Belgique : ils inventent une "câlinerie" dans une maison de repos, pour que les résidents retrouvent leurs proches

En Wallonie, à Péruwelz en Belgique, la maison de repos "les jardins de Picardie" a créé une câlinerie, pour que les résidents, la plupart français, et leurs proches puissent se prendre dans les bras et se retrouver vraiment, sans prendre le risque de transmettre le virus.

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En Wallonie, à Péruwelz en Belgique, la maison de repos "Les jardins de Picardie" en Belgique a mis en place une "câlinerie" pour ses résidents et leurs proches, la plupart français. Une étape essentielle du déconfinement. Le but étant que les familles puissent se prendre dans les bras et se retrouver vraiment, après la crise sanitaire du covid-19, sans prendre le risque de transmettre le virus. La directrice avec une amie et le personnel ont lancé cette installation pour que leurs résidents puissent de nouveau être pris dans les bras par leurs proches, mais par eux aussi. "Pour nos résidents, le contact physique, c'est important. Mais nous devions penser à leur santé avant tout. Ils sont âgés, fragiles, et donc vulnérables". 

"On ne pouvait même plus leur caresser la main", rappelle Marie-Christine Desoer, la directrice de l'établissement. En créant la "câlinerie", les résidents ont pu de nouveau être pris dans les bras. "Il s'agit d'un dispositif avec une bâche en plastique, qui permet aux proches de se serrer et s'embrasser sans prendre le risque de transmettre le virus" explique la directrice.

 
 

Retrouvailles familiales

Grâce à ce dispositif, Lilly Hendricks, âgée de 83 ans a pu retrouver sa fille pour un câlin à travers le plastique. Depuis le confinement début mars, Lily et sa fille ne se sont pas touchées. Elles se sont parlées tous les jours, mais jamais reprises dans les bras. Quand Lily et se fille se retrouvent dans la câlinerie, chacune d'un coté du mur, pour un câlin en toute sécurité, l'émotion est à son comble. "Même à travers le plastique, j'ai ressenti la chaleur qui passait entre nous deux . C'est la plus belle des inventions, depuis je le fais régulièrement avec le personnel qui nous aime beaucoup et nous aussi
 

 C'était formidable, j'ai pleuré de joie tellement j'étais heureuse de pouvoir reprendre ma fille dans mes bras.  

Lily, une résidente



La maison de repos, Les jardins de Picardie , compte 37 résidents, dont 30 sont français. Beaucoup des familles sont orifinaires des Ardennes, du Nord Est et de la Région Parisienne. La proximité avec la Belgique les a séduits et ce qui les a le plus convaincus,  c'est la prise en charge des pensionnaires dans cette maison de repos. Dans cette résidence, l'esprit de famille a toujours existé et tout le monde participe. 

L'intérieur comme l'extérieur est toujours pensé avec les résidents. "Chez nous c'est convivial, il y a toujours des évènements en temps normal. Notre jardin ainsi que  notre poulailler sont réalisés avec nos résidents et nous connaissons toutes nos familles très bien" confesse Marie-Christine. " Pour nos seniors et nos familles, cette période a été très dure. Ils ne pouvaient plus se voir pendant le confinement, ensuite les frontières étaient fermées après le déconfinement. Nos résidents échangeaient uniquement par téléphone et tout le personnel le faisait tous les jours, une fois par jour avec leurs propres téléphones, via WhatsApp", précise la directrice.

"Aujourd'hui, avec notre câlinerie, c'est magnifique, on s'est retrouvé et reprendre de nouveau ses parents dans ses bras, c'est possible. Nous aussi, nous avons retrouvé nos résidents" se réjouit Marie-Christine. 
 

Quand j'ai repris Marie-Christine dans mes bras, j'étais tout ému. Mon coeur a bondi, j'étais devenu aussi timide et maladroit qu'un jeune homme de 18 ans .

