Confinement : une belle initiative d'acrobates et d'artistes de cirque pour continuer à s'entraîner en commun

Le cirque est un milieu collectif par excellence: entraide entre artistes, répétitions communes et numéros de groupes. Depuis la mise en place du confinement, le 17 mars dernier, les circassiens sont rentrés chez eux. Ce qui ne les empêche pas de s'entraîner ensemble.

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Une publicité pour un célèbre chocolat dans les années 80 vous promettait "quelques grammes de finesse dans un monde de brutes". C'est exactement ce que nous allons vous offrir.
De la pure poésie, quelques instants de grâce en plein coeur du confinement lié à la crise sanitaire du coronavirus. 

Guillaume est un étudiant acrobate. Il est en troisième année au Centre national des Arts du Cirque de Chalons-en-Champagne. Comme tous les étudiants de l'école, il a dû la quitter pour rentrer chez lui et respecter le confinement, le 17 mars dernier.
À 24 ans, il est retourné dans la maison familiale, à une quinzaine de kilomètres de Saint-Dié-des-Vosges. Il s'y confine avec ses parents, ses deux soeurs et la compagne de l'une d'elle. Malheureusement pour lui, et heureusement pour nous, aucun d'eux ne pratique l'acrobatie et n'a le temps de s'y mettre. 

Ensemble, c'est mieux !

Alors pour rompre son isolement d'acrobate, il a joint sur une messagerie instantanée son ami Lilian, parti de son côté à Villejuif en région Parisienne. Les deux amis décident de créer un fil de discussion et de s'y lancer des sortes de défis par vidéo interposée, ils se proposent mutuellement des musiques pour accompagner leurs échauffements et leurs entraînements. Puis ils montent les meilleurs moments de leurs prestations.
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C'est l'histoire de 5 acrobates dispersé dans toute la France ! A la recherche d'amour et d'amitié ils se rejoignent chaque jours pour jouer ensemble ! ??‍♂️ Il n'y a rien a dire a part que je vous aimes tellement tous ❤️ . @tiabalacey tu me manques ! Quand on passe 5 ans tous les jours ensemble, c'est dur quand ça s'arrête brutalement ! Hâte de rebouger avec toi ? . @jean_lafondu qui nous honore de son talent a chaque apparition ! Tu vas tout tuer mec ? . @marius_fouilland le brother de la puissance ! une putain d'inspiration et bordel qu'est ce que t'es beau ? . @lilian.dfr le brother de vie ! J'ai un amour pour toi mon gars ! Tu es une mes plus grande inspiration ? . Je vous aimes quoi ! ❤️ . #acrobat #acrobate #acro #acrodanse #art #circuseverydamnday #circuslife #confinement #covid_19 #circus #cirque #contemporarydance #circusaroundtheworld #dancer #difference #danse #dance #floorwork #family #friends #work #home #research #mouvementculture #mouvement #brother #sister #gardenparty #outdoor #quedulove

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On peut en retrouver un aperçu sur le profil Instagram de Guillaume. Où Tchépie, la chienne de Guillaume en profite pour faire connaissance avec Barbabé, le chat à l'air circonspect de Lilian. 

De fil en aiguille et de roues en hélico

Bientôt, Guillaume et Lilian, les co-fondateurs, ont l'idée d'inviter d'autres amis confinés à leurs séances d'entraînement. Marius les rejoint d'abord puis de lien en lien, chacun invite à son tour quelqu'autre ami circassien. Aujourd'hui, un mois après sa création le groupe compte 26 membres, qui rejoignent quand ils le peuvent les conversations vidéos d'entraînement. Ils sont dans le Gers, les Landes ou à Dijon. Un membre est même confiné à Stockholm. Et le groupe compte désormais un professeur d'acrobatie de l'école de cirque de Chatellerault.

Au programme échauffement, étirements, souplesse, équilibre, tricking; le lot de tout circassien qui se respecte. Les figures qu'ils enchaînent répondent aux doux noms de "papillon", "hélicoptère", "roue","tisga" ou encore "macaque". Des noms parfois empruntés au langage de la capoeira ou de la break dance. L'intérêt étant de les enchainer en suivant par exemple le modèle "roue trois mains- hélico-sortie tisga". Rien qu'à l'oreille on est déjà transporté. 

Si l'on demande à Guillaume ce qu'il retient de ses séances de travail collectives, c'est un enthousiasme doublé d'une note de regret qui l'anime. Plus de parades possibles, plus d'énergies cumulées. 

