Un épicier paie le parking de ses clients pour dénoncer la hausse des tarifs de stationnement

Depuis la forte hausse du prix des parkings à Strasbourg, de nombreux clients désertent le centre-ville. Face à la baisse de son chiffre d'affaires, un épicier propose de payer leur stationnement pour les inciter à revenir.

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Derrière de grandes baies vitrées enchâssées dans des arches de grès, s'ouvre la Bogetta Renzini. Une épicerie italienne haut de gamme, tout à la fois boutique, bar et restaurant. Il est possible de venir y faire ses emplettes, d'acheter un repas à emporter, ou de s'asseoir pour manger sur place ou boire un verre.

Mais depuis peu, un curieux petit panneau est scotché sur l'ardoise qui, à l'entrée, affiche les suggestions du jour. On peut y lire : "On offre le stationnement ! Le temps de vos achats dans notre établissement."

Mettre la main dans sa propre caisse, c'est la seule solution que Julien Fèbvre, le gérant, a trouvée pour inciter ses clients automobilistes à ne pas abandonner son commerce. En effet, depuis le 3 avril dernier, et l'application des nouveaux tarifs de stationnement de la Ville, il a constaté une diminution de près de 30% de son chiffre d'affaires.

C'est en février 2020 qu'il a ouvert sa Bogetta Renzini, au 38, rue de la Première-Armée. Un lieu bien adapté à son projet, à quelques pas du parking de la Bourse, ainsi que du centre administratif de la Ville et de l'Eurométropole, place de l'Etoile.

Le jeune épicier a tenu bon durant la crise du Covid, qui s'est déclenchée un mois plus tard, puis malgré l'inflation qui a suivi. Mais la très forte augmentation des prix de parking dans son quartier, c'est la tuile de trop. 

"Le parking de la Bourse est passé de zone jaune en zone rouge" explique-t-il. "On est à 3,50 € pour une heure, 8 € pour deux heures et 35 euros les trois heures." Et le résultat de cette hausse spectaculaire ne s'est pas fait attendre. Julien Fèbvre a immédiatement senti "une forte diminution de la fréquentation en journée." Bon nombre de ses clients ont déserté son épicerie italienne, décidant désormais de ne plus venir en ville.

"Pour essayer de redynamiser un peu le commerce, et donner envie à (ses) clients de revenir", il a donc imaginé une solution simple. Le parking, c'est lui qui le paie. Du moins dans des limites raisonnables.

"On offre le stationnement à nos clients qui viennent consommer chez nous" précise-t-il. "S'ils viennent manger sur place, on leur offre une heure, donc on déduit 3,50 euros de leur addition. Et s'ils prennent quelque chose à emporter, on déduit 1 euro, ce qui correspond à un peu plus d'une demi-heure de stationnement."

Des clients émus

La majorité des clients automobilistes viennent "à partir du vendredi après-midi", faire le plein d'épicerie fine, et se faire plaisir avec un apéro gourmand. En milieu de semaine, à l'heure de midi, ils ne sont pas au rendez-vous. Là, ce sont plutôt des habitués cyclistes, ou des piétons qui travaillent dans le quartier, qui s'installent autour des tables ou viennent chercher leur sandwich.

Mais même si le paiement du ticket de parking ne les concerne pas directement, l'initiative les touche. "Elle est en faveur du consommateur, mais c'est le commerçant qui est lésé" s'exclame une dame. "Son geste est sympa, mais ce n'est pas une solution en soi pour répondre à la problématique du stationnement. Et je trouve dommage qu'un commerçant doive pallier des choix politique."

"C'est très bien, ce qu'il fait, mais il n'est pas normal que des commerçants supportent une part du stationnement" renchérit une autre. Deux touristes allemandes, arrivées en tram, se sentent émues lorsqu'on leur explique la situation : "L'endroit est si beau et agréable. Ce serait vraiment dommage qu'il doive fermer, faute de clientèle."

Ni coup de gueule, ni coup de pub

Julien Fèbvre ne sait pas encore combien de temps sa proposition de remboursement du stationnement pourra tenir. "On verra bien. On démarre. Et pour l'instant, on n'a pas eu d'autre solution que ça. Donc on essaie de se défendre avec nos moyens."

Il réfute aussi toute idée d'un coup de pub, voire d'un coup de gueule de sa part. "Non, je suis plutôt dans une communication positive" martèle-t-il. "L'idée, c'est d'essayer de faire comprendre que, malheureusement, les commerces du centre-ville souffrent. Et de tenter de faire revenir les clients par ce biais. Si ça fonctionne, tant mieux. On pourra mieux argumenter face à la municipalité. On aura matière à dire quelque chose."   

En parallèle, il a aussi fait le tour des commerçants du secteur, pour leur distribuer un courrier. Sans grands retours pour l'instant. Mais il garde l'espoir qu'ils pourront imaginer des actions communes, afin de mieux se faire entendre, tous ensemble.

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