Un congé de santé gynécologique, supérieur au congé menstruel rejeté par le Parlement, envisagé à Strasbourg

En février, le Parlement a rejeté la proposition de loi voulant créer un congé menstruel pour les femmes atteintes de règles douloureuses et handicapantes. L'Eurométropole de Strasbourg, elle, veut mettre en place ce droit et aller encore plus loin, en créant le congé de santé gynécologique.

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Ne plus se traîner coûte que coûte au travail, pendant ses jours de règles, alors qu'on est percluse de douleurs. Cet enfer pourrait s'arrêter à la fin de l'année 2024, pour les femmes de l'Eurométropole de Strasbourg.

Alors que le Sénat et l'Assemblée nationale ont rejeté, comme un seul homme, la proposition de loi proposant deux jours de congé menstruel en février, Strasbourg et son agglomération veulent faire progresser la situation des femmes.

L'idée que la souffrance liée aux règles doit être prise en compte commence à entrer dans les esprits. À l’instar de quelques autres villes et métropoles françaises, l'EMS s'empare du problème. Ce vendredi 15 mars, Christelle Wieder, l'élue en charge du droit des femmes et des hommes et le premier adjoint au maire Siamak Agha Babaei annoncent à la presse leur volonté de mettre ce point à l'ordre du jour du conseil eurométropolitain du mois d'avril.

Ce ne sera pas un congé menstruel, mais un congé de santé gynécologique

Siamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire de Strasbourg

Si le conseil adopte ce texte en avril, il sera applicable à partir de septembre. "Il essaie de prendre en compte, bien sûr, les syndromes prémenstruels, mais aussi l'ensemble des pathologies gynécologiques qui peuvent avoir une traduction menstruelle. Ça peut inclure la ménopause, l'endométriose et encore d'autres pathologies."

S'il est adopté, les agentes de la métropole auront la possibilité, après discussion avec leur hiérarchie, "de pouvoir bénéficier d'une amélioration du poste de travail, d'une adaptation des horaires de travail, avoir plus de télétravail", indique le premier adjoint à la maire de Strasbourg.

Si tout cela n'était pas suffisant, il y aurait la possibilité de recourir à un congé de santé gynécologique, sur production d'un certificat médical émis par un/une gynécologue ou un/une sage-femme. Certificat qui devra être confirmé par la médecine du travail. Dans ce cas, il sera valable pendant deux ans et permettra aux femmes "de pouvoir disposer de 13 jours à l'année, sur un compteur dédié pour ce congé, avec la possibilité de cumuler au maximum trois jours de suite." Il n'y aurait pas de jour de carence et donc pas de perte de salaire.

Ce sont des douleurs qu'on devait taire, c'était honteux

Une agente de la mairie

Interrogées par notre équipe de reportage, des agentes de la mairie saluent la volonté de mieux considérer les femmes et leur santé."Ce sont des douleurs qu'on devait taire, c'était honteux, on n'en parlait pas et on y allait, c'est un vrai progrès", confie une première et "Ce serait merveilleux, car ce n'est pas toujours évident de prendre un jour de congé, ou de se faire prescrire un arrêt maladie avec un jour de carence", reconnaît une autre jeune femme.

Pour la gynécologue Odile Bagot, un tel dispositif permettrait de réduire une des inégalités qui existent encore entre hommes et femmes au travail. "C'est une excellente idée" dit-elle, "car les femmes ont des pathologies que les hommes ne rencontreront jamais, ce qui crée une véritable inégalité. Ces pathologies ont parfois besoin de temps et de repos."

Mais elle ajoute :"Ce que l'on peut peut-être regretter, c'est que les inséminations et FIV en cas d'infertilité ne soient pas intégrés, tout comme la prévention, les frottis ou mammographies, qui nécessitent aussi du temps.

Toutes les femmes, heureusement, ne souffrent pas chaque mois, pendant une bonne trentaine d'années de leur vie, quand elles ont leurs règles. D'où la précision de Christelle Wieder, adjointe en charge des droits des femmes et des hommes et de l'égalité des genres. "Bien sûr, ce congé ne sera pas systématique, mais notre idée est de lever le tabou lié aux règles et à la ménopause".

Lever le tabou et faire changer la loi

La proposition des porteurs de ce projet consiste à adapter un lieu de repos dans les entreprises, voire de mettre une bouillotte à disposition des femmes, (posée sur le ventre, sa chaleur peut soulager), d'avoir des toilettes à proximité, de rendre une journée de télétravail possible, et si cela ne suffit pas, de lui permettre un à trois jours d'arrêt.

"Notre ambition, est de faire changer la loi en France, et de faire adopter un plan plus global tenant compte des douleurs de règles, mais aussi des règles hémorragiques, des douleurs liées à l'endométriose et des syndromes incapacitants liés à la ménopause."

Comme au niveau national, le texte de Strasbourg n'en est qu'au stade de proposition. Le conseil eurométropolitain d'avril permettra, ou non, de faire évoluer la situation des femmes dans le territoire. Bien sûr, le progrès serait important, mais il demanderait à être étendu dans tous les milieux professionnels. Sans oublier de prendre en compte la question du secret médical et le risque de discrimination des femmes dans l'évolution de leur carrière.

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