Coronavirus : labos privés et publics se mobilisent pour produire des milliers de litres de solutions hydroalcooliques

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les besoins en masques mais aussi en solutions hydroalcooliques (SHA) sont immenses. A Metz et Nancy, acteurs privés et publics se mobilisent pour en produire à destination des soignants.
 

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Dès le début de la pandémie, fin février 2020, le manque de gel et de solutions hydroalcooliques s'est fait ressentir auprès de la population mais aussi et c’est encore plus grave auprès de tous ceux qui sont au contact des publics.
Les soignants, dans les hôpitaux comme en ville, les personnels des EPAHD, les sapeurs-pompiers, les forces de l’ordre,  les chauffeurs, livreurs, personnels des magasins… Et plus généralement toutes les personnes qui, de par leurs missions essentielles, ne peuvent rester chez elles.
Dans ce contexte, l’utilisation  de solutions hydroalcooliques devient donc un enjeu de santé publique et de nombreux acteurs publics ou privés ont rapidement tout mis en œuvre pour en produire.
Car très vite il y a eu des ruptures de stocks, dans les pharmacies, parapharmacies et dans les commerces en général. Dans un premier temps, l’arrêté du 6 mars 2020 a autorisé les seules pharmacies au sein des hôpitaux ainsi que les officines en ville à produire des solutions hydroalcooliques (SHA).  Il faut savoir que la production de ce produit est très réglementée et régie par le code de la santé publique sur des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). 

Développer la production

Par la suite, devant l’ampleur de la pandémie, et devant l’insistance de laboratoires privés ou publics, des dérogations ont été accordées afin que la production de ces produits puisse être étendue.
C’est dans ce contexte,  précisément le 13 mars, au lendemain du premier discours du Président de la République qui annonçait la fermeture des établissements d’enseignement, que la Faculté de Pharmacie de Nancy, entité qui dépend de l’Université de Lorraine , a sollicité l’ARS  pour pouvoir à son tour produire des SHA.
A noter que l'Université de Lorraine mène de nombreuses autres actions dans la lutte contre le Coronavirus.
Après avoir obtenu l’autorisation la Faculté de pharmacie a démarré sa production le lundi 23 mars sous l’égide de deux enseignants épaulés par deux étudiants de 4e année. Flacons de 250 ml ou bidons de 10 litres, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait la solution... "Pour mettre en route la production nous avons fait appel au volontariat  et  nous avons reçu beaucoup de candidatures, de la part d’enseignants et d’étudiants", souligne Raphaël Duval le doyen de la Faculté de pharmacie, qui s'occupe de toute la logistique avec une petite équipe

Le doyen de la faculté de pharmacie livre la navette du SDIS 54 / © Université de Lorraine

La montée en charge a été très rapide pour atteindre les 400 litres dès la deuxième semaine.
- Raphaël Duval, doyen de la Faculté de pharmacie de Nancy

"Ces solutions hydroalcooliques ont été fournies principalement à destination des pompiers du SDIS 54", précise le doyen. "Ils livrent, par navettes chaque mardi, différents sites du département. Ce sont dans un premier temps les trois sous-préfectures  de Toul, Lunéville et Briey ainsi que cinq établissements hospitaliers à Toul, Lunéville, Pont-à-Mousson, Joeuf et Mont-Saint-Martin."
Des discussions sont d'ores et déjà en cours pour  livrer des infirmières libérales, des EPAHD et des structures de services à la personne.
Le système de distribution se met en place, en partenariat avec le Rotary club et d'autres bonnes volontés, dans un premier temps sur le Grand Nancy puis progressivement sur toute la Lorraine. Les demandes étant de plus en plus nombreuses une adresse a été mise en place afin que les professionnels de santé et ceux des services à la personne puissent faire part de leurs besoins: pharma-sha@univ-lorraine.fr. A noter que c'est l'ARS qui fixe aujourd'hui les personnes morales et physiques prioritaires. C'est l'OMS qui fixe très précisément (quantité et qualité) les ingrédients qui composent les solutions hydroalcooliques: alcool, glycérine, peroxyde d'hydrogène (eau oxygénée), eau.

