Alors que le Président de la République s'est engagé à démocratiser le permis de conduire, un rapport parlementaire met en colère les auto-écoles. Ce rapport préconiserait le développement des plateformes d'apprentissage sur internet.
Les auto-écoles sont en colère. Une opération escargot a été organisée ce lundi matin dès 6h30 sur le périphérique parisien. Des professionnels de Champagne-Ardenne ont participé au cortège. Ils craignent "l'ubérisation" du permis de conduire alors que le gouvernement veut en baisser le coût.
Quelles sont les raisons de la colère ?
L'élément déclencheur, c'est un rapport parlementaire qui n’a pas encore été présenté mais dont plusieurs éléments ont fuité. Ce rapport fait bondir les auto-écoles, car il préconise les plateformes d’apprentissage sur internet.
Pour le moment, les auto-écoles sont contrôlées par le préfet de département : elles doivent impérativement avoir un local pour exercer. Ce cadre légal pourrait être remis en cause. Cela permettrait de développer fortement les auto-écoles 100% en ligne, c’est-à-dire sans local et avec des moniteurs payés à la prestation.
Les syndicats des écoles dénoncent le risque d’ubériser, c’est-à-dire de précariser le métier de moniteur de conduite. Les professionnels du secteur craignent aussi une baisse de la qualité de l’enseignement. Or, de moins bons moniteurs, de moins bons élèves, cela donne plus d'accidents potentiels sur la route selon eux.
Baisser le coût du permis, une promesse électorale
Le Président Emmanuel Macron a conscience que le permis est un sésame indispensable pour accéder au marché de l'emploi. C'est une promesse de campagne : il veut en faire baisser le prix.
Faut-il pour autant imaginer que les auto-écoles sont hostiles à cette baisse ? La réponse est non. C'est plutôt la façon dont le prix pourrait baisser qui inquiète.
Aujourd'hui, le tarif moyen du permis en France est d'environ 1.800 euros. En ligne : il est affiché entre 700 et 800 euros. Un "enfumage", dénoncent les écoles de conduite : selon elles, au final, le prix serait en réalité plus élevé, les prix affichés n’étant que des prix d’appel.
Par ailleurs, les syndicats d'écoles dites "classiques" s'interrogent sur la préparation des élèves : s'ils sont moins bien préparés, auront-ils leur permis le jour J ? S'ils ne l'obtiennent pas, ils devront le repasser et paieront alors plus cher.
Dernière crainte des syndicats des auto-écoles traditionnelles : le risque de créer ce qu’ils appellent des "zones blanches", c'est-à-dire des secteurs sans aucune auto-école physique. A ce titre, le rapport menacerait le travail de proximité des écoles de conduite. Certains syndicats parlent même de la disparition d’environ 60% des auto-écoles d’ici quelques années.