2020 a été une "année noire" pour le monde du champagne. Une baisse de 25% du chiffre d'affaires a été enregistrée suite à la crise sanitaire. Producteurs et maisons veulent sortir grandis de la crise et cherchent à se réinventer.
Ce vendredi 11 décembre, Maxime Toubart, président du syndicat des vignerons, et Jean-Marc Barillère, président des maisons de champagne, ont dressé le bilan de cette année 2020 marquée par la crise sanitaire. Le secteur du champagne enregistre une baisse de 25% de son chiffre d’affaires. Une chute historique pour le vin de la célébration. "On a hâte de passer à autre chose, affirme Maxime Toubart, président du syndicat général des vignerons. L’économie champenoise va mal. Son joyau, le champagne, est donc touché de plein fouet par la crise sanitaire. "De mémoire, je n’avais jamais vu une telle baisse des commandes. On a hâte de passer à autre chose", s’est ému Jean-Marie Barillère, président des maisons de champagne, lors d’un bilan sur les résultats économiques du secteur en 2020.
"Une année noire"
Les chiffres donnent le vertige. En un an, le secteur, vignerons et vendeurs compris, a perdu 25% de son chiffre d’affaires par rapport à 2019. Seules 230 millions de bouteilles ont été vendues. "Moins 25 % c'est un milliard 250 millions en moins pour la Champagne, il faut s'en rendre compte", précise Jean-Marie Barillère. Résultat : les producteurs de champagne se retrouvent à devoir gérer d’immenses stocks d’invendus. Selon Jean-Marie Barillère : "c’est une année noire. La consommation française s’est effondrée. Heureusement que les exportations résistent mieux notamment vers les pays comme l’Australie ou les Etats-Unis".
Le secteur veut améliorer sa compétitivité à l’international. L’un des enseignements de cette crise est la dépendance du champagne auprès du marché anglo-saxon. "Il ne faut pas avoir tous les oeufs dans le même panier. On doit avoir un panel de clients, de pays, beaucoup plus important, alerte Maxime Toubart. Aujourd’hui 90% des bouteilles sont vendues dans cinq, six pays. Le jour ou la Chine voudra consommer du champagne, il y aura un énorme potentiel de développement. Je pense aussi à l’Afrique ou à l’Europe du nord".
Cette pandémie a eu un impact rapide et brutal sur l’économie champenoise. […] La Champagne a su résister car elle a déjà connu de nombreuses crises et s’est toujours relevée !
Les récentes annonces du Premier ministre Jean Castex, le 10 décembre, ont eu l’effet d’un coup de massue pour le secteur du champagne. Alors que les déplacements seront exceptionnellement autorisés pour Noël. Le nouvel-an, lui, ne bénéficiera pas de la même exception. "Le 1er janvier est massacré. Pour nous, c’est un moment majeur de consommation de champagne, un moment joyeux où les gens se retrouvent autour d’un produit festif ", a regretté Jean-Marie Barillère.
Les deux président ont également évoqué les difficultés des restaurateurs qui n’ouvriront qu’à partir du mois de janvier, si tout va bien. "Le champagne dépend aussi des ventes dans ces établissements, explique Maxime Toubart. Malheureusement, certains restaurants vont devoir fermer définitivement. Les dommages collatéraux sur le champagne vont laisser des traces durables".
Le vaccin, synonyme d'espoir
Malgré ce contexte, les deux présidents ont voulu rester optimistes pour la suite. "Il faut qu’on se projette après cette crise pour rester fort. Le moment est venu pour nous de réfléchir à nouveau à des avancées techniques importantes autour du digital, de la réduction des pesticides, de notre empreinte carbone. On est à un carrefour important", a martelé Maxime Toubart. "Ce n’est pas une crise champenoise que nous vivons, mais une pandémie, continue le président des maisons de champagne. Notre produit est un marqueur de plaisir. Les vaccins vont redonner envie de vivre, de célébrer, donc de consommer de champagne. Quand ? Je ne sais pas. Mais ça va repartir vite, je pense, comme cet été. On été surpris. Mais là, on est dans le brouillard le plus complet. Il faut préparer l’après crise".
Aujourd’hui le secteur reste dans le brouillard. Comme beaucoup, les acteurs du champagne ne savent pas comment va évoluer la situation sanitaire en 2021. Ils espèrent l’arrivée rapide d’un vaccin contre la Covid-19 : "Il faut que l’économie reprenne, que les gens goûtent à nouveau le plaisir de se retrouver pour des bons moments. Et on peut prédire que le vaccin va booster l’envie de voyager, de revoir sa famille et donc l’envie de consommer ", a conclu Jean-Marie Barillère.