Déconfinement : chats et chiens en Champagne-Ardenne n'attendent que vous

Les refuges pour animaux ont dû s'adapter pendant la pandémie. Pas de recrudescence notoire des abandons et un nombre d'adoptions dopé de manière inattendue par les réseaux sociaux. Explications.

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"Pomme nous a tapés dans l'oeil." Patricia habite un appartement à Troyes avec son mari, les enfants, qui sont grands, sont partis faire leur vie et, depuis trois ans, ce couple voulait adopter un chat. Mais au fil des mois et malgré la mobilisation de leurs amis, cela ne s’est pas fait.

 

"Quand on a entendu l’appel de détresse du président de la SPA à la télévision au début de la pandémie, ça nous a renforcés dans l’idée d’adopter", explique-t-elle. Patricia envoie donc des messages à la société protectrice des animaux, SPA, mais: "au bout de trois semaines, aucune nouvelle. J’ai été un peu déçue, je dois le reconnaître." Elle tombe alors sur l’école du chat, une association nationale qui s’occupe des chats partout en France et contacte par e-mail l’antenne auboise, installée à La-Chapelle-Saint-Luc, le dimanche précédent la fin du confinement.
 

Un protocole strict

Elle repère alors un spécimen sur le Facebook de l’école des chats qui tape littéralement dans l’œil du couple. "Dès le lendemain (soit le premier jour du déconfinement ndlr), j’ai été recontactée, raconte Patricia. En deux temps trois mouvements, je me retrouve au refuge, accueillie par la responsable des lieux. On refait un tour de piste mais mon choix s’arrête sur Pomme, âgée d’un an et trois mois. Les formalités accomplies, retour à la maison. C’est un animal qui nous correspond, calme, capable de vivre en appartement. On est ravis."

Mais alors que l'on tourne la page du confinement, tous les chats n'ont pas eu la même chance que Pomme. A l'école du chat de La-Chapelle-Saint-Luc il a fallu faire avec. Claude Gardziel a ouvert la structure en 1993 et vient en aide aux chats sur le terrain. "Pendant le confinement, nous avons mis en place les adoptions solidaires à partir du 16 avril, suite à la décision du gouvernement. Une bouffée d’air pur", explique cette militante passionnée de la cause animale.
 


Elle ajoute : "les gens avaient vu le message sur Facebook et, grâce à ce dispositif, nous avons pu placer huit chats dans la première semaine et une douzaine en tout sur la période." 

Le dispositif adopté a été celui communiqué par les services de l’Etat, ni plus ni moins : "les gens choisissaient sur internet, un ou deux chats, on répondait aux questions sur le comportement de l’animal, en retour on demandait des informations sur la famille d’accueil, si appartement ou maison, on affinait l’adoption."

 


La directrice explique : "On convenait d’un rendez-vous physique. Dans nos locaux, la règle était simple, une seule personne et sur un créneau horaire déterminé. J’étais alors la seule à accueillir l’adoptant. Il s’agissait lors de cette rencontre de voir s’il n’y avait pas d’erreur de casting. Pendant le confinement, il s’agissait d’éviter les euthanasies mais, dieu merci, il n’y en a pas eu de notre côté. La période a été d’autant plus délicate que la plupart des associations étaient fermées et le service de la fourrière aussi. Sur nos trois sites aubois, nous avons récupéré 126 chats, c’est du jamais-vu, dont certains sur la voie publique. Ce ne sont d’ailleurs pas des abandons, on en a très peu constaté."
 

10.000 demandes à la SPA au niveau national

Dans l’Aube, à Saint-Parre-aux-Tertres, se trouve l'un des 56 refuges de la SPA, la société protectrice des animaux"Seules six adoptions ont pu avoir lieu durant le confinement, explique Fabien Roussel, son responsable. Mais nous avons 30 dossiers en attente qui devraient déboucher sur une adoption", renchérit-il. Au niveau national ce ne sont pas moins de 10.000 demandes qui ont été enregistrées. Toutes, évidemment, ne déboucheront pas sur une adoption.
Saint-Parre-aux-Tertres, créé en 1963, ne fait pas partie des gros refuges en France mais, chaque année, on y compte en moyenne 300 adoptions tout de même.

Pendant la pandémie, nous n’avons pas été en surcapacité, nous pouvons accueillir 70 chiens et 30 chats
- Fabien Roussel, directeur de la SPA de l'Aube.


A l'association  Lisa, à Charleville-Mézières, il a fallu faire face à une situation délicate : "on a eu pas mal d’abandons de pauvres petits vieux", explique Sabrina la fondatrice de ce refuge, faisant référence aux chiens recueillis ici dans les Ardennes. "On a dû faire appel à des familles d’accueil au tout début du confinement."

 

Le refuge, crée il y a 26 ans, dispose de 40 places de chats et de 20 places pour les chiens. "Dès le confinement, on a reçu beaucoup d’appels de gens qui voulaient nous aider mais on a dû respecter les règles édictées par la préfecture. Aujourd’hui des gens nous contactent depuis des endroits qui sont à plus de 100 km dans le but d’adopter mais cela pose un problème car les déplacements pour cette cause ne sont pas prévus dans le système dérogatoire", se lamente Sabrina.

Pour attirer les familles d'accueil, l'association peut compter sur son image de marque selon sa fondatrice. "Les gens nous connaissent, on suit nos chiens jusqu’au bout, on place des molosses, des papys mamys, les gens savent qu’on est là, si ça ne va pas, on récupère l’animal, on leur conseille des éducateurs. On n’est pas juste là pour faire un contrat."
 

Bombe à retardement

Plus préoccupant, d’ici à un mois, il devrait y avoir un surcroit de chatons car, comme l'explique la responsable de l’école du chat, il n’y a pas eu de stérilisation.

Désormais, il est possible de revenir dans les locaux des associations afin de choisir son futur animal de compagnie mais avec toujours un certain nombre de mesures sanitaires. Le système de sélection par internet reste également ouvert.
 


Chats malades

L’autre problématique, c'est que circule sur le web des rumeurs selon lesquelles des chats seraient contaminés. Claude Gardziel est très vigilante à ce sujet : "Les gens posent des questions, si je nourris mon chat, est-ce risqué ou si je le caresse ou que je luis fais des bisous ? Ce qu’on leur dit, c’est qu'à moins d’être soi-même atteint de la maladie, il n’y a pas de risque."
 
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