La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a souhaité lundi que soient examinées des alternatives possibles au stockage profond des déchets radioactifs avant d'autoriser définitivement le projet de stockage à long terme prévu à Bure.
La ministre a confirmé sur France Inter que les dispositions concernant le projet de stockage géologique profond dans la Meuse, baptisé Cigéo, ne seraient "pas dans la loi" sur la transition énergétique dont les grandes lignes ont été présentées la semaine dernière. "Ma conviction profonde, c'est qu'on n'a pas examiné non plus toutes les alternatives à la technologie concernant le stockage des déchets radioactifs", a-t-elle ajouté. "Il y a notamment une technique de stockage par subsurface (à quelques dizaines de mètres de profondeur, ndlr) que je souhaiterais voir examinée avant de prendre des décisions irréversibles comme l'enfouissement souterrain de déchets radioactifs", a poursuivi le ministre.
Un laboratoire à 500 m de profondeur
Le projet Cigéo, mené pour l'essentiel au laboratoire souterrain de Bure, entre la Meuse et la Haute-Marne, prévoit d'implanter sur ce site à partir de 2025-2030 un "tombeau", à 500 mètres de profondeur, pour les résidus radioactifs les plus dangereux pour plusieurs dizaines de milliers d'années.L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), porteuse du projet, s'est dite, pour sa part, "prête à continuer de partager sur les différentes alternatives" pour expliquer notamment davantage le choix final d'un stockage géologique profond. La décision de stocker à quelque 500 mètres de profondeur les déchets radioactifs s'appuie sur des préconisations, notamment de l'Autorité de sûreté nucléaire, visant à garantir la sécurité définitive de ce stockage, rappelle la directrice générale de l'Andra, Marie-Claude Dupuis. Selon ces préconisations, "un entreposage en subsurface, c'est-à-dire jusqu'à 100 mètres, ne pourrait être qu'une solution d'attente", ajoute-t-elle.
Une phase pilote de 5 à 10 ans
Début mai, l'Andra avait pris acte des inquiétudes exprimées lors du débat public organisé en 2013 en promettant de retarder - un peu - l'arrivée des premiers "colis" radioactifs dans les sous-sols de Bure. Au lieu de la "mise en service industrielle" fixée jusqu'ici à 2025, elle prévoit maintenant une "phase industrielle pilote" de "5 à 10 ans" qui démarrerait avec des colis factices.Les associations opposées au projet ont notamment déploré l'absence de débat sur des solutions alternatives. En tout état de cause, a rappelé Ségolène Royal sur France Inter, une autre loi est nécessaire "avant 2016" pour préciser les modalités de fonctionnement du projet de stockage, et notamment la durée pendant laquelle les colis entreposés pourraient être éventuellement récupérés, si d'autres choix étaient faits par les générations futures.