Centrale nucléaire de Fessenheim : le réacteur n°1 définitivement débranché du réseau électrique national

L'arrêt du premier des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (68), vers 2h du matin dans la nuit de vendredi à samedi, s'est déroulé finalement sans encombres. Certains salariés menaçaient de ne pas appliquer la procédure. Le point final à des années de débats et de reports.

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L'arrêt du premier des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim, dans la nuit de vendredi à samedi, est une victoire pour les anti-nucléaire mais une hérésie pour les salariés et les habitants de la petite commune haut-rhinoise, qui ne comprennent pas cette décision.
 

 

Extinction définitive


Opposés à la fermeture de ce premier réacteur, avant l'arrêt du second le 30 juin, certains salariés menaçaient de désobéir et de ne pas appliquer les procédures permettant son arrêt et le découplage du réseau électrique national.
 
Tout s'est finalement déroulé sans anicroches. "Le réacteur a été débranché vers 02H00 du matin et il faut saluer le travail remarquable des équipes, ça a été un moment très fort en émotion dans la salle de commande", a-t-on précisé du côté d'EDF. "La procédure s'est déroulée sans aucun problème".
 

Ce processus s'apparentait à un arrêt de maintenance, sauf que cette fois le réacteur ne sera pas relancé, au grand dam des salariés et des habitants de la région, très attachés à la centrale, qui générait près de 2.000 emplois directs, indirects et induits.

C'était comme une veillée funèbre
-Alain Besserer, délégué syndical FO-


Si techniquement tout s'est bien passé. Humainement c'est une autre histoire. Joint pat téléphone, Alain Besserer, délégué syndical FO à Fessenheim, était présent la nuit dernière. "C'était surréaliste, l'atmosphère était pesante, très concentrée, très triste à la fois. C'est comme si on assistait à la disparition d'un proche. Une veillée funèbre."  Une trentaine de salariés étaient présents.
 

Marche funèbre ...


Claude Brender, le maire de la commune, a d'ailleurs, lui aussi, dénoncé une "euthanasie" hier soir lors d'une réunion de soutien aux salariés, au coeur du village. "On tue une machine qui aurait pu tourner encore 20 ans et on ne sait toujours pas pourquoi."  

Accompagné d'une quarantaine d'élus locaux, il était ce samedi matin au pied de la centrale pour réclamer que l'Etat n'abandonne pas ce territoire abreuvé depuis 40 ans par les taxes versées par EDF. Ils redoutent que des centaines de familles dotées de revenus confortables ne le quittent. Une conférence de presse a ensuite été organisée.
 

De son côté le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger a dénoncé les : "Quelques lobbyistes écologistes qui ont su faire de Fessenheim leur cible."  Les élus seront suivis dans l'après-midi par des associations pro-nucléaire qui veulent "protester contre cet acte de vandalisme climatique et environnemental".
   

... et célébration transfrontalière


Les anti-nucléaire, eux, sont bien évidemment satisfaits de cette première étape vers la fermeture de la centrale qu'ils espéraient depuis des années.  "L'arrêt de cette centrale moribonde est un motif de célébration transfrontalière, mais pas un motif de triomphe", le combustible radioactif restant présent encore plusieurs années sur place, a commenté l'association écologiste allemande Bund, qui s'oppose depuis des années à cette centrale.
 
A Colmar, à quelques dizaines de kilomètres de la centrale, les anti-nucléaire de l'association Stop Fessenheim ont accroché ce matin une banderole sur la place devant la gare sur laquelle est écrit "Vive l'Alsace... sans nucléaire !"
 


L'évacuation du combustible de la centrale sera, selon le calendrier prévu, achevée en 2023. Ensuite doit se poursuivre la phase de préparation au démantèlement, processus inédit en France à l'échelle d'une centrale entière qui devrait commencer à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.
 


La fin d'une longue histoire


L'opération d'arrêt du réacteur met un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, mise en service en 1977. Bâtie à la frontière entre la France et l'Allemagne, non loin de la Suisse, la centrale est devenue au fil des années le symbole de tous les dangers de l'atome pour les anti-nucléaire des trois pays, qui n'ont cessé de pointer, outre le vieillissement qui complexifierait le remplacement de certaines pièces, une situation en contrebas du grand canal d'Alsace et dans une région à la sismicité avérée.

Des critiques qui se sont intensifiées après la catastrophe de Fukushima, en mars 2011 au Japon.
  

 "Aucune perte d'emploi" 


La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, venue hier rencontrer les élus à Colmar, avant de brièvement passer à Fessenheim saluer quelques commerçants, a promis qu'il n'y aurait "aucune perte d'emploi". Pour rappel, la centrale de Fessenheim génère près de 2000 emplois directs, indirect et induits.  EDF emploie directement 850 salariés qui devraient tous bénéficier de mobilités au sein du réseau. 650 se disent déjà prêts à partir même si Alain Besserer, délégué syndical FO, parle de "déracinement"
 
Elle a confirmé la volonté de l'Etat de créer à Fessenheim "un centre d'excellence du démantèlement nucléaire, s'appuyant sur un Technocentre pour le recyclage des matériaux métalliques". Pour Matignon, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire - actuellement de 70%, la plus importante au monde - et une augmentation de celle de l'électricité d'origine renouvelable.

Douze réacteurs supplémentaires, sur les 58 que compte la France, doivent être arrêtés d'ici 2035, sans toutefois conduire à des fermetures complètes de centrales comme à Fessenheim.

    
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