L'édition 2020 des journées européennes des métiers d'art, prévue du 3 au 13 Avril, est annulée. Pas de visite d'atelier possible, pour cause de confinement. Pour tenter de sauver ce rendez-vous avec le public, certains artisans organisent des sessions à distance, via les réseaux sociaux.
Cette année, les journées européennes de métiers d'art (JEMA) se présentent avec le hashtag #JEMAchezmoi. La rencontre avec le public n'aura pas lieu, sauf parfois par écran interposé. Mais ce n'est pas pareil.
Des photos ne remplacent pas une visite en atelier
Sonia Rinaldi, installée à Gertwiller, exerce deux métiers rares : la gravure sur pierre et l'émaillage sur lave. Ouvrir son atelier représente pour elle un moment privilégié pour partager son savoir-faire. Quelques photos sur les réseaux sociaux n'auront jamais le même impact qu'un véritable échange.
Hors, c'est justement ces rendez-vous qui engendrent les commandes. 90% de son chiffre d'affaire est généré par des évènements comme les journées européennes des métiers d'art, ou le salon du savoir-faire à Molsheim. Deux évènements qui ont été annulés. "Là, on sait déjà que l'année est foutue. Quand on est artisan d'art, c'est un cycle constant, comme une roue qui tourne. Dès qu'il y a un trou, on le paye après" dit-elle. Car sans expo, pas de visibilité, pas de contacts, et donc pas de commandes.Là, on sait déjà que l'année est foutue - Sonia Rinaldi graveur sur pierre
Confinement : comment ne pas mettre la clé sous la porte?
" Si on ne veut pas se retrouver à mettre la clé sous la porte, il faut innover, chercher des idées créatives " Pour Cécile Mairet, tapissière depuis vingt ans, ce rendez-vous manqué est une occasion inédite pour les métiers d'art de transmettre le savoir autrement. Ce samedi après-midi, elle a donc déménagé son atelier sans connexion internet, vers son salon à Tieffenbach qui lui est bel et bien doté de la wifi, pour organiser un atelier interactif, au moyen d'un Facebook live et d'une séance de visioconférence.Objectif: fabriquer des sièges, ou plutôt des poufs, avec du matériel recyclé : coussins, laine, vieux chiffons ou vêtements usagées... Tout est possible.
Une autre façon de transmettre le savoir faire
Si elle a su réagir aussi vite, c'est parce que cette démarche, elle la murit depuis un peu plus d'un an. En janvier de l'année derniere, elle a créé une plateforme de formation à distance. " Il y a beaucoup de gens qui voudraient faire une reconversion, mais ils sont coincés par leur situation familiale, ou leur travail" Elle leur propose donc une solution clé en main : des cours à distance sur douze mois, le soir et le week-end, complétés par des stages en présentiel. Dès la premiere année, elle a rassemblé une dizaine de participants de toute la France, mais aussi de Belgique, de Suisse et du Luxembourg.Aujourd'hui, cette activité représente déjà 50% de ses revenus. Et le confinement a provoqué un nouvel élan : de nombreuses personnes l'ont contacté pour du coaching à distance. Malgré cela, " la transmission doit rester au service de la création" conclut-elle.
Une diversification pas toujours possible
Sonia Rinaldi elle, n'a pas prévu de sessions interactives suite à l'annulation des journées européennes des métiers d'art. Pour organiser cet évènement, elle a pourtant investi 4 000 euros, en matériel, en mobilier d'exposition, en temps de travail. Aujourd'hui, cette somme manque dans sa trésorerie.
Certes, l'Etat propose une aide financière pour les personnes dont l'activité a fortement chuté. Montant maximum, 1 500 euros, le compte n'y est pas. Et les charges fixes continuent de s'appliquer, notamment le loyer. Alors, bien sûr, elle appréhende les mois qui viennent. Dans son agenda, Graph Am Rhein, en mai prochain à Sélestat, Haut la main en juin à Obernai.... Mais tout cela désormais, est incertain.