Ça nous fruste quand même un peu, car les échanges ne sont pas aussi puissants qu'en réalité. Ça nous permet juste d'enlever un peu de manque.
- Guillaume Blanc, étudiant circassien

J'ai assisté à une séance pour vous

J'étais plutôt curieuse de voir à quoi ressemblaient ces séances en visio et je n'ai pas été déçue. Lorsque la notification signalant le lancement de la conversation est tombée vers 19h00, j'ai d'abord attendu que plusieurs personnes la rejoignent et je me suis connectée. Je me suis sentie un peu intrusive, mais les personnes présentes m'ont accueillie avec chaleur et humour. Et comme toute visio qui se respecte, la conversation s'est mise en route doucement, dans la perspective d'attendre de nouveaux participants. Il a fallu meubler. Et comment meuble-t-on chez les acrobates? On parle de mouvements lents et physiques, on évoque la dramaturgie, les liens entre le cirque et le théâtre et on glorifie Ariane Mnouchkine! Attention du très haut vol!
Lorsqu'enfin le nombre de participants est jugé correct pour démarrer la séance, Guillaume (ce soir-là aux manettes) donne les consignes. Une minute par exercice en alternant les mouvements "à fond" et la "récup". Lilian en intérieur, Lucille, Marius et son amie (à moins que je ne mélange les prénoms) dans leurs jardins respectifs; tout le monde est attentif aux conseils de Guillaume. Ce qui ne l'empêche pas de se mélanger les pédales dans ses explications! Pourtant, et c'est lui qui le dit: 

J'y ai réfléchi toute la journée, je n'avais que ça à foutre!
- Guillaume, visio acrobate

Il finit par enclencher la musique sur son téléphone qu'il garde tout près de lui  tout en s'éloignant de la tablette qui le filme -ce qui dit en passant fait que nous ne l'entendons tout de suite moins bien-. Et la séance d'échauffement peut commencer.
Là, sous mes yeux ébahis, les cinq jeunes gens, sans même se regarder les uns les autres, se mettent à réaliser des mouvements identiques et synchronisés. Effet waouh garanti. Ils enchainent une série de sauts sur place, s'arrêtent un court instant et recommencent. De temps à autre Guillaume balance un nom de figure à effectuer: J'arrive à comprendre "pas de croco" je devine "le tabata c'est trois tours" et je bute sur d'autres termes que j'ai trop peur de mal reproduire donc je botte en touche. En fonction de l'envergure des gestes certains sortent du cadre de visionnage mais finissent toujours par se recentrer.
Au fur et à mesure que le temps passe, les échanges se font plus brefs. Les respirations s'accélèrent ainsi que les rythmes cardiaques. Lors des pauses, je les entends se corriger les uns les autres, j'en déduis qu'ils arrivent à s'observer les uns les autres. Un vrai travail de groupe. Je suis fatiguée, rien qu'à les regarder, je profite d'une pause pour les encourager et m'éclipser. Plus tard, bien plus tard, aux environs de 20h30 je constaterai qu'ils ont mis un terme à la visio séance. Une heure et demie d'entraînement, pas mal non?

Un art peut en cacher un autre

Mais plus surprenant, les séances finissent par déteindre sur d'autres facettes artistiques. Ainsi Lucie, une jeune Bruxelloise, réalise des dessins inspirés des figures et des contorsions des acrobates.  
Dans son trait épuré on retrouve le mouvement et la grâce, mais aussi la force du groupe. Allez faire un tour sur sa page.

Sinon, dans un autre genre, il y a la vision toute propre à lui, de Guilhem sur la nature, sur un air de Vivaldi!

Et  la nature dans tout ça?

La chance de Guillaume, c'est qu'il ne pleut pas! Il peut s'entraîner dans son jardin. À force de faire ses figures sur la même parcelle de pelouse, l'herbe a fini par s'amenuiser. La terre s'est asséchée et la petite couche de boue du mois de mars a laissé la place à de la poussière de terre. Bénéfice direct pour pour les pieds et les mains de Guillaume qui ne deviennent plus noirs comme au début du confinement!

Et la famille dans tout ça?

Guillaume a fêté son anniversaire en confinement. Cela faisait six ans qu'il n'avait pas pu le fêter en famille. Bénéfice direct de la crise sanitaire du coronavirus pour lui: le rapprochement familial! 

 
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