Public et privé main dans la main

Côté privé, d'autres acteurs se sont mobilisés très vite. C'est le cas des laboratoires Lehning, une entreprise spécialisée dans l'homéopathie et la phytothérapie, dont le principal site de production est situé en Moselle à Sainte-Barbe, près de Metz.

Dans un premier temps, sans faire de communication, Stéphane Lehning, PDG du  Groupe a sollicité l’ARS pour pouvoir fabriquer des solutions hydroalcooliques, destinées notamment à l’Etablissement Français du Sang qui en manquait. Spécialisé notamment dans la production de teintures mères (des solutions hydroalcooliques issues de mélanges de plantes fraîches et d'alcool) le groupe, à l'instar d'autres entreprises du même secteur, dispose en effet de toute la matière première nécessaire à la fabrication  de solutions hydroalcooliques.
Le temps d’adapter la chaîne de production et de sécuriser l’approvisionnement en matières premières, la production a démarré le jeudi 19 mars.
Là encore la solution produite par Lehning suit précisément les recommandations de l'OMS: éthanol (alcool à 80°), peroxyde d'hydrogène et Glycerol (Glycérine).

La première semaine Lehning a déjà produit 4.000 litres et va monter en puissance pour passer à 6.000 puis à 12.000 litres. Dans un premier temps il a fallu adapter la chaîne de production en passant des flacons en verre des teintures mères habituelles à des flacons en plastique.
Les flacons de 125 ml pourraient par la suite être remplacés par des contenants de 250 ml, ce qui augmentera les capacités de production.
Lehning a fourni ces solutions hydroalcooliques à l'Etablissement Français du Sang ainsi qu'aux Pompiers de la Moselle. Très vite la liste des structures fournies s'est allongée: hôpitaux du Grand Est, notamment les CHU et CHR de Nancy et Metz-Thionville ou encore l'hôpital Claude Bernard de Metz. Puis d'autres structures comme des EPAHD se sont manifestées ainsi que des infirmières libérales pour obtenir des solutions hydroalcooliques. Et ce n'est qu'un début car "les besoins sont énormes", selon Rémi Fondeux, le directeur marketing des laboratoires Lehning

La production pourrait ainsi se développer encore, dans le cadre cette fois de futurs contrats avec la Coopérative d’achats des  Hôpitaux publics UNIHA. Charge à cet organisme d'acheter les matières premières puis de répartir les volumes vers les différents destinataires, les laboratoires fabriquant dès lors les solutions à prix coûtant, pour poursuivre l’effort de manière pérenne et continue. Car il faudra probablement maintenir l'effort de production pendant des mois.

C'est une façon pour le groupe de se positionner et de se rendre utile d’un point de vue citoyen dans la lutte contre la COVID-19, à un moment qui correspond à la haute-saison, celle où les produits de la cueillette sont transformés en teinture-mères. Du coup tous les salariés sont sollicités y compris les personnels administratifs pour permettre à toutes les lignes de fonctionner. L'entreprise, qui travaille habituellement dans des environnements confinés et sécurisés fonctionne d'ailleurs avec la quasi-totalité de ses effectifs.
 
Pendant l'épidémie la vie continue , à la Fac comme dans l' entreprise
En ce qui concerne la vie pendant le confinement la faculté de pharmacie  suit un plan de continuité pédagogique. les cours continuent donc, à distance et certains examens de premières sessions devraient aussi se tenir à distance, selon des modalités qui sont en cours de validation
Les laboratoires Lehning continuent, quant à eux, en parallèle à cette production de solutions hydro-alcooliques, leurs productions habituelles, même si les volumes sont moindres en raison notamment de la problématique liée à la cueillette des plantes. 
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