En ce jour de réouverture des cafés et restaurants ce mardi 2 juin à Mulhouse et Strasbourg, les restaurateurs étaient prêts pour accueillir les clients. Des clients heureux, qui ont profité d’une météo ensoleillée. Les restaurateurs, eux, restent prudents sur l'avenir de la saison.
Clients et restaurateurs attendaient ce jour avec impatience. Ce mardi 2 juin, après deux mois et demi de fermeture, les cafés et restaurants peuvent enfin rouvrir, conformément à l'annonce du Premier ministre du jeudi 28 mai. Une réouverture sous contrainte sanitaire préparée avec minutie, sous un soleil estival. En fin de matinée les premiers clients s’installaient en terrasse pour commander leur menu ou boire un verre. Ambiance et tour d’horizon en images à Mulhouse et Strasbourg.
Maison Engelmann à Mulhouse
A midi la terrasse de l’Engel’s Coffee affichait une vingtaine de clients. « On revit. On retrouve nos terrasses et surtout on reprend contact avec des gens qu’on n’a pas vus depuis plus de deux mois. C’est des choses simples de la vie, tout simplement », se réjouit Stéphanie en compagnie de Catherine, une amie, une habituée des lieux comme elle.La serveuse retrouve ses réflexes et ne perd pas de temps pour servir les clients. En tout, une quarantaine d'entre eux ont réservé, soit la moitié de la capacité du restaurant. En terrasse, l’établissement n’a perdu que six places, malgré l'espacement des tables, grâce à une extension autorisée par la Ville. Le patron des lieux, Andrea Bon, se dit satisfait mais reste prudent. « Je suis dans un état d’esprit positif, on est content d’être là mais ils faut attendre encore un peu. On verra comment ça reprend, doucement, pas doucement, c’est l’inconnu ».
La Brasserie LC2
Rue Henriette, dans le centre-ville piétonnier de Mulhouse, le restaurant-brasserie LC2 est ouvert depuis 10 heures ce matin. Le patron, Hervé Barthelmebs, ne voulait pas manquer cette première journée de reprise après une préparation méticuleuse du protocole sanitaire : sens de circulation imposé en salle pour éviter le maximum de croisements, gel hydroalcoolique à l’entrée, rappel des gestes barrière, poubelle de récupération des masques usagés : « En terrasse on a pu garder une cinquantaine de places au lieu de 70. On a élargi sur les côtés avec l’accord du commerçant voisin. On découvre tout, on ne sait pas comment ça va se passer. Mais on très content de revoir les gens au bar et en terrasse », explique le maître des lieux, Hervé Barthelmebs. Pour midi une trentaine de clients a réservé, soit 30% du potentiel, plus les passages. La journée s'annonce plutôt bonne.« On a vu que c’était ouvert, c’est un restaurant qu’on fréquente habituellement, on en profite », se réjouit Lucas, un fidèle du LC2 content de retrouver l’ambiance chaleureuse du restaurant avec sa soeur et un ami.
Le Bar Guillaume Tell
La terrasse du bar Guillaume Tell, bien connue des Mulhousiens, a déployé ses tables et ses parasols Place de la Réunion, au pied du temple Saint-Etienne. Le soleil est de la partie pour accueillir et réchauffer les premiers clients, une quarantaine dès 11 heures ce matin. « A chaque fois qu’on vient à Mulhouse on vient ici pour boire notre bière. Ici les distances entre clients sont respectées, pas de problème », explique Marc en compagnie de son épouse.Les chaises doivent être espacées d'au moins un mètre, dos à dos. Pour préserver sa jauge, la terrasse s'est aggrandie de 100 m2 en empiétant sur l'espace public, avec l'autorisation de la Ville.
« C’est compliqué, les consignes ne sont pas toujours très claires. Normalement à midi quand il fait beau, on remplit, mais pour un début c’est bien. On verra ce soir », explique Mohamed Boumnijel, le responsable du café Guillaume Tell.
Le Winstub Factory
Au Winstub Factory, la terrasse tourne à 80% de ses capacités. Avec une cinquantaine de clients attablés, le patron s’estime heureux. Malheureusement cela risque de ne pas durer: « On a peur pour jeudi et vendredi à cause du mauvais temps annoncé. A l’intérieur on a réduit de 50% nos capacités. Autant sur la terrasse s'il fait beau, on est rassuré, autant à l’intérieur s’il pleut là on a un peu peur », explique le patron, Romain Schupp. Un avenir à court terme qui risque de s'assombrir si l'été ne tient pas ses promesses. Romain Schupp sera alors obligé de mettre la moitié du personnel en chômage partiel.
Le Café Brant
A Strasbourg, en plein cœur du quartier de la Neustadt, la terrasse du Café Brant a sorti ses parasols blancs. Bien espacées, les tables sont toutes occupées. « A vue de nez, on est plein », estime Jean-Noël Bron, le maître des lieux masqué, chemise blanche impeccable et front légèrement dégoulinant. C’est le coup de feu. On ne dérange pas plus longtemps. Mais tout le monde n’a pas choisi la terrasse ombragée. A l’intérieur, moins d’une dizaine de clients attablés, à l’image de la famille Hartmann réunie autour de leur doyenne Marie-Thérèse, 93 ans et demie : « il fait meilleur à l’intérieur qu’à l’extérieur ». Et son fils d’ajouter : « J’avais demandé soit une table bien à l’ombre, soit à l’intérieur. Ma maman est tout de même âgée. On a choisi cette adresse parce que c’est juste à côté de chez elle ». Même s’ils ont pu profiter d’un jardin durant le confinement, se retrouver tous ensemble autour d’une bonne table est un plaisir.
A quelques encablures de là, les terrasses de la place de la cathédrale sont toutes ressorties, mais les clients ne se bousculent pas encore, les touristes encore moins.
Le restaurant In Vino Veritas
In Vino Veritas, petit restaurant italien, niché à l’ombre de la cathédrale de Strasbourg, a pu s’étaler un peu : une petite dizaine de table est collée à l’édifice. Totalement inédit pour les clients du jour. Caroline reconnait que « la situation est exceptionnelle. Jamais je ne pensais déjeuner aussi proche de la cathédrale. Après, ce n’est pas d’ici qu’on a la meilleure vue. On est trop près ! ».En plein cœur de la grande île, la place du Marché Gayot, la PMG pour les intimes. Entièrement pavée et entourée de bars et de restaurants, cette place ne désemplit pas en temps normal. Aujourd’hui, il y a du monde à la terrasse de la Cantina mais pour le reste, c’est plutôt calme.
Le Gayot
Le bar Le Gayot, avec les mesures sanitaires, a perdu 60 places ; mais les 160 qui restent ne sont pas vraiment occupées. Baptiste Lavrat, le serveur, expérimente le travail masqué : « c’est vrai que ça tient chaud. Ca gratte et c’est compliqué quand on a une barbe ! ». Depuis l’ouverture ce matin, il n’y a pas foule. Stéphane Fabry, le directeur, reste positif : « ce soir et demain, ça va être de la folie !». Croisons les doigts pour eux. Le confinement et le manque à gagner de mars, avril et mai, « nos plus gros mois » confie-t-il, Stéphane Fabry a dû laisser 7 extras sur le carreau. Il scrute les bulletins météo. A partir de jeudi, chute des températures. « Si l’on doit rassembler toutes nos tables sous les parasols et remettre les chauffages, je vais encore perdre un tiers de ma terrasse » souffle-t-il.