Le 1er mai marque habituellement le lancement de la saison hippique de Wissembourg. Cet évènement très populaire, ainsi que les trois autres réunions prévues au calendrier, n’auront pas lieu. Certaines courses seront transférées à l’hippodrome de Hoerdt où elles se joueront à huis clos.
Depuis le début du confinement, l’actualité joue avec les nerfs de Alain Strasser, le président de la Société des courses de Wissembourg. Les rencontres seront–elles annulées ? Pourront-elles se tenir à huis clos ? Les informations changent chaque jour au gré des tractations entre la Fédération nationale des courses et les ministères concernés. Une chose est sûre, les quatre rendez-vous prévus à Wissembourg ( le 1er mai, le 21 mai jour de l’Ascension, le lundi de Pentecôte et la soirée de clôture le 27 juin) sont supprimés. « A part en période de guerre, les courses n’ont jamais été annulées ! » Seule consolation, une vingtaine de courses prévues initialement à Wissembourg seront déplacées en juin vers l'autre hippodrome alsacien, situé à Hoerdt, et se joueront à huis clos.
Les courses se joueront à huis clos à l'hippodrome de Hoerdt
« Hoerdt deviendra un hippodrome référent dans l’Est. Il est plus grand et permettra de mieux faire respecter les normes sanitaires et la distanciation. Seules deux personnes seront autorisées à conduire le cheval vers la piste. Les jockeys devront avoir des vestiaires séparés. A Wissembourg, nos infrastructures sont trop petites, nous n’aurions pas pu faire respecter ces règles. Les courses seront également transmises sur Equidia et seront ouvertes aux paris. Le problème, c’est qu’à l’heure actuelle 90% des points de vente du PMU sont des bars et qu’ils sont fermés ! », poursuit Alain Strasser. La saison hippique wissembourgeoise n’est donc que partiellement sauvée.Loin des négociations qui ont cours en haut lieu, la vie se poursuit sur l’hippodrome niché en pleine forêt. Comme tous les jours, les salariés de l’écurie Jess Parize sont à pied d’œuvre dès 5 heures du matin pour soigner les 30 chevaux qui sont sous leur responsabilité. L’hippodrome de la Hardt accueille jusqu’à 60 pensionnaires, tous des chevaux de course. « Nous sommes dans les starting-blocks, mais on ne court pas ! » constate, impuissant, Jess Parize, ancien jockey et actuel dirigeant de l’écurie éponyme. « Maintenir des chevaux, ça a un coût. La pension mensuelle pour un pur-sang coûte 1.500 euros à son propriétaire. Si le cheval ne court pas, il ne ramène rien à son propriétaire .»
Une région très attachée aux chevaux
Les jockeys et leur monture reviennent au paddock. Dessellés, la sueur s’évapore de la croupe des chevaux. "Même en cette saison, nous nous entraînons à la fraîche. Après 10h30, il fait déjà trop chaud pour un cheval de course. Il est comme un marathonien, il préfère la fraîcheur aux températures chaudes». Les pur-sang se roulent dans le sable puis passent à la douche. Un peu de crème à l’eucalyptus massée dans les narines pour aérer les bronches puis le coureur de fond a droit à une pause dans le pré qui sert de parking les jours de courses. "Chaque cheval fait une douzaine de courses par an, à chaque fois il lui faut 15 jours à un mois de récupération. Heureusement, avant d’être confinés, nous avons pu faire le début de saison en janvier à Cagnes-sur-Mer".Jess Parize emmènera ses chevaux à Hoerdt au lieu de courir à domicile. Les habitués eux, seront privés de spectacle à part peut-être à la télévision. "Les courses de la Hardt, c’est une habitude familiale. An jedem Ranne bin ich dabei. Je ne rate aucune course. Ich du die Geil un die Jockey bewundre. Je trouve que le cheval est le plus bel animal qui soit". Cet habitant de Schleithal se désole de cette annulation. Pour lui, comme pour des centaines de visiteurs, chaque réunion est avant tout un lieu de rencontre à l’ambiance très familiale. "On croise des gens qu’on ne voit pas le reste de l’année, on boit un coup ensemble", poursuit cet habitué qui ne parie d’ailleurs jamais.
L’Alsace du Nord est une région qui a toujours été très attachée aux chevaux. Ce rendez-vous était d’abord, avant d’être une course, un marché de chevaux, « a Rossmàrik » qui se tenait à l’origine dans un pré de Schleithal. Un journal local rapporte qu’en février 1867, 200 chevaux étaient réunis et que ce jour-là, six courses figuraient au programme. La tradition est restée bien ancrée. Après une saison délocalisée, les amateurs des courses de Wissembourg espèrent un retour à la normale en 2021.