Le bois est un dépolluant naturel, mangeur de dioxyde de carbone. Mais aussi, pourquoi pas une alternative aux énergies fossiles. Les chercheurs de la société Européenne de Biomasse travaillent depuis 10 ans et ont mis en place un bio-carburant : le HPCI-Black-Pellet.
Contrairement aux idées reçues, le bois semble être une ressource viable voire même sous-exploitée en France, notamment. Des études ont été mises en place par la société Européenne de Biomasse. L'entreprise a d'ailleurs créé un observatoire des biomasses mondiales pour s'appuyer sur des données sûres. Et forte de ces informations, elle s'est lancée dans le même temps dans la recherche d'un bio-carburant fabriqué grâce à cette biomasse.
Le HPCI-Black Pellet a ainsi vu le jour dans les labos de la société Européenne de Biomasse à Pomacle dans la Marne. Un granulé noir au haut potentiel calorifique dont l'avenir semble plus que probable pour remplacer les énergies fossiles.
Valoriser les résidus de bois
"Il faut préparer le stock pour le démarrage de l'usine de fabrication du HPCI-Black-Pellet", explique Alexandre Charlot, responsable de l'approvisionnement pour la société Européenne de Biomasse.Notre objectif est de limiter notre empreinte carbone au maximum, c'est pourquoi nous limitons notre rayons d'approvisionnement à 150 km autour de l'usine.
- Alexandre Charlot responsable de l'approvisionnement pour la société Européenne de Biomasse
Dans le département de la Meuse, de nombreux chantiers forestiers sont en cours. Un insecte, le scolyte s'attaque aux épicéas et des parcelles entières doivent donc être coupées. Des tonnes de bois mort difficiles à écouler. C'est ce bois-là notamment qu'Européenne de Biomasse veut valoriser. Un bois totalement déclassé qui n'intéresse que peu de monde. Et puis, il y a aussi les résidus qui partent en bois de chauffage où restent en forêt.
"Nous allons utiliser l'ensemble des bois non valorisés. Des bois de seconde qualité, moins chers et souvent utilisés comme combustible, précise encore Alexandre Charlot. Notre objectif est de valoriser tout ce qui n'a aujourd'hui pas d'utilisation. Nous voulons zéro déchet de bois dans la forêt et même au-delà dans toute la filière. Nous sommes capables de récupérer les déchets issus des scieries, par exemple, pour les valoriser". Toute cette ressource-là pourrait servir notre planète et remplacer le charbon, le fuel ou le gaz.
10 ans de recherche
Si en 2019 l'industrialisation est en marche et l'approvisionnement en cours, les chercheurs ont testé pendant de longues années tous ces résidus. Une biomasse mise à rude épreuve dans le centre de recherche et développement de la société situé à Pomacle à quelques kilomètres de Reims. Ici, le bois est réceptionné, broyé puis séché.Une matière première qui doit absolument être stabilisée avant de passer dans un réacteur de vapocracage. "On soumet la matière végétale, la biomasse bois, à de la vapeur, autour de 200 degrés, un certain temps et adapté à chaque matière, précise Frédéric Martel, directeur recherche et développement de la société Européenne de Biomasse. Ensuite on relâche cette matière à la pression atmosphérique ce qui va avoir pour effet d'exploser les fibres en particules fines". Des particules qui vont être recompressées pour former ces granulés noirs, le black pellet.
Si le vapocraquage n'est pas nouveau, le procédé d'utilisation mis en place par les chercheurs est unique au monde. Une dizaine de brevets a été déposé pour ce petit grain noir qui à la prétention de remplacer le charbon. Européenne de Biomasse est une société d'innovation installée sur le site de Pomacle en 2018. Créée 15 ans auparavant, ses dirigeants ont pour seul objectif de mettre en place des technologies pour remplacer les énergies fossiles.
"L'idée de base lors de la création en 2008 était de créer une activité économique au bénéfice de la planète, explique Jean-Baptiste Marin le président directeur général d'Européenne de Biomasse. Depuis 2011-2012, notre projet était de fabriquer le HPCI-Black Pellet. Un produit basé à 100% sur l'énergie renouvelable, pour remplacer le charbon, le fuel, le gaz."
Un enjeu mondial
6 milliards de tonnes de charbon par an sont encore utilisés dans le monde. La France est un des pays qui en consomme le moins avec 15 millions de tonnes par an. L'industrie de la fonderie mais aussi les centrales à charbon, comme celle de Saint-Avold, sont concernées. Sur ce marché, le HPCI-Black Pellet pourrait s'imposer avec un élément essentiel : il y aura peu voire pas investissement pour les entreprises. Le granulé noir pourra être utilisé avec les installations de chauffage existantes.D'autres perspectives sont envisagées. "Les marchés de chaleur industrielle sont convaincus, explique encore Jean-Baptiste Marin. Les hôpitaux, les régies municipales mais aussi les particuliers où le granulé bois est en plein essor (+ 200 à 300.000 tonnes par an). Nous sommes énormément appelés par les industriels français et nous espérons les accompagner dans leur décarbonations".
La première usine au monde
A quelques mètres du laboratoire de recherche, Européenne de Biomasse installe sa toute première entreprise. Elle sera articulée en deux pôles. FICAP assurera la production de Black pellet, et COGECAB fournira la vapeur nécessaire. Elles constitueront la première usine au monde à utiliser le vapocraquage en continu.Une chaudière fonctionnant, elle aussi, avec de la biomasse bois. Elle produira de la vapeur pour le black-pellet mais aussi pour une usine voisine et fournira le réseau électrique. FICAP, elle, sera organisée en plusieurs ateliers : écorçage, broyage, séchage. Une installation qui se veut 100% propre.
120.000 tonnes de HPCI-Black Pellet seront produites chaque année à Pomacle. D'autres usines en France mais aussi en Europe seront implantées. Le fameux granulé noir se voit déjà supplanter le charbon et les autres énergies fossiles.Nous avons un produit raisonné, durable qui peut changer la production de chaleur de demain
- Jean-Baptiste Marin, Président directeur général d'Européenne de Biomasse