Hausse des prix de l'énergie : la transition écologique comme argument économique pour les communes

Certaines collectivités se tournent vers des énergies plus vertes pour alimenter leur réseau de chauffage. Une transition opérée par endroits il y a quelques années et qui tombe à pic à l'heure où les prix de l'électricité et du carburant augmentent.

Ce sont 35 kilomètres de réseau de chauffage qu'il va falloir mettre en place à Châlons-en-Champagne, dans la Marne. Il y a deux ans, la commune s'est lancé pour défi d'abandonner le fioul au profit d'énergies plus vertes. "Quand on a commencé à travailler ce dossier, fin 2016, on voulait réduire les émissions de carbone et être moins sensibles à la fluctuation des cours", affirme Gérard Lebas, adjoint au maire.

Dans le nouveau schéma, 70 % de l'énergie proviendra de l'incinérateur de la Veuve, où des déchets sont brûlés. Le biogaz, local, constituera les 30 % restants. La mise en place de ce nouveau réseau, appelé "Cloé", commencera à partir du 1er janvier 2023 et doit s'achever en 2024. "Les écoles, les collèges, les lycées, l'hôpital et 10 000 logements sociaux seront raccordés à ce réseau vert", ce qui représente une "économie de 16 000 tonnes", poursuit Gérard Lebas.

Cette "offre 100 % décarbonée", comme se décrit elle-même Cloé, présente donc des avantages écologiques, "en remplaçant les énergies fossiles par des énergies renouvelables". Et à l'heure où les prix de l'électricité atteignent des niveaux record, avec une hausse de 1 000 %, et que le prix du fioul augmente lui aussi, l'argument économique de la mise en place de ce réseau n'est pas négligeable. "Pour la Ville, on avait chiffré les économies à 500 000 euros pour le tarif du gaz il y a deux ans", affirme Gérard Lebas, adjoint au maire.

De nombreuses économies

À Charleville-Mézières, dans les Ardennes, la municipalité a opté pour une autre solution pour alimenter son réseau de chauffage : l'utilisation de la "chaleur fatale", aussi appelée "chaleur de récupération". Il s'agit de la chaleur produite par notre industrie. Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), le Grand Est est le premier gisement de chaleur fatale industrielle.

Charleville-Mézières s'est donc associée au groupe Stellantis (Peugeot) qui possède une fonderie dans la commune. Il s'agit d'utiliser "une chaleur qui est automatiquement produite par les fours de la fonderie et qui était jusqu’alors non valorisée", indique le groupe dans un communiqué.


La commune est "alimentée à plus de 60 % par des énergies renouvelables et de récupération locales", dans le sud de la commune. Le réseau de près de 11 km "évite le rejet de 7 000 tonnes de CO2 chaque année, comme si on retirait près de 4 000 voitures de la circulation". 

Alimenté par le réseau, l'hôpital "avait chiffré, en 2018, que le passage du gaz à ce nouveau système leur ferait économiser 200 000 euros par an", se réjouit Boris Ravignon, maire (LR) de Charleville-Mézières. Compte tenu de l'augmentation du prix du gaz, "le gain est aujourd’hui encore plus important". La mairie elle-même est alimentée en chauffage grâce à la fonderie. Et "aujourd'hui, le prix de notre énergie TTC s'élève à 4 400 euros du mégawattheure, alors qu'il serait de 10 500 euros si l'on avait choisi le gaz."

On a été sur ce sujet-là un peu avant-gardistes

Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières

"On a été sur ce sujet-là un peu avant-gardistes", se satisfait Boris Ravignon qui rappelle qu'à l'époque, les travaux causés par ces aménagements avaient suscité le mécontentement de certains habitants.

Mais l'alimentation du réseau en chaleur dépend donc de l'activité de la fonderie. Une usine qui est, elle aussi en partie dépendante du prix de l'énergie pour son fonctionnement. "Bien sûr que leurs coûts de production augmentent, et cela se répercutera probablement sur le prix de vente. Mais dans des proportions bien inférieures", rassure Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières. 

Et qu'en sera-t-il si l'activité du site s'arrête ? Là non plus, pas de panique, selon l'édile. "Stellantis produit des pièces qu’aucun autre site en Europe ne peut produire. L’activité peut évoluer, certes, mais je veux croire qu’ils sont amenés à rester", affirme-t-il.

Du vert mais pas uniquement

Mais dans certaines communes, les systèmes mis en place dépendent davantage de la fluctuation des prix du carburant et de l'électricité. À Vitry-le-François, dans la Marne, la commune a misé sur les plaquettes forestières. Il s'agit de l'exploitation des branches des troncs d'arbres dont c'est souvent la seule valorisation possible. Un approvisionnement qui provient "de 100 kilomètres à la ronde autour de Vitry-le-François", précise Jean-François Thomas, directeur de cabinet du maire et directeur de la Sem Énergie.

Ces plaquettes fournissent 82 % du chauffage du réseau. Le gaz constitue les 18 % restants. L'impact de la hausse du prix du gaz affecte donc principalement cette proportion et "reste donc modéré" sur la facture d'énergie. Le prix des plaquettes forestières ne dépend quant à lui que du coût des transports "qui est de l'ordre de 6 %". 

Mais Jean-François Thomas se veut rassurant. "Nous sommes sur un contrat de délégation de service public, donc les augmentations annuelles dépendent de coefficients encadrés par l'État. On ne commencera donc à avoir une augmentation des prix qu'en 2022 ou 2023. Et on espère qu'elle ne sera que de l'ordre de 10 %", conclut-il.

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