Dans une vidéo, filmée par la gendarmerie lundi soir et transmise aux médias par la préfecture du Bas-Rhin, une vingtaine de gendarmes font face à plusieurs dizaines de manifestants anti-GCO. C'est lors de ce face-à-face que l'eurodéputée Karima Delli a été victime de jets de gaz lacrymogènes.
Face-à-face tendu lundi soir vers 20 heures dans les bois de Kolbsheim, à la ZAD du Moulin entre les gendarmes et les manifestants opposés au Grand contournement Ouest (GCO) de Strasbourg. Confrontation au cours de laquelle l'eurodéputée EELV, Karima Delli a reçu un jet de gaz lacrymogènes qui l'a laissée "incapable de bouger et de parler pendant près d'une heure", selon l'eurodéputé José Bové, également présent ce lundi soir. "Karima Delli, qui était à côté de moi, a pris un spray au poivre en plein figure et elle est tombée immédiatement allongée, incapable de bouger, explique José Bové. Pendant presque une heure, après qu’on l’ait transportée à quelques mètres, elle est restée allongée, incapable d’ouvrir les yeux, incapable de parler."Démarche peu commune, la préfecture a envoyé aux médias une vidéo (voir ci-dessus) filmée par la gendarmerie nationale pour montrer le rapport de force entre manifestants et forces de l'ordre. On y voit une vingtaine de gendarmes mobiles face à plusieurs dizaines de manifestants anti-GCO (150 selon la préfecture). Jointe par téléphone, la préfecture insiste sur des "jets de pierre, qu'on peut voir à une minute dans la vidéo" - on distingue effectivement une petite pierre qui vole en direction des gendarmes - et sur le fait que le gaz lacrymogène "ne cible pas les élus". José Bové donne une autre version : "Ils [les gendarmes, ndlr] avaient tout à fait identifié qu’il y avait deux députés européens et le maire de Kolbsheim qui étaient devant." Cependant sur la vidéo, on ne distingue pas Karima Delli dans les manifestants.
De son côté, la préfecture a publié un communiqué : "150 manifestants se sont dirigés vers les parcelles évacuées le matin même, nécessitant l’intervention des gendarmes restés en sécurisation. Ces derniers ont alors fait usage d’une grenade lacrymogène à main pour tenir à distance les manifestants. Visées par des jets de projectiles, les forces de l'ordre ont ensuite fait usage à deux reprises de lacrymogènes par diffuseur afin d’assurer le retour au calme." Avec en conclusion: "Les gendarmes engagés sur le dispositif de sécurisation ont fait usage de la force de manière strictement proportionnée."