En Champagne-Ardenne, 394 kilos de drogues interceptés pour un total de plus de 3 millions d’euros. En 2021, les saisies de stupéfiants par les douaniers ont fortement augmenté par rapport aux années antérieures.
Héroïne, cocaïne, produits de synthèse : les saisies de drogues dures par la douane champardennaise ont considérablement augmenté en 2021. Au total, 24 kilos de cocaïne (115 grammes en 2020), 18 kilos d’héroïne (7 kilos en 2020) et 50 kilos de drogues de synthèses (1,3 kilos en 2020) ont été interceptés dans la région, pour une valeur de plus de 3 millions d’euros. "Nous n’avons pas le volume découvert sur l’ensemble du territoire, mais nous constatons la même tendance", explique la directrice régionale des douanes de Reims, Mireille Romboni-Lasserre. Seuls les chiffres des saisies de cannabis, 302 kilos en 2021, restent stables.
Ces drogues proviennent de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas. "Ce sont souvent les mêmes pays qui approvisionnent", poursuit Mireille Rombini-Lasserre. Mais, pour la direction des Douanes de Reims, il est impossible de déterminer s’il s’agit de leur lieu de fabrication. "Ce ne sont peut-être que des pays de transit", précise la directrice. Des lieux de transit, comme la Champagne-Ardenne : la région n’est pas toujours la destination finale des stupéfiants. Selon la directrice, les véhicules poursuivent généralement leur périple vers la région parisienne ou le sud de la France. "On est plutôt une zone de passage en raison des axes routiers extrêmement porteurs, via la capitale ou le nord."
Parmi les véhicules arrêtés en 2021, beaucoup font preuve de plus en plus d’ingéniosité. La directrice mentionne notamment la découverte de caches aménagées. "Dans les coffres, les réservoirs, les bas de caisse. On y trouve des drogues, mais aussi de l’argent servant à l’achat de stupéfiants. On a aussi repéré de petites caches pour contenir les produits ", conclut-elle.
Fin du confinement, baisse du marché, contexte épidémique
Malgré une baisse du trafic routier en 2020, les restrictions liées à la crise sanitaire n’expliquent pas l'actuelle montée des saisies, poursuit Mireille Romboni-Lasserre. "Certes, peu de véhicules légers ont été arrêtés pendant le confinement puisqu’il était interdit de circuler sur de longues distances. En l’occurrence, les poids lourds ont continué à approvisionner les régions. Et les douaniers ont travaillé de la même manière durant toute la période." La hausse ne correspond donc pas à la reprise de l'activité en 2021. En effet, les saisies de stupéfiants dans la région sont neuf fois plus importantes qu’un an avant la pandémie : 44 kilos en 2019, contre pratiquement 400 kilos en 2021.
Mais cette hausse des saisies est-elle synonyme d’une hausse de la consommation en Champagne-Ardenne ? Anne-Françoise Bertin-Leutenegger, médecin addictologue, constate des changements sur le type de produits consommés, particulièrement la cocaïne. "On observe une hausse des demandes de soins des consommateurs, notamment en raison des risques d’addiction à cette drogue. Si on a plus de demande, cela signifie qu’il existe une prévalence plus forte, c’est-à-dire une hausse de la consommation." En effet, les saisies de cocaïne en France ont doublé en 2021, un phénomène que l’on retrouve dans les départements champenois. Mais l’experte tempère. "Malgré une augmentation de notre activité, ce n’est pas non plus une épidémie."
Une épidémie non, mais un engouement certain pour la substance psychoactive depuis plusieurs années. La cocaïne touche aujourd’hui toute la population, avec des profils de consommateurs variés. "Dans les années 2000, elle était réservée aux CSP+. Ce n’est plus le cas." Pour l’addictologue, l'essor de cette drogue est probablement lié au marché. "Son coût a baissé, elle est donc plus accessible." Elle évoque également l’environnement actuel, une des causes de la détresse psychique de plus en plus fréquente chez les adultes et les adolescents. "Depuis deux ans, le contexte a pu aggraver les comportements où l’on utilise les substances pour atteindre un effet positif."
Des effets positifs en entraînant d’autres, bien plus néfastes. "La conséquence après la prise correspond à une descente qui peut amener à une dépression." Elle rappelle également les risques d’accidents cérébraux ou cardiovasculaires que peuvent entraîner la cocaïne. "Des risques d’infarctus chez des personnes, dont des sujets jeunes, n’ayant aucune problématique cardiologique."
Malgré une hausse des saisies et de la consommation de drogues dures, l'addictologue rappelle que les substances les plus consommées et nocives demeurent le tabac et l'alcool.