La station d'épuration de Meistratzheim (Bas-Rhin) est unique en Europe. Depuis 10 ans, elle utilise le jus de choucroute pour produire de l'énergie grâce au biogaz.
L'innovation peut prêter à sourire mais elle est bien réelle. La station d'épuration de Meistratzheim dans le Bas-Rhin ne se limite pas au traitement des eaux usées. Elle transforme aussi le jus de choucroute en énergie verte grâce à un processus de méthanisation.
Ce jus, considéré trop souvent comme un simple déchet, est créé à partir d'un processus de lactofermentation. Pour transporter et distribuer le précieux liquide vers la station, un camion-citerne a été spécialement dépêché depuis ce mois d'août.
30 millions de litres y affluent chaque année grâce aux 9 producteurs de choucroute dans le secteur de la commune. Un chiffre qui équivaut à la consommation annuelle en eau de 140.000 habitants.
Un jus moins acide pour devenir du biogaz
Le liquide est ensuite prélevé à chaque livraison pour un contrôle d'acidité : "Il faut que le jus, qui a un pH compris entre 3 et 3,5 puisse être traité avec un pH de 6 ou 7", explique Sandrine Syda, responsable d'exploitation de la station. Le but est de ne pas abîmer les tuyaux qu'ils traversent.
Pour y parvenir, un tamisage est d'abord effectué pour enlever les matières de choucroute restantes. De la soude y est ensuite ajoutée pour réduire l'acidité. Enfin, le liquide est mélangé à une eau de dilution afin d'être toléré dans le réacteur de méthanisation.
Ces bactéries ont besoin d'être mise dans des conditions bien particulières pour être efficaces
Clément Ritter, directeur communication chez Suez pour le Nord-Est
Au sein de ce réacteur, le jus va être transformé en biogaz grâce à des bactéries performantes mais très fragiles, selon Clément Ritter, directeur communication chez Suez pour le Nord-Est. "Ces bactéries ont besoin d'être mises dans des conditions bien particulières pour être efficaces", indique-t-il.
5600 mégawatt heure produits
Mais la production d'énergie ne se limite pas qu'à la choucroute. Après avoir traité et purifié les eaux usées des 11 communes alentours, les boues qui en résultent deviennent aussi une source d'énergie.
Entre cette boue et le jus de choucroute, c'est près de 5600 mégawatt heure d'énergie qui sont produits chaque année grâce à un principe de cogénération. Une partie sert au fonctionnement de la station, notamment avec la chaleur engendrée.
L'électricité créée est, elle, distribuée dans sa totalité au réseau local via Électricité de Strasbourg. Comme le disait si bien le chimiste Antoine Lavoisier : rien ne se perd, tout se transforme.