C'est devenu un événement incontournable pour la communauté LGBTQ+ rémoise : la Pride aura lieu ce samedi 20 mai dans la Cité des Sacres. L'occasion pour France 3 Champagne-Ardenne de rencontrer Christophe Madrolle, artiste pansexuel engagé qui se produira sur la scène du Cryptoportique. Un concert à ne surtout pas manquer.
Certaines histoires méritent d'être racontées. Celle de Christophe Madrolle a déjà été couchée dans les colonnes de nos confrères du Nouvelobs, il y a maintenant onze ans.
Né à Issoudun, dans le Berry à la fin des années 80, Christophe Madrolle a déjà sorti quatre albums et entame une longue tournée à travers la France. Au téléphone, sa voix est douce, mais fatiguée. "J'ai donné un concert hier soir sur une péniche parisienne pour la journée internationale de lutte contre les LGBT-phobies, je viens juste de me lever" déclare-t-il, entre épuisement et rire. C'est ainsi, la vie d'artiste : se coucher tard pour donner une interview tôt le lendemain.
La musique comme bulle protectrice
Son périple musical l'emmène jusqu'à Reims, où il tiendra un concert au Cryptoportique dans la soirée du samedi 20 mai, à l'occasion de la Pride 2023. "C'est quand même pas mal comme scène, n'est-ce pas ?", en riant aux éclats. Nous devinons aisément son côté solaire et jovial.
J'ai grandi dans un village de 200 habitants. Il n'y avait pas d'association LGBT à l'époque. Pour s'affirmer et se montrer, c'était compliqué
Christophe Madrolle, auteur compositeur
Pourtant, le début de sa vie n'a pas été une partie de plaisir. Souvent moqué et harcelé à l'école, Christophe Madrolle est pansexuel. Il s'agit de l'attirance sexuelle, émotionnelle, romantique ou spirituelle pour d'autres personnes, sans considération de leur sexe biologique, de leur expression de genre ou de leur orientation sexuelle.
Comme un enfant cherchant son chemin dans un labyrinthe, l'artiste français a longtemps été en quête d'identité. "J'ai grandi dans un village de 200 habitants, et dans le Berry, il n'y avait pas d'association LGBT à l'époque. Pour s'affirmer et se montrer, c'était compliqué. Il n'y avait pas non plus d'application de rencontres, pas de réseaux sociaux, pas de bars LGBT, pas de boîtes de nuit. J'étais seul."
L'artiste trouve refuge dans la musique. "J'ai pris un micro pour la première fois en 1999, j'étais très jeune" raconte-t-il. Cette année-là, il chante sur une grande scène strasbourgeoise. "Ca m'a beaucoup inspiré", affirme-t-il.
Une musique aux accents rock et pop-rock
Trois années plus tard, il participe à sa première Marche des Fiertés. Nous sommes en 2002 à Paris, plus d'une décennie avant la légalisation du mariage homosexuel et de cette prise de conscience vis-à-vis des identités de genre et des orientations sexuelles. Christophe Madrolle est déjà lancé dans la musique et s'en sert comme arme militante. "Ca m'a permis de m'exprimer, et surtout ça a permis à la communauté de m'identifier et de venir vers moi" confesse le musicien.
En 2012, il devient donc le premier artiste français à faire son "coming-out" pansexuel. "Cela a suscité beaucoup de réactions. Des associations comme Bi'Cause m'ont invité à faire des concerts. Il se souvient également de l'après : "J'ai reçu beaucoup de réactions positives, des courriers et des lettres".
Aujourd'hui, Christophe Madrolle paraît épanoui, en tant que membre engagé de la communauté LGBTQ+. "Je suis à l'aise pour en parler désormais. Je sens que j'ai initié un débat quant à la pansexualité. Aujourd'hui, c'est une fierté, non pas d'être porte-parole, mais d'être identifié et d'être sollicité", se réjouit-il.
Pour la première fois, l'auteur-compositeur et interprète se produit lors de la Pride de Reims. Cela tombe bien : son dernier album se nomme "Pride" et révèle des morceaux aux accents pop-rock et électro-pop. La suite promet une belle aventure : on le retrouvera à La Rochelle (Charente-Maritime) le 3 juin, et à Chambéry (Savoie) le 7 octobre. Entre-temps, l'artiste tentera d'aller à Saint-Denis de la Réunion, sans qu'une date ne soit encore actée.
Les événements musicaux de la Pride de Reims commencent à 18H30 au Cryptoportique.
Article rédigé par Samuel Monod