Il annonce qu'il quitte le PS pour protester contre le projet de déchéance de nationalité pour les binationaux reconnus coupables d'actes de terrorisme.
La polémique ne cesse d'enfler, dans les rangs mêmes des membres du gouvernement, qui a inscrit cette mesure dans le projet de réforme constitutionnelle.
Pour Syamak Agha Babaei, vice-président de l'Eurométropole, conseiller municipal et médecin urgentiste franco-iranien, cette mesure est une idée de l'extrême droite reprise " à des fins uniquement tactiques par des personnes qui n’ont pas de conviction ou qui les renient ". Suite à cette affaire, l'élu ne mâche pas ses mots à l'égard du PS et des partis politiques plus généralement. " Au sein des partis, il y a quelque chose de bloqué, comme une reproduction sociale d'élites professionnelles de la politique ". Pas d'animosité envers les militants cependant, pour qui l'élu dit " garder sa sympathie ", même s'il estime que sa place n'est plus au parti socialiste.
A nos confrères des DNA, l'élu indique qu'il " a toujours été dans la minorité du parti et loyal " car il pensait que " le parti socialiste restait la colonne vertébrale de la gauche ". Pour lui, " ceux qui proposent cette mesure sont les mêmes qui criaient au scandale en 2010 quand Nicolas Sarkozy la proposait ".Syamak Agha Babaei rappelle que " cette possibilité existe déjà dans le Code civil ". Pour lui, ce projet risque de créer deux types de Français : " ceux qui seront réputés de souche et ceux nés de parents étrangers ". Aux yeux de la loi, ces derniers ne seront pas des Français à part entière car le traitement de la loi ne sera pas le même ".
En outre, l'élu alsacien juge la mesure dangereuse : " Demain, si on a le parti de Marine Le Pen au pouvoir et si la définition de terroriste évolue, si tous ceux qui ne sont pas d'accord sont qualifiés de terroristes, que se passera-t-il ? ". Et de rappeler que Charles de Gaulle et les résistants étaient eux aussi qualifiés de terroristes pendant la guerre.
A 38 ans, Syamak Agha Babaei se situe plutôt à l'aile gauche du PS. Il a adhéré au parti socialiste en 2001. L'élu prévoit d'adresser un courrier officiel de rupture avec le parti dans les prochains jours. " La fin d'une histoire militante. J'ai fait la campagne de Catherine Trautmann, la présidentielle de 2002, j'ai mobilisé contre le FN entre les deux tours. Mon engagement commence là. Accepter cette réforme revient à renier cette histoire ".
Syamak Agha Babaei est en charge du dossier du logement et de l'habitat au sein de l'Eurométropole. Il y a quelques mois, il participait au lancement national du " Mouvement commun ", " ni un parti politique, ni une écurie présidentielle ", selon l'appel fondateur.
Ce projet défendu par le gouvernement et le Président de la République prévoit l'inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs " d'une atteinte grave à la vie de la nation ". Il suscite de vives tensions au sein du Parti Socialiste.