Lutte contre les déserts médicaux : l'exemple du dépistage ophtalmologique mobile

Pour lutter contre les déserts médicaux, la Première ministre, Élisabeth Borne propose la mise en place de 100 "médico-bus" d’ici fin 2024. En Champagne-Ardenne, un dispositif similaire existe déjà pour les soins ophtalmiques. Il permet de comprendre l’intérêt de cette initiative.

Du lundi au vendredi, au départ de Reims, un camion rempli de matériel médical prend la route en direction des déserts médicaux champenois. La mission ? Un dépistage mobile de potentielles pathologies oculaires. Cette initiative lancée depuis 2009 par l’Association d’Appui aux Professionnels de Santé (AAPS) ambitionne d'alléger le travail des ophtalmologues en milieu rural, en sous-effectif dans de nombreuses communes.

Éviter l’aggravation des maladies

Débute alors l’itinérance d’orthoptistes, soit l'assistant de l’ophtalmologue.  Ils s’arrêtent dans des mairies, pharmacies, cabinets médicaux pour rencontrer des patients ayant pris rendez-vous pris en amont. Et, ils effectuent des dépistages.

"Tout le monde doit être dépisté. Mais, il n’y a pas assez d’ophtalmologues pour assurer toute la prise en charge. Avec ce dépistage mobile, d’une part, on évite les déplacements des patients et surtout, on régule l’accès aux soins tout en libérant du temps médical"

Matthieu Birebent, directeur de l’AAPS.

Après avoir réalisé les clichés, les assistants l’envoient à l’ophtalmologue, basé sur le même territoire que les patients. Ainsi, le médecin peut davantage se concentrer sur les dépistages de pathologies sévères. " En favorisant l’accès aux soins et la prise en charge précoce grâce à ce dispositif, on peut freiner voire empêcher la cécité d’un patient bien plus rapidement ", explique Matthieu Birebent, directeur de l'AAPS.

En 2022, 245 cas de rétinopathies diabétiques (complication du diabète conduisant à la cécité) ont été dépistés, soit 17 % des patients examinés.

L’intérêt de l’itinérance médicale

Cette initiative permet d’ores et déjà de comprendre l’intérêt d’un dispositif similaire : les " médico-bus ". Une initiative annoncée par la Première ministre lors de la présentation du plan "France ruralités", jeudi, dans la Vienne. D’ici fin 2024, cent cabinets médicaux mobiles seront mis en place dans des zones rurales pour lutter contre la désertification médicale. La Champagne-Ardenne pourrait être concernée par le projet.

" La mobilité, c’est devenu nécessaire quand on a vu que l’accès à l’ophtalmologie devenait trop compliqué. Nous, on n’a pas choisi d’examiner les patients dans le camion, mais d’installer le matériel dans des salles simplement pour que ce soit plus confortable. Notre camion sert à déplacer nos appareils", explique Matthieu Birebent, qui trouve l’idée des médico-bus intéressante.

" Il va aussi falloir inciter les jeunes médecins à se mobiliser. Peut-être avec les honoraires. Car beaucoup ne viennent déjà pas dans nos cabinets "

Hervé Ruinart, président du syndicat MG France dans la Marne

"Il faut apporter un accès aux soins aux populations qui en ont besoin et qui ne peuvent pas toujours se déplacer ", vient appuyer Hervé Ruinart, président du syndicat MG France dans la Marne. Mais le problème pour lui aujourd’hui, c’est qu’il n’y a plus assez de médecins généralistes. " C’est bien de vouloir mettre en place des médico-bus, encore faut-il que des médecins puissent les occuper ", complète-t-il.

Pas une solution miracle, mais une aide locale

"Mais, une solution intéressante ne veut pas dire suffisante," selon Matthieu Birebent, le directeur de l'AAPS. " C’est un pansement, pas la panacée", explique-t-il. Et d’ajouter : " Ces bus n’auront de sens que si les acteurs du territoire s’en emparent et s'il y a un réel parcours de soin derrière ".

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