Après une très mauvaise récolte de maïs, Cédric Steinlé a décidé, il y a trois ans, de semer des lentilles sur un bon hectare de ses terres alsaciennes. Un vrai test pour cet agriculteur qui ne cultivait que des céréales traditionnelles. Une réussite aussi, car depuis il a été rejoint par d'autres producteurs.
Installé à Plobsheim (Bas-Rhin), Cédric Steinlé nous emmène dans une partie de ses champs. Au sol, des touffes vertes et brunes comportant plusieurs gousses dans lesquelles se cachent plusieurs lentilles.
"Elles sont toutes petites, mais elles sont là. Et bien vertes, comme il se doit. Prêtes à être récoltées" nous dit-il début juillet. Suite à une récolte de maïs catastrophique en 2020 et face à l'impossibilité d'irriguer ses champs, le jeune agriculteur s'est dit qu'il devait se diversifier, ne pas faire que du blé ou de l'orge. Il a donc acheté 100 kilos de lentilles pour les semer. Résultats concluants.
Depuis, Cédric Steinlé sème des lentilles sur une petite partie de ses champs à la terre légère. "Je suis ravi, car cette culture se contente de très peu d'eau. Cette parcelle a été semée le 7 avril, et depuis, il n'a pas beaucoup plu. Ça a fleuri vers la fin du mois de mai, alors que le temps était très sec." Pour preuve, les gousses entre ses mains qu'il suffit de frotter pour qu'elles libèrent de petites billes d'un vert foncé.
Face à la réalité du changement climatique, Cédric Steinlé a décidé de tester des cultures alternatives en marge de sa production de blé, d'orge et de maïs. Si au début son idée pouvait sembler loufoque, il a, au fil du temps, pu convaincre trois autres agriculteurs de le rejoindre.
"Il fait de plus en plus chaud. L'irrigation coûte beaucoup de temps et d'argent" nous explique Olivier Hiss, agriculteur à Eschau (Bas-Rhin) qui fait partie de cette nouvelle aventure agricole. Ensemble, ils possèdent et louent 400 hectares de terres, dont 70 hectares désormais consacrés aux graines alternatives. Ils produisent des lentilles, mais aussi du quinoa et des pois chiches.
Des cultures qui fixent l'azote de l'air dans les racines. Le sol est ainsi enrichi de façon naturelle ce qui permet de fertiliser moins. Des graines que les quatre agriculteurs font trier et nettoyer, puis emballer dans une entreprise de Gunsbach (Haut-Rhin). Elles sont vendues sous la marque "Graines d'Alsace". Soutenus par l'association des Fruits et légumes d'Alsace, ils espèrent se développer petit à petit.
Une nouvelle approche qui demande de nouvelles compétences. Tous sont fiers de montrer un nouveau visage de l'agriculture. Quatre autres agriculteurs les ont déjà rejoints dans la culture de légumineuses.