A Fribourg, en Allemagne, depuis la rentrée, crèches et écoles primaires ne servent plus qu'un menu végétarien aux écoliers pour le déjeuner. Parmi les raisons avancées : le côté pratique et rassembleur, mais aussi la nécessité de faire des économies.
Des pois chiches, et une soupe de brocoli et pomme de terres : voilà le repas servi ce vendredi 30 octobre à l'école primaire de la Weiherhof de Fribourg (Allemagne). Depuis la rentrée scolaire, on y mange végétarien tous les jours. "Je n'aime pas tant que ça le brocoli, mais avec la pomme de terre, c'est vraiment bon !", s'exclame Joy, 9 ans. " Parfois, je trouve quand même un peu dommage de ne pas avoir d'autre option, enchaîne Max, 10 ans. Mais quand il n'y avait pas de menu végétarien, franchement, ça n'était pas si bon... maintenant, j'ai l'impression que c'est mieux cuisiné !"
Un menu végétarien unique dans toutes les crèches et les écoles primaires : c'est ce qu'a décidé la mairie de Fribourg. Avec un objectif : rassembler les élèves de tous horizons culturels et confessionnels. "Je mange de la viande, mais pas de porc, explique Layan, 10 ans. L'an dernier, il y avait souvent du porc, et c'est pour ça que je trouve ça mieux avec une seule option végétarienne."
Du côté des parents d'élèves, on reste très mesuré. Parfois même carrément opposé à cette nouveauté. "Je suis contre, je crois que c'est du paternalisme et de la provocation, pour beaucoup de parents, et c'est effectivement le cas, tempête Mandana Herzog, représentante des parents d'élèves. À la maison, nous-mêmes, on ne consomme pas beaucoup de viande, et donc il n'est pas question qu'il y ait toujours de la viande. Mais les enfants devraient avoir le choix."
Christine Buchheit, maire adjointe de Fribourg en charge de l'Environnement, de la Jeunesse et de l'Education, tempère. "La majeure partie des repas, c'est à la famille de s'en charger. Et là, chaque famille fait comme elle l'entend. Chez nous, la Société allemande de nutrition dit qu'il n'est pas nécessaire, en principe, de consommer autant de viande que ce que nous consommons aujourd'hui. Pour manger équilibré, elle recommande de manger seulement végétarien, ou alors peu de viande, deux fois par semaine."
Il s'agit aussi pour la Ville de faire des économies sans réduire la qualité des repas. Proposer un seul menu permet de réduire les coûts. Un menu unique et végétarien avait déjà été proposé dans certaines écoles pendant la crise sanitaire.
De l'autre côté du Rhin, à Strasbourg, la municipalité avance lentement, mais sûrement, dans les cantines scolaires. "100% végétarien, ça n'est pas notre feuille de route, précise Antoine Neumann, conseiller municipal en charge de l'agriculture et de l'alimentation. Mais tous les scénarios et les projections démontrent qu'il faut végétaliser notre alimentation. C'est un impératif, aussi bien au niveau climatique, environnemental, qu'en matière de santé publique. Mais à quelle vitesse ? Telle est la question."
Un repas végétarien par semaine dans les cantines de Strasbourg
Dans la capitale alsacienne, on en est actuellement à un repas végétarien par semaine pour tout le monde, dans les écoles maternelles et primaires. L'objectif est d'arriver à deux. Il y a également une option végétarienne pour tous les repas. Mais elle ne séduit pour l'instant que 4% des parents. "Les repas végétariens ne sont pour l'instant pas plébiscités par les parents, et pas vraiment par les enfants non plus, poursuit Antoine Neumann. Nous sommes donc dans une phase où l'on travaille avec les parents et les enfants pour les repenser et les améliorer. Cela ne correspond en aucun cas à une mesure d'économie."
Quid de ceux qui pensent que cela peut défavoriser les familles aux faibles revenus, dans lesquelles on mange moins de viande ? "Les personnes qui ont peu de moyens financiers ont tendance à manger trop de viande, mais de mauvaise qualité, répond l'élu. Les enfants manquent donc de vitamines et de fibres. L'enjeu reste la qualité pour le plus grand nombre." En France, une loi votée en 2021 autorise les cantines scolaires à proposer une option végétarienne quotidienne. Seule obligation aujourd'hui : un repas végétarien hebdomadaire... mais toujours avec une alternative.