Un clip de rap tourné dans un collège de Strasbourg met en colère parents et professeurs

Un clip de rap, tourné lors d'un atelier dans l'enceinte du collège Sophie Germain à Cronenbourg (Strasbourg) a choqué beaucoup d'enseignants et de parents d'élèves. Devant la mobilisation et la médiatisation, la principale a fini par condamner la vidéo à son tour. Le clip des collégiens n'est que la partie visible d'un malaise plus profond. Explications.

"J’ai le flingue dans la sacoche, j'le dégaine si y a besoin", "le livreur a livré, le shit est arrivé, ils peuvent le découper"... les paroles du clip ont fait le tour du collège à la rentrée des vacances d'hiver.

Apologie du trafic de drogue et de la violence, propos vulgaires et sexistes, collégiens filmés en train de sauter sur les tables ou de sauter sur le grillage d'enceinte, "c'est un couteau dans le dos de la pratique des enseignants du collège Sophie Germain", résume Fabrice Copyloff, représentant syndical CGT-éducation, qui a pris connaissance de la vidéo il y a deux semaines.

"Tout ce qu'on essaie de dire aux élèves, toutes les règles qu'on voudrait qu'ils respectent au quotidien sont bafouées dans cette vidéo. Et le pire c'est qu'au départ, la principale n'a pas réagi."

Le délégué CGT dénonce un dysfonctionnement plus profond, une minimisation des problèmes par la direction du collège depuis longtemps. "Il y a un laisser-faire depuis longtemps. D'un côté, nos projets pédagogiques ou nos voyages de classe sont scrutés à la loupe ou refusés faute de détails, et là un surveillant a pu diffuser un clip aux parents, lors de la restitution à la fin du stage, sans que personne n'ait pu visionner cette vidéo. C'est aberrant et ça fait beaucoup de tort au collège."

De leurs côtés, certains parents condamnent aussi cette vidéo. "C'est choquant d'entendre des paroles aussi violentes dans la bouche d'enfants de 10 ans, avec un adulte en face qui ne dit rien et qui donne carte blanche aux jeunes", dit une responsable FCPE.

Pour montrer leur colère, les parents ont organisé une journée "collège mort" jeudi, en demandant aux parents de ne pas envoyer leurs enfants ce jour-là au collège. Sur 700 élèves, seuls 100 étaient présents. "Grâce à notre mobilisation, nous avons obtenu une réunion avec l'inspection académique. J'espère que nous aurons des réponses à toutes nos questions", se demande cette responsable des parents d'élèves.

Par ailleurs professeur de français, Fabrice Copyloff s'indigne de ce que cet atelier, organisé dans le cadre de "vacances apprenantes", n'ait pas proposé mieux aux élèves. "Il s'agit d'un mépris des élèves et de préjugés sur ces collégiens. On peut leur apporter beaucoup plus, en valorisant le travail du collège, les apprentissages. Sensibiliser les jeunes aux violences et au sexisme, les élever culturellement, il y a tant à faire, et le rap peut être un vecteur, bien sûr !"

Le syndicaliste déplore que le surveillant ait été suspendu, sans que toute la lumière ait été faite sur cette affaire. A l'automne déjà, les enseignants dénonçaient des violences répétées et un sentiment général d'insécurité, ils avaient été 80% à se mettre en grève le 17 novembre 2022.

La réunion entre la direction du collège, les parents d'élèves et l'inspecteur d'académie aura lieu lundi 20 mars à 17h30 au collège.

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