Coronavirus : les députés réclament un retour à l'Assemblée nationale

Menés par le député LR de Haute-Marne François Cornut -Gentille, 35 députés réclament un retour à un fonctionnement normal de l'Assemblée nationale pour que les grands sujets soient débattus par tous les députés.


 

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Les députés veulent débattre. Ils le disent dans un courrier. Depuis le début du confinement, l'Assemblée nationale fonctionne avec 25 députés. 25 députés sur 577 élus, c'est bien peu ! Il y a eu les mesures d'urgence pour donner au gouvernement la possibilité d'agir vite, aucun député ne le conteste. Mais le retour à la normale tarde. Alors François Cornut-Gentille, député LR de Haute-Marne, a écrit au président de l'Assemblée nationale pour lui demander un retour de tous les députés.

La lettre, signée par 35 députés LR, est explicite : "L'Assemblée Nationale a examiné ce vendredi un nouveau projet de loi de finances rectificatives pour faire face à la crise sanitaire ... or il a été examiné selon une procédure dégradée ne permettant ni un examen approfondi, ni une délibération conforme". Les 35 députés signataires demandent au président de l'AN de "rétablir dès à présent un fonctionnement sinon parfaitement normal, du moins le moins dégradé possible". Objectif, permettre à chaque député qui le souhaite de se faire entendre et de peut-être infléchir les décisions qui sont prises par des amendements.
 

 

Des milliards engagés sans vrai débat

"On a maintenu le fonctionnement de l'Assembée Nationale, relate le député centriste de la Marne Charles de Courson, du groupe Libertés et Territoire, mais on travaille dans des conditions "extra-ordinaires". Nous avons réussi à voter une loi afin d'encadrer les pouvoirs dévolus au gouvernement, nous avons voté deux lois de finances rectificatives. Mais cela engage l'avenir de chaque français." Compte-tenu de la crise, les budgets ont explosé. Chômage partiel, aide aux entreprises, tous ces sujets n'ont pas pu être débattus par les députés.
"Nous ne sommes pas encore saisis de la loi de finances rectificative sur la sécurité sociale. Or cela engage la France pour les années à venir, avec un déficit multiplié par dix. On passe de 4 milliards à 40 milliards de déficit." ajoute Charles de Courson.

 
 

Le gouvernement ouvre un grand débat sur le tracking

Le 28 avril, un grand débat sera organisé à l'Assemblée Nationale sur le tracking, cette application StopCovid qui permet de suivre chaque citoyen dans ses déplacements, ses activités et ses contacts. Aina Kuric, députée de la Marne apparentée LREM, confinée depuis la mi-mars, veut y participer. Un débat en visioconférence ne lui semble pas sufisant. "Je suis favorable à ce débat car je suis très frileuse lorsqu'il s'agit de libertés individuelles. Je suis d'accord pour que le StopCovid soit utilisé pour aider à combattre le virus mais je dénonce le fait que l’on sanctionne en fonction des informations que l’on peut collecter sur un téléphone portable. Je veux me faire entendre, c'est pourquoi j'ai signalé que j'étais prête à venir siéger pour le débat, mais pour le moment je n'ai pas eu de réponse."

 


Pierre Cordier, député apparenté LR des Ardennes, n'est pas retourné à l'Assemblée nationale depuis le début du confinement, mais il souhaite aussi que les députés puissent débattre: "Il faut qu'il y ait un vote sur le tracking. C'est très important que le Parlement contrôle les actions du gouvernement. Je suis attaché à la liberté individuelle et publique. Il faut qu'il y ait des garanties juridiques et techniques pour éviter que des gens détournent le système. Il faut que chacun prenne ses responsabilités."

"Pour moi c'est une fausse réponse, juge François Cornut-Gentille, ce dossier du tracking n'est pas prioritaire, ce n'est pas sur ce dossier que les députés doivent se faire entendre.Nous aurions dû pouvoir débattre des lois finances rectificatives, notamment sur la sécurité sociale".

Les députés souhaitent reprendre leur rôle dans le débat démocratique. La situation d'urgence ne doit pas faire oublier le rôle essentiel des représentants élus de la population française. Le 28 avril, pour le débat sur le tracking, ils seront encore peu nombreux admis à l'Assemblée nationale. Aïna Kuric a déjà préparé son kit : du gel, des lingettes et des masques textiles, qu'elle a elle-même cousus.
 
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