Coronavirus : le risque de violences conjugales et de maltraitance envers les enfants à cause du confinement

C'est une des conséquences invisibles du confinement à domicile : l'augmentation de la violence vis-à-vis des femmes et des enfants. Les professionnels de la protection déclarent rester mobilisés au cours de cette crise. Ils appellent à une vigilance accrue de tous : famille, proches et voisins.

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Il y a la crainte d'être infecté par le coronavirus. Mais pour certains enfants et certaines femmes, une autre crainte : celle d'être maltraité et violenté. Confinement oblige, les policiers s'attendent à devoir gérer, de plus en plus, ce type de situation. “Pour l'instant, c'est difficile à évaluer, nous ne sommes qu'au début de cette période de confinement et il y encore des gens qui ne respectent pas les mesures et qui sortent dehors” explique Régis Peiffer, déléguée du syndicat Unité SGP Police FO à Nancy (Meurthe-et-Moselle), “mais une hausse des violences est à craindre, c'est évident ! A force d'être les uns sur les autres, ça peut très vite déraper dans certaines familles.

Une augmentation des violences conjugales dans l’espace privé, dans un contexte de confinement à domicile, c'est ce qui est constaté en Chine et en Italie. “Dans la presse chinoise, les témoignages de femmes battues, abusées ou séquestrées abondent” rapporte Le Courrier International.
Et la France s'y prépare. Marlène Schiappa a rappelé que “le confinement à domicile peut hélas générer un terreau propice aux violences conjugales”. La plateforme Arrêtons les violences est toujours active et reste le canal à privilégier avec le 17 en cas de violences, insiste la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

Même si les juridictions sont fermées pour éviter la propagation du virus, la garde des Sceaux maintient les services qui assurent le traitement des contentieux essentiels et notamment les affaires de violences conjugales. En cas d’urgence, des ordonnances de placement provisoire peuvent être décidées par les magistrats pour garantir la protection des mineurs.

Pas d'école pour les enfants...


Pour les enfants, terminée l'école et les alertes parfois préoccupantes que peuvent enclencher les personnels de l’Éducation nationale. Cette école parfois synonyme de ”refuge” selon Adrien Taquet, secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Solidarités et de la Santé. Désormais, place au confinement et ses “risques accrus de maltraitance, du fait de situations favorisant le passage à l’acte à domicile, et d’une difficulté supplémentaire pour le repérer... Alors que seul un Français sur quatre en moyenne déclare avoir le réflexe d’appeler le 119 face à une suspicion de violence sur mineur, la vigilance doit redoubler pendant cette période de confinement.
La vigilance, c'est ce que prône également Patrice Germain, délégué départemental de l'association Enfance et Partage dans les Ardennes, “Déjà, en temps normal, on est confronté au peu de réactions des voisins ou de la société en général... Alors aujourd'hui, vous imaginez bien que dans un contexte où tout le monde est pris par la gestion de la crise du coronavirus et je le comprends très bien... Le confinement, c'est un problème supplémentaire pour les enfants maltraités.

Le confinement, c'est un problème supplémentaire pour les enfants maltraités
- Patrice Germain, Enfance et Partage


A la permanence de Charleville-Mézières, pas plus d'appels que d'habitude en ce vendredi 20 mars 2020 mais une inquiétude croissante et un appel à l'attention de tous. “Plus que jamais, les voisins, la famille, les proches... doivent être à l'écoute. Si on juge qu'il se passe des événements catastrophiques, il suffit d'appeler le 119 ou le 17 ! Il y va de la vie d'un enfant. La solidarité qui s'exprime à l'égard de notre personnel soignant doit aussi et en permanence s'exprimer à l'égard des enfants !

Il est hors de question que les enfants soient placés dans des situations de danger plus longues en raison de la crise sanitaire
- Mathieu Klein, Président du Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle


"Restez chez vous" peut-on entendre ! Mais comment faire quand les plus jeunes sont en danger chez eux ? “C'est évident que le confinement peut provoquer des tensions ou des violences intrafamiliales” rappelle Mathieu Klein, le président du Conseil Départemental de Meurthe-et-Moselle. “Mais nous sommes au rendez-vous” rappelle t-il concernant ses services qui ont notamment en charge la protection de l'enfance : “Il y a des liens téléphoniques avec les familles qui sont suivies et on peut se déplacer si on juge que c'est nécessaire. Les informations préoccupantes que nous pouvons recueillir sont également transmises au parquet. Lorsqu'un danger est imminent, nous maintenons la continuité de service public. Les professionnels de la cellule à l'enfance qui interviennent auprès des familles ne télétravaillent pas tous. L'intervention sociale à domicile a lieu lorsqu'elle est nécessaire. Le confinement et la crise du Covid 19 n'annulent pas l'intervention sociale indispensable au traitement des situations dangereuses. Il est hors de question que les enfants soient placés dans des situations de danger plus longues en raison de la crise sanitaire. L'objectif est que notre mode de fonctionnement soit le même. J'en appelle à la bienveillance et à la vigilance de tous et tout particulièrement des proches !

Dans le département voisin de la Meuse, même constat et même éxigence pour Floriant Souilliart. “Depuis le début du confinement, on a détecté une situation et un placement a été opéré“ précise le directeur Enfance Famille du Conseil Départemental. “Il y aura une continuité de service. Ce besoin est même renforcé étant donné le contexte lié au coronavirus et au confinement de parents avec des enfants”.
 

On reste opérationnel dans des conditions adaptées
- Floriant Souilliart, Direction Enfance Famille du Conseil Départemental de la Meuse


Comme dans tous les départements français, ces informations sont principalement recueillies au sein de la CRIP (Cellule départementale de Recueil des Informations Préoccupantes) par une équipe pluridisciplinaire qui évalue la situation et décide des orientations (administratives ou judiciaires) les plus appropriées. En cas de dangers ou de risques, elles peuvent aussi transmettre les informations sur un enfant directement au Parquet. “C'est un repérage des situations complexes” explique Floriant Souilliart, “et il se poursuit actuellement en garantissant la sécurité de nos agents malgré le Covid 19. On applique les gestes barrières. Nos travailleurs sociaux peuvent aussi évaluer des situations par téléphone avec des familles. Et si les gens ont des craintes sur certaines situations familiales, ils peuvent aussi continuer à contacter la CRIP. Une permanence et des astreintes sont assurées. On reste opérationnel dans des conditions adaptées. Nous allons traiter les situations les plus urgentes pour éviter les dégradations les plus importantes.

Des moyens et beaucoup d'ambition, les professionnels n'en manquent pas en cette période d'épidémie. L'incertitude des conséquences du confinement à moyen et long termes reste cependant très grande. “Ce que je crains” conclut Patrice Germain, délégué départemental Ardennes de l'association Enfance et Partage, “c'est de découvrir des événements lorsque la crise du coronavirus sera terminée. Quand les enfants pourront de nouveau sortir, aller à l'école, c'est là que la parole va se libérer. C'est souvent à l'école qu'ils se livrent et pour l'instant, tout est fermé.
 
Les associations de protection de l’enfance restent à l’écoute pendant le confinement :
- La Voix De l’Enfant : 01 56 96 03 00
- L’enfant Bleu – Enfants maltraités : 01 56 56 62 62
- Colosse aux pieds d’argile : 07 50 85 47 10
- Stop maltraitance / Enfance et Partage : 0 800 05 1234
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