Divisés, les socialistes de l'Est campent chacun sur leurs positions

La gauche sera représentée dans le futur conseil régional de l'ACAL. Après une semaine de chahut au PS entre les tenants d'un retrait de la liste pour faire barrage au FN et ceux qui prônaient le maintien, la crise couve toujours.


La gauche sera représentée dans le futur conseil régional de l'ACAL. Après une semaine de chahut au PS entre les tenants d'un retrait de la liste pour faire barrage au FN et ceux qui pronaient le maintien, la crise couve toujours. ©France 3 Alsace

Fallait-il maintenir la liste PS ou se retirer pour faire barrage au FN? Après la victoire de la droite dans le Grand Est, les tenants d'une thèse comme de l'autre campent sur leurs positions, mais cherchent à tourner la page. La décision du candidat PS Jean-Pierre Masseret de se maintenir au second tour dans une triangulaire à risque s'est finalement soldée par une victoire haut la main du candidat LR-UDI-MoDem Philippe Richert, dix points devant le frontiste Florian Philippot.

Elle clôt une semaine de psychodrame, de pressions de la direction du Parti socialiste et du Premier ministre Manuel Valls appelant au retrait de la liste PS, pour ne pas servir de "marche-pied du FN", et le désaveu, encouragé par la rue de Solférino, de 71 de ses colistiers qui n'a pas suffi à saborder sa liste. Au bout du compte, avec un score assez proche des 16,11% obtenus au premier tour (15,5%) la liste Masseret a obtenu 19 élus sur les 169 conseillers que comptera l'assemblée d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. 

Après avoir triomphé dimanche soir, allant jusqu'à qualifier son équipe de "lumières dans l'obscurité du PS", M. Masseret estime désormais qu'il n'a pas à faire pénitence: "Je n'ai ni à aller à Canossa, ni à faire le fanfaron." "J'ai pris une responsabilité: ça a fonctionné, mais pas sans dégât", a-t-il confié à l'AFP. "Si nous n'avions pas appelé à voter Richert et à faire le front républicain, aujourd'hui, nous aurions Philippot" à la présidence de la région, rétorque Julien Vaillant, tête de liste en Meurthe-et-Moselle qui avait ardemment appelé au retrait.
"La responsabilité de certains a pu peut-être permettre à d'autres de s'offrir le luxe de dire autre chose", avait-il attaqué dès dimanche soir.
Jean-Pierre Masseret "a conservé une partie de ses électeurs, et a sans doute aussi bénéficié d'un léger appoint des abstentionnistes", analyse Jean-Yves Cann, de l'institut de sondage Elabe.

Siéger ou démissionner ?

Mais la liste Masseret, qui a volontiers surfé sur le côté "anti-appareil", a aussi séduit des électeurs issus de "la gauche de la gauche",
selon le directeur des études politiques d'Elabe. Un sondage réalisé par Elabe entre les deux tours montrait que la consigne du "front républicain" lancée par la direction du PS était très mal suivie par "les électeurs de la gauche de la gauche", remarque M. Cann: "Près de 7 électeurs sur 10 du Front de Gauche déclaraient une intention de vote pour Masseret. Et compte tenu de son score, c'est assez vérifié." C'était également le cas d'un tiers des électeurs de la liste écologiste au premier tour.

A l'inverse, l'institut avait estimé que les appels à voter Richert lancés par les ténors du parti en Alsace et par le gouvernement seraient suivis par la moitié des électeurs de la liste Masseret au premier tour. Pour les 19 élus de la liste Masseret --et notamment les neuf élus "malgré eux" après avoir demandé en vain le retrait de la liste-- se posait lundi la question "de conscience": siéger ou démissionner ? Selon un responsable socialiste de la région, plusieurs scénarios se dessinent, dont le plus probable est qu'il y ait deux groupes: un divers gauche --celui de M. Masseret-- et un socialiste. Les autres scénarios --une démission en bloc des neuf "malgré eux" ou bien celle de Jean-Pierre Masseret-- sont peu envisageables.

"Si je suis en cohérence avec moi-même, je démissionne. Mais on va prendre un temps de réflexion avec l'ensemble des colistiers", confiait dès dimanche soir Brigitte Vaïsse, qui faisait partie des colistiers à s'être désistés en vain. Rue de Solférino, l'heure semblait à l'apaisement. Jean-Pierre Masseret sera-t-il sanctionné comme l'avait menacé le PS? "On n'est pas dans cet état d'esprit", estimait lundi un responsable socialiste, en jugeant qu'il y avait pour le moment "bien d'autres questions à traiter" que celle du sort des 19 élus de la liste Masseret.
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