Pour faire face aux difficultés sociales et économiques, aggravées par la crise du covid, le gouvernement français a engagé un plan de relance en septembre 2020. Dans ce cadre, cinq associations alsaciennes de lutte contre la pauvreté viennent d'obtenir 386.000 euros. Un des présidents témoigne.
Dans le cadre du plan de relance de l'Etat pour la refondation économique, sociale et écologique du pays, les associations françaises de lutte contre la pauvreté obtiennent une enveloppe de cent millions d'euros. En Alsace, cette aide représente 386.000 d'euros, attribuées à cinq associations. Parmi les bénéficiaires, quatre associations haut-rhinoises :
- Le Secours populaire français pour un projet d’aide alimentaire développé via les centres de Secours populaire présents à Colmar, Mulhouse, Munster et Wittenheim.
- Les Restaurants du coeur - Les relais du coeur du Haut-Rhin pour la création d’un centre itinérant de lutte contre la précarité alimentaire. Ce projet vise à couvrir l’ensemble des "zones blanches" non desservies par les Restos du coeur comme le Sundgau, la plaine du Rhin et certaines vallées vosgiennes.
- L'association Mobilité mod’emploi pour le développement du projet "Tous mobiles" à destination des populations précaires dans les territoires semi-ruraux du Sud Alsace et dans les quartiers prioritaires autour de Mulhouse.
- Association de gestion de la mission locale de Thur Doller pour la création d’une plateforme d’accroche des invisibles, visant à faciliter l’insertion sociale et professionnelle des jeunes en déficit de relation sociale, ou sans diplômes, qualifications ou formation.
Pour ces associations, qui se battent parfois depuis des décennies contre la précarité et la pauvreté, cette enveloppe d'aides pour un projet est du jamais vu. Richard Guth, président des Restos du coeur du Haut-Rhin, nous en explique l'enjeu pour son association. "Par le passé, nous avons déjà obtenu des aides des pouvoirs publics, pour notre fonctionnement ou des investissements, mais pour ce type de projet, c'est une première. Nous avons dix-neuf points de distribution alimentaire et de biens de première nécessité, entre Sainte-Marie-aux-Mines au nord et Saint-Louis et Ferrette au sud."
Par le passé, nous avons déjà obtenu des aides des pouvoirs publics, pour notre fonctionnement ou des investissements, mais pour ce type de projet, c'est une première.
Mais l'idée des restaurants du coeur du Haut-Rhin est d'aller bientôt là où, ni eux, ni personne ne va pour l'instant. "Dans les vallées vosgiennes, au fin fond de la plaine d'Alsace et dans une partie du Sundgau, il y a des personnes précaires qui ne peuvent pas se déplacer jusqu'à nous. Nous allons donc créer un centre itinérant et ouvrir une distribution dans ces zones blanches." Objectif : toucher davantage de personnes dans le besoin. Cela ira de la nouriture au micro-crédit, en passant par des formations en informatique et l'aide à la recherche d'emploi.
Créer et financer un centre itinérant
"Cela fait déjà quelques années que nous pensons à créer un centre de ce type", précise Richard Guth. "Mais il faut trouver les moyens de le faire. C'est un investissement significatif." L'argent qu'ils toucheront couvrira une partie des frais, car il faut acheter le véhicule, l'aménager et assurer son fonctionnement. "Nous devrons faire faire les installations nécessaires au transport et au stockage des aliments et autres produits en toute sécurité. Il faudra maintenir la chaîne du froid avec congélateur, frigo. Il faudra des étagères, un auvent à déployer."
L'association a appris en avril que son projet a été retenu et elle a été informée du montant attribué début mai. "Nous étions très heureux d'avoir été retenus, mais surtout soulagés de pouvoir enfin envisager la création de ce centre itinérant." Les sommes seront-elles versées sur présentation de factures ou avant, le président d'association l'ignore, mais il n'a aucun doute qu'au dernier trimestre 2021, l'argent aura été versé, "car il faut tout mettre en place, trouver le bon véhicule, l'aménager, et tout doit être prêt à fonctionner à l'automne".
Les Restos du coeur du Haut-Rhin distribuent trois millions de repas à l'année dans leur département. Cette enveloppe leur permettra de faire un pas de plus, "mais" tient à souligner Richard Guth "il ne faut jamais oublier que tout ce qui se fait quotidiennement, année après année, se fait grâce aux bénévoles".
Désenclaver les campus excentrés
Par ailleurs, un projet interdépartemental entre le Bas-Rhin et le Haut-Rhin a été retenu. L'Association fédérative générale, des étudiants de Strasbourg (Afges) bénéficiera aussi d’une subvention. Elle permettra la création d’une épicerie sociale et solidaire mobile, afin de lutter contre la précarité étudiante et l’exclusion sociale.
Avec ce projet interdépartemental, L’Agora Truck se déplacera sur les campus universitaires de la Collectivité Européenne d’Alsace (CEA), en particulier les campus excentrés tels que : Brumath, Campus Hôpital, Campus Illkirch, Colmar, Haguenau, Mulhouse et Schiltigheim.