Albert Letellier, âgé de 86 ans,



Tous les jours Marie-Christine Desoer, la directrice de la maison de repos "les jardins de Picardie" à Péruwelz en Belgique, assiste à ses scènes de retrouvailles. C'est elle, avec son amie Isabelle Di Franco, une artiste designer belge, qui a rendu cela possible en créant cette "câlinerie" où les familles peuvent se retrouver et se prendre dans les bras. "Nos pensionnaires n'en pouvaient plus, cela fait des mois qu'ils n'ont pas pu embrasser ou faire un câlin à leurs enfants" raconte la directrice " et même nous, on ne pouvaient plus les câliner, tout cela devenait pesant".

Pour la directrice, l'affect est essentiel. Une grande souffrance de la part des résidents, s'est faite ressentir, car elles ne pouvaient plus partager des moments de tendresse avec leurs proches, confie-t-elle. "Les familles avaient été isolées pendant le confinement, ce qui avait créé une énorme détresse chez nos résidents ", rappelle Marie-Christine.
 

Du parloir à la "câlinerie"

Suite au déconfinement, les familles pouvaient venir voir nos résidents, mais uniquement dans "un parloir" en ne pouvant pas les embrasser. C'était atroce pour nous de voir cela, confie la directrice qui emploie le mot parloir pour ses retrouvailles, car pour elle, ces retrouvailles étaient trop difficiles à vivre avec cette impossibilité de se toucher ou de s'embrasser.

Affectée comme l'ensemble de l'équipe, Marie-Christine décide de se battre pour ses pensionnaires qu'elles adorent. "J'adore mes résidents et mon équipe"  enchaîne Marie-Christine. A la fin du déconfinement fin Avril, la Belgique lance un testing fédéral. La Wallonie reçoit  près de 67.000 kits . Ne voyant rien venir, Marie-Christine décide de prendre les choses en main et se rend dans le laboratoire de la région. Elle commande des tests PCR (nasal) pour l'ensemble de ses résidents et du personnel. Tous seront négatifs. Les mesures barrières demeurent bien évidemment et il faut trouver une solution pour pallier à cette absence affective.

Avec son amie, Isabelle, et son équipe soignane, en deux jours, elles montent une tonnelle de jardin et le mur pour les câlins est prêt. "Quel bonheur d'avoir pu prendre entre nos bras, nos résidents" se rappelle la directrice.


Chaque résident , chaque membre du personnel, chaque membre de la famille, a ses propres manchons à leur nom, qu'ils enfilent avant de les glisser dans les manchots du mur en plastique. " Cela fait une double protection" précise la directrice, " en plus, le mur est totalement désinfecté après chaque retrouvaille". " On a aussi privilégié, l'air libre pour installer notre mur, afin que l'air soit toujours renouvelé" rassure la directrice.
 
 

Une câlinerie au succès planétaire


Le monde entier est intéressé par cette trouvaille. En Asie, en Indonésie, en Iran, aux Émirats arabes unis, en Inde, au Canada, les images de cette câlinerie font le buzz. Depuis cette installation, Marie-Christine n'en revient pas. Elle est contactée par la presse du monde entier. Marie-Christine et Isabelle n'ont même pas pensé à "protéger" leur invention. " Nous l'avons fait pour que nos anciens puissent retrouver le sourire et la joie et que les familles puissent se retrouver" confie Marie-Christine. Le succès lucratif de cette initiative ne les intéresse pas du tout.

" Cela nous a pratiquement rien couté, coût du mur à peine 10 € , le but pour nous, c'est que tout le monde puisse en profiter et qu'on s'en inspire" expliquent les deux femmes. " Nous sommes les plus heureuses du monde d'avoir pu redonner du bonheur à nos résidents et à leur famille. Non seulement ça n'a pas de prix tout ce bonheur retrouvé mais en plus  nous n'attendons rien en échange à part que ça puisse profiter à tous"  espère Marie-Christine. On ne peut pas vivre sans être touché, l'essentiel dans une maison de repos, pour nous en tout cas, est basé sur l'affect, martèle Marie-Christine. Ce dispositif précise-t-elle, peut s'étendre à d'autres personnes, surtout les personnes handicapées, pour qui le toucher est essentiel, rappelle la directrice.

"Toutes nos familles sont heureuses et cela leur fait chaud au coeur d'avoir pu de nouveau serrer contre soi leurs parents" confie la directrice. Que du bonheur aux Jardins de Picardie, où la directrice envisage d'ouvrir une seconde câlinerie.





 
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