La crise sanitaire de la Covid a mis en lumière la dépendance de la France face à certains produits et composants d’importation. Le salon Sepem-Industries de Colmar veut être l'occasion pour 500 industriels locaux, de faire connaitre leurs savoir-faire ou de les valoriser.
La huitième édition du salon SEPEM-Industries sera sans aucun doute très différente des précédentes. "D'abord c'est le premier salon à rouvrir en France depuis le début de la crise sanitaire" se réjouit l'organisateur du salon, Philippe Dutheil "et c'est un signe de redémarrage."
La parc des expositions de Colmar accueille le Salon des Industries du 15 au 17 juin, et les exposants comptent bien profiter du regain d’intérêt observé dans le monde pour mettre en avant leurs capacités de productions locales.
Parmi les industriels présents, certains ont des enseignes très connues, d'autres moins et pour eux, c'est "l'occasion à ne pas rater" comme l'explique Jean-Michel Pierre de la société Alsacienne de Mécanique d'Epfig. L'entreprise est spécialisée dans le démontage, remontage et la modification de machines d'industrie. Elle participe à ce salon depuis sa création en 2007. « Nous sommes tout petit, nous sommes cinq dans l’entreprise, nous n'avons pas de site internet, nous sommes uniquement connus par le bouche-à-oreille. Ce salon est le seul que nous faisons, et il est important d’y être, car nous y trouvons des contacts directs et proches, ce qui est très intéressant. Chaque salon nous rapporte un ou deux grands marchés dans l'année qui suit." Cette année, la moisson pourrait être encore meilleure, car une tendance s'est clairement développée selon l'industriel : "Aujourd'hui dans les sociétés, on sent que les gens privilégient davantage le local. Ça leur permet de voir ceux avec qui ils travaillent. Avant le covid ils faisaient appel beaucoup plus systématiquement à une société de l’autre bout de la planète."
Mais désormais, les grandes sociétés aussi s'intéressent davantage aux capacités de productions régionales. "Je ne sais pas encore qui viendra exactement cette année" précise le commissaire du salon, "mais les visiteurs sont des industriels, des services de production, des gros fabriquants régionaux. Ils veulent rencontrer de nouveaux partenaires, susceptibles de leur permettre de relocaliser leurs productions, ce qui est économiquement et écologiquement mieux adaptés à leurs exigences."
Les industriels veulent rencontrer de nouveaux partenaires, susceptibles de leur permettre de relocaliser leur production.
Jean-Michel Pierre, qui se qualifie lui-même de "petit industriel" voit un autre avantage au salon de Colmar : « On y rencontre des responsables de collectivités, des services techniques de villes ou compagnies de transports qui ne nous connaîtraient pas sans cela. Ça nous ouvre des possibilités et là, on est dans le local absolu.»
Pour le responsable commercial de Electro-Rhin, un distributeur de matériel électrique industriel basé à Illkirch-Graffenstaden, la crise sanitaire a encore un autre effet sur les industries locales, dont ce salon pourrait être un révélateur. "Aujourd'hui nous attirons l'intérêt des entreprises qui ont dû arrêter leurs machines pendant la crise. Des machines arrêtées pendant des mois nécessitent de la maintenance pour se remettre en route. Quand elles n'ont pas fonctionné pendant un certain temps elles ne redémarrent pas simplement. Il y a beaucoup de projets en stand bye à cause de cette crise et des machines arrêtées." C'est là que son entreprise va pouvoir intervenir et "le salon sera la vitrine de notre savoir-faire".
Valoriser et faire adopter le savoir-faire local ou du moins de proximité, après une crise sanitaire qui a révélé trop de dépendances vis à vis de pays lointains, semble logique, mais l'industriel d'Epfig prévient que tout n'est pas acquis, loin de là. "La volonté de relocaliser est encore trop peu soutenue" regrette cet entrepreneur. « Malheureusement les appels d’offres restent mondiaux, alors qu'on pourrait privilégier la fabrication française, mais le gouvernement ne le fait pas. On a vécu le manque de masques et de gel, mais on n’a pas changé réellement grand chose après ce constat." Et s'il rajoute, amer : « On est en train de tuer l’industrie en France. Malgré l’intérêt pour une production plus proche et des relocalisations depuis la crise, trop de sociétés continuent à quitter le pays pour aller s’installer dans les pays de l’Est ou du Maghreb."
A quel point, le salon de Colmar, consacré aux Industries du Grand Est (et à quelques enseignes allemandes et suisses proches de la frontière) sera-t-il bénéfique aux industries locales et de proximité ? On ne le saura pas tout de suite. Mais braquer les projecteurs sur les sites locaux de production industrielle rendra leurs savoir-faire plus visibles aux décideurs. Ce rendez-vous du 15 au 17 juin 2021 sera probablement un premier pas important, après lequel, beaucoup restera à faire.