Le Théâtre national de Strasbourg (TNS) a abrité jusqu'en 1995 le Conservatoire, qui a ensuite déménagé vers la Cité de la musique et de la danse, située place Dauphine. Tous les accès ont été murés, sauf un. Jusqu'au 29 août, il est possible d'en profiter au cours de visites guidées inédites.
Depuis 1995, les accords de musique ne résonnent plus au sein du Conservatoire. Et pour cause. Abrité au sein du Théâtre national de Strasbourg (TNS), tous ses accès ont été murés, et ses salles désaffectées. Mais il est demeuré une porte irréductible, cachée au fond du local à vélos du TNS. Et lorsqu'on la franchit, on revient 25 ans en arrière.
Trois élèves du TNS ont choisi de porter la casquette de guide, du 18 au 29 août. Leur mission : faire découvrir aux visiteurs et visiteuses ces coulisses secrètes du bâtiment (voir sur la carte ci-dessous). Il est érigé en 1888 pour abriter la Diète (institution parlementaire) de ce qui était alors l'Alsace-Lorraine de l'Empire allemand (Reichsland Elsaß-Lothringen dans la langue de Goethe).
Le Conservatoire intègre l'ancien palais de la Diète en 1920. Il le quitte 75 ans plus tard, au profit du 4 rue Brûlée (aujourd'hui une école d'avocature). Avant de s'installer en 2006 dans la Cité de la musique et de la danse, fraîchement inaugurée.
La longue histoire du Conservatoire se rappelle à la mémoire d'une visiteuse et ancienne élève, Liliane Prévot-Lucas. Un peu émue. "Je me souviens d'avoir monté ce grand escalier. Plein de fois, bien sûr. J'ai fréquenté ces lieux entre 1950 et 1957."
La poussière a remplacé les instruments de musique, et il flotte dans l'air le parfum d'une époque révolue. Pour les élèves du TNS qui assurent les visites guidées, c'est un privilège de pouvoir effectuer cette incursion dans le passé. Clara Hubert, élève scénographe-costumière, se confie. "C'est incroyable. La plupart des Strasbourgeois ne savent pas qu'il y a ce truc en plein coeur du TNS, qui est énorme et magnifique. Donc je suis très contente de leur faire partager."
Mais le temps a fait son oeuvre, en un quart de siècle. Des rénovations nécessaires n'ont pas été faites. Elles coûteraient bien trop cher au TNS, et c'est au ministère de la Culture, absent, de les entreprendre. Il y a donc eu des dégâts des eaux. Certains des parquets hongrois, jadis si bien cirés, sont maintenant couverts de débris venant des plafonds. "C'était très fort. On était scotchés de voir que ces lieux magnifiques avaient été abandonnés", raconte Kadir Ersoy, élève acteur qui se remémore sa première visite sur les lieux.
Le clou de la visite, c'est bien sûr l'ancien auditorium. Où 600 fauteuils de couleur grenat attendent des amoureux et amoureuses de la musique qui ne viendront plus... Le grand orgue a quant à lui disparu.
Il ne reste que de la poussière, qui vient tapisser les sièges petit à petit, inexorablement. Un visiteur ne cache pas sa déception : "J'étais encore étudiant à l'époque. Comment ça se fait que je ne sois pas venu là ?"
Si la visite vous intéresse, sachez qu'elle a encore lieu à 18 heures les jours suivants :
- mardi 25 août
- mercredi 26 août
- jeudi 27 août
- vendredi 28 août
- samedi 29 août
Réservation nécessaire au 03 88 24 88 00, ou à l'accueil du TNS. Et si vous n'avez pas la possibilité de vous déplacer, il vous reste le reportage de notre journaliste Sabine Pfeiffer (vidéo ci-dessous), qui s'est rendue sur place.
Profitez-en si vous le pouvez, car rien ne dit que ces lieux, à l'avenir incertain, ouvriront à nouveau leurs portes pour des visites.