"Fessenheim, le début de la fin du nucléaire" : trois raisons de regarder le documentaire

Le 22 février 2020 a été arrêté le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim. En juin ce sera au tour du réacteur 2. C'est le début d'un long processus. Voici trois raisons de regarder "Fessenheim, le début de la fin du nucléaire" de Jean-Charles Deniau. 

François Hollande a tranché. Le 22 février 2020, un terme défintif a été mis au débat entre pro et anti-nucléaires: le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim a été arrêté. En juin, si les conditions le permettent, ce sera au tour du réacteur 2 d'être arrêté, mettant ainsi fin à plus de qurante années d'exploitation de la centrale. 

Voici trois bonnes raisons de regarder Fessenheim, le début de la fin du nucléaire, un documentaire de Jean-Charles Deniau.

1- Pour comprendre le principe la précaution

Que l'on soit pro ou anti-nucléaire, on peut tous se ranger derrière le principe de précaution, c'est peut-être une leçon que la crise sanitaire du coronavirus nous aura appris. Encore faut-il s'entendre sur le risque que l'on encourt. Peut-on craindre un tremblement de terre, comme celui de Bâle en 1356, que l'on a ressenti à Fessenheim ? Doit-on avoir peur de l'usure ou des malfaçons - se souvenir de l'affaire des Forges du Creusot - sur les matériaux de construction ? Doit-on redouter un acte de malveillance, à l'instar de ce que Greenpeace dénonce depuis plusieurs années, mis en scène dans une action spectaculaire de mars 2014 ? Un incident sérieux sur le circuit de refroidissement ou encore une erreur humaine ? 

J'entends dire tout et n'importe quoi: que c'est une passoire, que ça fuit de partout, que ça va nous péter à la gueule! La plupart des gens qui disent ça n'y connaissent rien. 
- Jean-Luc Cardoso, délégué CGT centrale de Fessenheim

Le président de la République François Hollande a mis en terme en 2012 au débat et a annoncé la fermeture la centrale de Fessenheim avant la fin de son mandat. C'est finalement son successeur Emmanuel Macron qui achèvera la procédure d'arrêt de la production énergétique de la centrale alsacienne le 22 février 2020. Principe de précaution adopté.

Même si certains n'y voient qu'une manière de se verdir artificiellement ou de faire taire les militants écolos, le résultat est là. 

On nous sacrifie sur l'autel de l'environnementalisme à tout crin ; (...) on essaye de se verdir.
- Claude Brender, maire de Fessenheim


2- Afin de concevoir un modèle à reproduire

Même s'il existe un précédent de démantèlement avec celui de la centrale de Chooz dans les Ardennes, il a été semé de tant d'embûches qu'il ne peut servir d'exemple. Fessenheim doit devenir un laboratoire sur le plan des processus, des durées de décontamination précises des déchets radioactifs dans les piscines de refroidissement, et après leur refroidissement. Il doit permettre aussi de savoir quoi faire des matériaux contaminés. 

C'est une occasion unique pour faire un projet du démantèlement du premier et du second réacteur; cela pourrait servir de base de données pour les laboratoires pour connaître le vieillissement exact de toutes les parties du réacteur.
- Thierry de Larochelambert, docteur en énbergie, agrégé de physique et de chimie

Ce démantèlement doit également produire un modèle de reconversion et d'accompagnement des personnels de la centrale et des sociétés sous-traitantes. Il doit enfin prouver aux communes et aux collectivités territoriales qu'il existe une vie après, sans la manne que représentent les taxes payées par EDF : à Fessenheim, la communauté de communes perçoit huit fois plus de ressources que des communautés équivalentes et le quart de la population vit directement ou indirectement de la centrale.Les idées ne manquent pas: faire du site un technocentre consacré à la reconversion des personnels, mais également un lieu de traitement de tout ou partie des déchets produits par le démantèlement de la centrale. Ou encore un centre de recherche pour déterminer les usages possibles des aciers plus ou moins radioactifs après refonte.

Vous pourriez alors avoir chez vous une poêle à frire ou une table basse qui répond à de très faibles taux de radiation. Un lampadaire ou des couverts.
- Jean-Marie Brom, directeur de recherches CNRS, membre de Réseau Sortir du nucléaire.


Par-dessus tout, ce démantèlement devrait pouvoir donner une idée du coût réel d'un tel procédé. EDF estime actuellement le coût entre 350 et 400 millions d'euros et a négocié une indemnité de l'Etat de 400 millions d'euros pour couvrir les frais de démantèlement et de reconversion du personnel. On sait qu'en Allemagne, la facture se chiffre en réalité entre 1 et 1,2 milliard d'euros. Le risque est donc de demander à l'Etat, après coup, de combler la différence et de se servir de cette gabegie pour éviter de démanteler les autres centrales au motif que cela revient trop cher...

Sans compter un dédommagement, calculé sur la base hypothétique de ce que la centrale aurait pu produire jusqu'en 2041 - sans faire les dépenses nécessaires et obligatoires depuis 2012 (cf les diesel d'ultime secours) à la sécurité de la centrale, pour lesquelles elle a obtenu dérogation du fait de son arrêt imminent.

 

On a un exploitant industriel qui demande le beurre et l'argent du beurre ! Ne pas réaliser les travaux de sûreté requis pour poursuivre le fonctionnement du réacteur et demander une indemnisation en postulant que ses réacteurs auraient pu fonctionner vingt ans de plus. 
- Charlotte Mijeon, porte parole Réseau Sortir du nucléaire.


3- Parce qu'il faut penser aux générations futures

Comme en Suisse et en Allemagne qui ont imaginé des politiques énergétiques hors nucléaire, la France pourrait chercher à fermer son parc nucléaire progressivement et se tourner vers d'autres énergies. Emmanuel Macron a d'ailleurs annoncé la fermeture de douze autres réacteurs sur les 56 que compte la France aujourd'hui pour 2035. Les centrales auront alors toutes entre 40 et 50 ans d'exploitation. Il s'agit là de décisions politiques fortes. Des décisions difficiles à prendre sur le plan financier, économique et en termes d'autonomie énergétique. Mais une façon de limiter la production de nouveaux déchets nucléaires, que de nombreuses générations après nous devront continuer à gérer.

Ne rêvons pas, on ne retournera jamais à l'herbe; on ne pourra jamais faire de pique-nique là où il y avait une centrale. Ça doit rester surveillé pendant des centaines d'années.
- Jean-Marie Brom, directeur de recherches CNRS, membre de Réseau Sortir du nucléaire.

Les militants anti-nucléaire de part et d'autre des frontières le savent, qui continueront à manifester pour une gestion réaliste des déchets radiocatifs. Au cas, où la science, dans 30 ou 300 ans découvre enfin une solution pour les faire disparaître en limitant les risques pour l'homme et sa planète. Un autre principe de précaution? 

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