Depuis le début de la crise sanitaire du covid-19, les auto-écoles sont à l'arrêt, les voitures rangées au garage. Tous ceux qui devaient passer le permis de conduire ont vu leur examen reporté à une date encore inconnue. Témoignages.
"Il me restait une heure de conduite pour arriver à 20 heures. Maintenant, il faut attendre la fin du confinement", Jessica J est résignée. Cette Ardennaise, inscrite à Sedan, devait passer l'examen pratique mardi 31 mars à 9 h 20 précise. Son moniteur l'a prévenue par mail. Depuis mi-mars, les auto-écoles ont fermé boutique.
Même scénario pour le fils de Julia P, à Sarry dans la Marne. À 18 ans, il attendait ce jour avec impatience. "Nous sommes déçus forcément, mais ce n'est pas quelque chose de très grave. J'ai mon autre fils qui passe le bac, je suis plus inquiète pour lui ", explique avec philosophie cette mère de famille.
Sa seule inquiétude : la perte des acquis. "Il va falloir reprendre des séances. Sa dernière heure de conduite date du 11 mars." Une crainte partagée par Perle R, étudiante en communication à Reims. Naturellement stressée par les examens, cette jeune fille redoute la reprise après plus d'un mois sans pratique. "S'il me faut 5 ou 6 heures en plus, ça a quand même un coût. Mes parents me le paient, je ferai en sorte de les aider. C'est de la culpabilité supplémentaire."
Des projets remis en question
Quand pour certains il n'y a pas d'urgence, pour d'autres le permis est essentiel. La vie quotidienne de Jessica J aurait pu être simplifiée. "C'était surtout pour emmener les enfants au collège et faire les courses. Là, on dépend de ma mère et de mon beau-père, raconte cette Ardennaise dont le mari, lui non plus, ne conduit pas. On habite dans un petit village, il y a rien, même pas une boulangerie."Ces reports à la chaîne sans aucune date en vue, remettent en cause les programmes à court terme. Perle R cherche une alternance pour l'année prochaine et s'est engagée dans des contrats cet été : "Je suis photographe depuis janvier, j'ai des prestations où il aurait été préférable que j'ai le permis. "
On n'arrivera pas à récupérer toutes les places qui nous étaient attribuées au mois de mars.
- Christelle Hiernaux, Directrice de l'auto-école Cernay à Reims.
Les auto-écoles le savent, le planning d'après-confinement risque d'être difficile à monter. Il faudra reprendre l'apprentissage des élèves, commencer celui des nouveaux et retrouver des dates à tous ceux qui auront été bloqués. Un casse-tête. "Les inspecteurs ont des semaines de 35 h, ils ne pourront pas en faire plus. Ça va prendre du temps", constate Christelle Hiernaux, de l'auto-école Cernay dans la Marne.
Cette gérante s'attend à devoir faire des choix entre ses élèves, en priorisant ceux qui ont déjà raté au moins une fois la pratique. "J'ai également deux ou trois élèves, des étudiants, qui doivent le passer en mai, parce qu'après ils partent."
En attendant, certains continuent sans se relâcher à réviser cet examen. "Pendant le confinement, je lis souvent le bouquin du code et je regarde des vidéos", affirme Jessica J. D'autres prennent leur mal en patience comme le fils de Julie P : "Il a acheté sa voiture. Elle attend sagement."