Deux pompiers qui sont intervenus le jour de la mort de Céline Gillet, le 3 janvier 2012, ont témoigné à la barre ce mercredi.
Des contusions sur le visage, mais aucune lésion thoraciques. Ce sont ces constatations qui attirent l'attention de la cour d'assises de la Reims, ce mercredi 14 avril dans l'après-midi. Après un début de procès exclusivement consacré à l'affaire Anaïs Guillaume, les jurés s'intéressent désormais aux circonstances troubles du décès de Céline Gillet, l'épouse de Philippe Gillet, accusé de "violences ayant entraîné la mort" de sa femme, écrasée par une vache le 3 janvier 2012. Sauf que cette version est remise en question. Le premier pompier appelé à témoigner se souvient de Céline Gillet "en arrêt cardio respiratoire" et de "monsieur Gillet" qui "était… en situation… très énervé. En situation d'angoisse. On l'avait pris en charge et emmené chez sa mère, pour s'assurer qu'il s'était calmé." Mais surtout, c'est l'absence de lésion sur le thorax de la victime qui interroge. "La cage thoracique n'était pas endommagée ?", demande la présidente. "Non, pas de traumatisme", tranche le sapeur-pompier. "Il n'y a que le visage qui est tuméfié ?", reprend Hélène Langlois. "Oui." Même interrogation de la seconde pompière qui est intervenue ce jour-là. Elle ne constate aucune lésion traumatique. "C'est pour ça que ça m'a un peu contrariée. Une femme était partie et je me disais que ce n'était pas normal. Si une vache l'avait écrasée, il y aurait des traces."
Enfin, le docteur Spitakis exprime également ses doutes quant aux circonstances de la mort de Céline Gillet. "Quelles sont les causes de la mort de Céline Gillet ?", s'enquiert la présidente. "Je vais vous dire une chose : pour moi, il y aurait dû y avoir une autopsie. Il n'y en a pas eu et je le regrette fortement. Seule une autopsie aurait pu déterminer les causes du décès. A l'hôpital, ils ont considéré que c'était un accident. Personnellement, à leur place, j'aurais dit : 'je vous demande une autopsie, sinon je ne serai en mesure de répondre à aucune question'". "Vous n'êtes donc pas en mesure de répondre à cette question ?", rebondit Hélène Langlois. "Non", conclut le spécialiste. Voici ce qu'il fallait retenir de cette septième journée d'audience.
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- Le témoignage poignant de Valérie Guillaume, la mère d'Anaïs, à la barre ce mercredi. Des pleurs, sur le banc des parties civiles et dans le public. Valérie Guillaume est la première à se présenter à la barre ce mercredi. Droite, le ton assuré, elle a dressé un portrait aimant de sa fille, qui avait "une joie de vivre" et une "passion inconditionnelle pour les animaux". Puis Anaïs signe un contrat dans l'exploitation de Philippe Gillet, aujourd'hui accusé de l'avoir assassinée. "Au début tout allait très bien, se souvient Valérie Guillaume. Mais j'étais farouchement en colère face à cette relation. Je lui ai dit cet homme est marié, il a deux enfants, ça ne mènera à rien." Mère et fille ne s'entendent plus, mais ne rompent pas les liens pour autant. "Comme on se disputait beaucoup, monsieur Gillet a convaincu Anaïs de prendre un appartement en se portant garant. C'est bon, il l'avait définitivement sous son emprise." Après 45 minutes de déposition, la présidente du tribunal propose à Valérie Guillaume de faire une pause. "Ça va aller, je veux continuer, assure-t-elle. Si vous avez des questions, allez-y, je suis prête."
- Philippe Gillet clame toujours son innocence. C'est un accusé méconnaissable qui a fait son entrée dans son box, le 6 avril. Après une longue énumération des faits qui lui sont reprochés, la présidente du tribunal, Hélène Langlois, a demandé à l'agriculteur ardennais quelle était sa position. "Je m'oppose à ce qui m'est reproché", a-t-il répondu d'un ton vif. À ce jour, il a passé plus de cinq ans en détention.
- Le délibéré est attendu la semaine du 19 avril. Au terme de trois semaines d'un procès hors norme, les jurés devront se prononcer sur la culpabilité de Philippe Gillet. En première instance, l'exploitant ardennais avait été acquitté concernant sa femme, mais reconnu coupable du meurtre (et non de l'assassinat) d'Anaïs. Condamné à 22 ans de réclusion criminelle, une peine non prévue par le code pénal, le parquet avait fait appel du verdict.