont la sienne.

Seulement, les ambitions de ce "tram nord" cachaient, selon l'élu, d'autres réalités, comme "l'augmentation des embouteillages et des nuisances" dans les rues adjacentes à l'avenue des Vosges, ou encore "la suppression de places de stationnement", néfastes "aux familles, aux professionnels ou aux personnes à mobilité réduite".

Autre point d'achoppement, le coût, passé dans les premières estimations de 140 à 268 millions d'euros. Autant d'éléments pouvant apparaître comme punitifs pour les riverains et qui font que la copie devra être revue avant que le projet ne puisse être remis sur les rails.

Une opposition unie pour dénoncer le mépris et l'échec de la majorité

Le projet totem de la majorité écologiste a réussi en tout cas à cristalliser contre lui une opposition balayant ainsi tout le spectre politique représenté au sein de l’Eurométropole. De Jean-Philippe Vetter, précédemment cité, à la socialiste Catherine Trautmann en passant par les centristes Pierre Jakubowicz et Nicolas Matt ou encore le maire LR d’Illkirch-Graffenstaden Thibaud Philips, tous se sont exprimés d’une seule voix et ensemble ce mardi 10 décembre, en marge de la conférence de presse officielle.

Cette image rare symbolise le ressentiment accumulé depuis des mois par les uns et les autres. "Au-delà de cet échec en particulier, c'est la disqualification d'une méthode, celle du mépris de l'opposition", tance Catherine Trautmann, elle-même à l'origine du retour du tram à Strasbourg il y a pile 30 ans. Sur les 6700 avis recueillis lors de l'enquête publique achevée le 18 octobre dernier, "6000 ont rejeté le projet en l'état, du jamais vu en France", argumente encore l'élue socialiste.

Pierre Jakubowicz, qui a lancé son mouvement Strasbourg on y croit !, ne dit pas autre chose. "C'est un sentiment de gâchis qui domine, nous avons perdu trois ans parce que nous n'avons pas été écoutés, les habitants non plus. On nous a caricaturés. Il est temps que la présidente de l'Eurométropole et la maire de Strasbourg reconnaissent leur erreur et considèrent nos tracés et projets alternatifs, moins coûteux."

En toile de fond, une partie de l'équation des municipales de 2026 est peut-être en train de se jouer sur ce dossier. Quant au rapport du commissaire enquêteur, il peut être remis au tribunal administratif pour être jugé sur la forme, mais l’Eurométropole n'entend d'ailleurs pas "déposer un recours", a indiqué Pia Imbs. Une manière de tourner la page, avant de démarrer l'écriture d'un nouveau chapitre, plus attendu que jamais.

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