Le gestionnaire du réseau électrique a prévenu que la situation allait être délicate cet hiver. Plusieurs réacteurs nucléaires sont à l'arrêt. Les deux centrales de Champagne-Ardenne, de Chooz et de Nogent-sur-Seine, fonctionnent elles normalement.
La sécurité électrique en France sera "plus délicate" à assurer cet hiver que les précédents, à cause de l'arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires, et en cas de vagues de froid importantes, des "mesures exceptionnelles" pourraient être nécessaires, a prévenu mardi RTE (Réseau transport d'électricité).
Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité indique qu'il pourrait notamment, le matin et le soir, interrompre l'approvisionnement de 21 sites industriels très consommateurs de courant ou encore réduire la tension sur le réseau "sans interrompre l'alimentation (en courant) des Français".
Des coupures possibles
"En ultime solution", RTE envisage aussi des "délestages programmés, momentanés et tournants" qui permettraient "de maintenir l'électricité du plus grand nombre de clients possibles", détaille l'entreprise dans un communiqué."Nous avons placé cet hiver sous le signe d'une forte vigilance", a déclaré François Brottes, président du directoire de RTE, lors d'une conférence de presse.
La sécurité d'approvisionnement électrique est particulièrement sensible, en France, l'hiver, du fait de la place importante de l'électricité dans le chauffage des Français.
Hors vagues de froid importantes et durables, RTE assure que "le développement des énergies renouvelables, des capacités d'importation, de l'effacement et des économies d'énergie, va toutefois permettre de compenser en partie la baisse globale de production de sites nucléaires".
Neuf réacteurs indisponibles
Mais "avec l'équivalent de neuf réacteurs nucléaires indisponibles en moyenne sur l'hiver, c'est le niveau de disponibilité le plus faible depuis 10 ans", explique RTE.Près de vingt réacteurs nucléaire sur les 58 d'EDF sont actuellement à l'arrêt dont douze pour des contrôles de sûreté demandés par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Au total, l'Hexagone comptera 11 300 mégawatts en moins de capacités de production (nucléaire, renouvelables, gaz, charbon, etc.), dont 10 000 MW du fait du recul de la disponibilité du parc nucléaire.
L'éolien et le solaire photovoltaïque apporteront 1 900 MW supplémentaires potentiels par rapport à l'an dernier pour un parc total de 18 000 MW.
Les capacités maximales d'importation sont de 12 200 MW, en hausse de 30%, tandis que les capacités d'effacement (réduction volontaire par certains clients de leur consommation d'électricité) s'élèvent à 3 000 MW, comme l'an dernier.
Un dispositif d'"alerte citoyen" lancé
En cas d'hiver particulièrement froid, c'est-à-dire avec des températures inférieures de 3 degrés par rapport aux normales saisonnières, RTE entend donc mettre en place des mesures pour "préserver l'alimentation électrique des Français" le matin entre 8 heures et 13 heures, et le soir entre 18 heures et 20 heures les jours ouvrés.Les mesures exceptionnelles prévues seraient alors "graduellement" mises en place.
Dans un premier temps, le gestionnaire du réseau de transport prévoit un "dispositif" interrompant "la consommation de 21 sites électro-intensifs volontaires". Cela permettrait de réduire "ponctuellement" les besoins de 1 500 MW.
#Hiver2016 RTE lancera le 5/12 un dispositif d’alerte citoyen via #éCO2mixRTE : le consommateur contribuera ainsi à la sécurité électrique.
— RTE (@rte_france) 8 novembre 2016
Si nécessaire, RTE pourrait ensuite abaisser la tension de 5% sur le réseau, ce qui réduirait la consommation de l'Hexagone de l'équivalent du Grand Paris, avant d'envisager des délestages, "en cas de déséquilibres extrêmes entre la consommation et la production".
Le gestionnaire du réseau lancera également le 5 décembre un nouveau dispositif "d'alerte citoyen", via l'application téléphonique Eco2mix, qui préviendra les consommateurs en cas de tension sur le réseau pour les inciter à réduire ou reporter leur consommation.