Coronavirus : la Champagne-Ardenne en rouge, "tout est flou, on se prépare à tout", lâche un président de département

Jeudi 30 avril, le premier classement des départements en fonction du nombre de malades par jour et du nombre de places en réanimation est sorti. Tous les départements de Champagne-Ardenne sont rouges. Une surprise pour certains.
 

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Les quatre départements en rouge ! Les présidents des quatre départements de Champagne-Ardenne, de droite, ne semblent pas vraiment émus de se retrouver dans le camp des rouges. Qu'ils le veuillent ou non, ils appartiennent à la région Grand-Est, l'une des régions les plus touchées par le virus, dont tous les départements ont été classés rouges.

Le plus touché des départements de Champagne-Ardenne, parce qu'il est le plus peuplé et qu'il héberge le CHU à Reims, c'est la Marne. Le département a subi des moments de tensions extrêmement forts, avec une pénurie de lits de réanimation au plus fort de la crise. "Rouge, ce n'est pas une surprise, selon le président du conseil départemental, divers droite, Christian Bruyen. Cela ne dit rien de ce qui se passera le 7 mai. Tout est flou, alors on se prépare à tout."

  

"Juste une opération de com"

"Pour moi cette carte a été faite a priori, commente le président sans étiquette du conseil départemental de l'Aube, Philippe Pichery. Nous avons quinze lits de réanimation occupés sur quarante, on ne peut pas parler de tension. D'autre part, je m'étonne que la capacité à réaliser des tests ait disparu des critères de classement. Ce classement des départements est pour moi un non-évènement, juste une opération de com."

Les deux départements ruraux que sont les Ardennes et la Haute-Marne auraient pu s'attendre à une couleur verte.
Le président LR du département des Ardennes, Noël Bourgeois, s'il est un peu surpris, ne s'en formalise pas. "La couleur rouge, ce n'est qu'une première approche, très grossière, qui ne prend pas vraiment en compte les spécificités locales. Nous avons cinq centres covid-19 dans les Ardennes, nous travaillons avec le préfet et l'ARS."

Nous avons jusqu'au 7 mai pour devenir vert. La carte va évoluer tous les jours.
Noël Bourgeois, président (LR) du conseil départemental des Ardennes
 

Le président LR du département de Haute-Marne, Nicolas Lacroix, estime même que le rouge est plutôt un avantage. Avec quarante décès du covid-19 et 70% des EHPAD touchés, la Haute-Marne n'est pas épargnée."Même si je me bats pour repasser au vert, je ne suis pas mécontent que l'on soit en rouge. Cela va nous obliger à être très rigoureux sur le respect des gestes barrière au moment du déconfinement."

 
 

Comment devenir vert le 7 mai ?

Le 7 mai, c'est la date butoir à partir de laquelle les décisions seront prises en fonction du classement des départements. Mais tout reste encore très flou. "Que l'on soit rouge ou vert, les consignes pour le déconfinement resteront à peu près les mêmes pour tous. Les rouges devront juste prendre un peu plus de temps pour rouvrir les établissements scolaires, et les parcs et les jardins resteront fermés." 

"On ne pourra pas augmenter le nombre de nos lits de réanimation répartis entre Chaumont, Saint-Dizier et Langres, prévient Nicolas Lacroix. Mais, même si l'on reste rouge, je ne suis pas inquiet. Nos classes ne sont pas surchargées, et tous les collégiens ne sont pas prêts à revenir. On devrait avoir la place pour les accueillir en respectant les gestes-barrière. Cela dit, l'Etat nous a fourni un protocole sanitaire à respecter. Il fait plus de soixante pages."

Pour Noël Bourgeois, devenir vert est nécessaire pour redémarrer l'activité économique. "Si on reste en rouge, ce sera un mauvais signal pour notre économie locale. Il faut faire tous nos efforts pour rendre possible la reprise des commerces de proximité, très nombreux dans les Ardennes ainsi que de nos entreprises, PSA et les autres. Mais réouvrir les collèges (dont les départements ont la charge ndlr) va être compliqué. Il faut prévoir de tout désinfecter, le matériel, les classes. Les élus de terrain engagent leur responsabilité si les mesures ne sont pas bien respectées."

Pour le président de la Marne, Christian Bruyen, "on ne sait pas si on devra rouvrir les collèges le 18 mai, quarante-sept établissements pour 22.000 collégiens. Il y a les cantines qui devront être disponibles pour les élèves des écoles s'ils reprennent le 11 mai. Il faut prévoir le transport des enfants porteurs de handicap (le transport scolaire est la compétence du département), savoir combien d'agents du département sont disponibles pour nos collèges. C'est compliqué."
 

Les départements au coeur de la lutte contre le virus

Reste à se doter du matériel nécessaire à une reprise d'activité. Les présidents de départements ont tous commandé des masques, du gel, et attendent que l'ARS distribue des tests. Pour le moment, les commandes ne sont pas arrivées. Il faut une nouvelle fois patienter.

 


De quoi faire s'interroger les élus locaux. "Il va falloir faire le bilan de ce qu'il s'est passé, notamment dans les EHPAD", prévient Nicolas Lacroix. Tous veulent replacer les collectivités locales au centre du jeu. "Nos territoires ont leurs particulariés. Il faut les gérer au niveau local, ajoute Philippe Pichery. Même si l'Etat garde un rôle centralisateur, il faut une nouvelle phase de décentralisation pour renforcer les pouvoir des collectivités."

Christian Bruyen confirme: "Nous, départements, sommes les plus proches des publics fragiles, les personnes âgées bien sûr, mais aussi les personnes porteuses de handicap, les enfants, les bénéficiaires du RSA, le mode rural. Nous travaillons avec les maires pour cibler les personnes à risque. L'Etat doit travailler en transparence avec nous. Ce n'est pas acceptable que des tests aient été réalisés dans des établissements sans que nous n'en soyons informés. Les départements doivent jouer un rôle central dans cette lutte contre le covid-19."

 
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