Le conseil d'administration d'EDF a rejeté jeudi après-midi la demande d'abrogation de l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim. Les salariés qui manifestaient à Paris considèrent cette décision comme une victoire.
L'une des promesses-phare de la campagne de François Hollande ne sera pas tenue.La demande d'abrogation de l'autorisation d'exploiter la doyenne des centrales françaises ne sera pas prise immédiatement mais EDF devra l'"adresser (à l'Etat, ndlr) dans les six mois précédant" la mise en service de l'EPR de Flamanville, prévue à l'horizon 2019.
Le Conseil d'administration d'EDF a différé la fermeture de la centrale nucléaire
•
©France 3 Alsace
Les premières réactions au report de la fermeture de Fessenheim
Les sénateurs haut-rhinois Catherine Troendlé, Jean-Marie Bockel et René Danesi "se félicitent que la raison l’ait emporté sur les passions ! C’était une promesse démagogique d’un candidat alors en mal de majorité, désireux de rallier à lui les écologistes, au mépris des intérêts fondamentaux de notre pays et de la politique énergétique héritée du Général de Gaulle."
Le tweet du PS de Mulhouse
On se sera moqué de nous jusqu'au bout ! Stop nucléaire ! https://t.co/wXslF3VInT
— PS Mulhouse (@ps_mulhouse) April 6, 2017
"Ce vote est une bonne nouvelle", pour Eric Straumann, président (LR) du Conseil départemental du Haut-Rhin, "le processus de fermeture précipitée et électoraliste voulu par le Gouvernement et conduit une nouvelle fois sur le dos de l’Alsace est stoppé."
Jean Rottner salue "une décision courageuse" pour qui "L’Alsace aura payé un lourd tribut au quinquennat de François Hollande, un quinquennat de mépris qui se solde aujourd’hui par cet ultime revers politique"
Les membres du conseil d'administration de l'électricien ont eu droit à un comité d'accueil. A l'appel de l'intersyndicale CGT, CFDT, FO et CFE-CGC, les salariés de la doyenne des centrales françaises se sont mobilisés à Paris pour dire non à sa fermeture, qui selon eux, est préjudiciable à quelque 2.200 emplois directs et indirects.
Ils ont été rejoints par des agents venus d'autres centrales nucléaires, à l'initiative de la CGT, pour un rassemblement à 12H00 place des Ternes à Paris, à deux pas du siège d'EDF.
Les six administrateurs salariés, sur les dix-huit membres du conseil, avaient décidé de voter contre la demande d'abrogation d'autorisation d'exploiter la centrale. Celle-ci requiert un vote à la majorité simple, et son issue dépendait de la position des six administrateurs indépendants, parmi lesquels le PDG Jean-Bernard Lévy dont la voix est prépondérante en cas d'égalité.
En situation de conflit d'intérêts, les six représentants de l'Etat ne devaient pas se prononcer, puisque le groupe est détenu à 83,10% par des capitaux publics.
Déjà, l'approbation du conseil sur l'indemnisation d'environ 489 millions d'euros (assorti d'une éventuelle compensation pour le manque à gagner jusqu'en 2041) que versera l'Etat à EDF pour fermer la centrale, avait été obtenu de justesse en janvier, grâce à la voix prépondérante du PDG.
"Un seul administrateur indépendant peut faire basculer le vote", résumait une source proche du dossier. Or, certains d'entre eux s'interrogaient sur l'opportunité d'engager avant l'élection présidentielle une procédure de fermeture - réclamée depuis des années par les écologistes - alors que les candidats sont partagés sur la nécessité de fermer l'installation, ont indiqué plusieurs sources au fait des discussions.
Royal met en garde
Mercredi soir, la ministre de l'Energie Ségolène Royal est montée au créneau pour les mettre en garde, alors que certains "seraient tentés de remettre en cause leur décision du précédent conseil d'administration pour ajouter de nouvelles conditions", a déclaré Mme Royal à l'AFP, inquiète d'un nouveau retard dans la prise du décret qui mettra fin à l'autorisation d'exploiter la centrale.
En approuvant le protocole d'indemnisation d'EDF pour la fermeture de la centrale en janvier, les administrateurs avaient en effet, selon un communiqué du groupe, "subordonné" la présentation de cette demande d'abrogation d'exploitation de la centrale à seulement trois conditions, qui ont toutes été remplies.
Nouvelle condition ?
Mais désormais, un nouveau scénario a émergé qui accorderait une nouvelle marge de manoeuvre à EDF et serait censé "convaincre les administrateurs", a indiqué une de ces sources au fait des discussions à l'AFP.
La centrale alsacienne ne fermerait pas si la capacité de production nucléaire française était amenée à baisser en dessous du plafond prévu par la loi, par exemple dans le cas d'une indisponibilité d'un réacteur sur une longue durée.
La loi sur la transition énergétique plafonne en effet les capacités de production nucléaire à leur niveau actuel de 63,2 gigawatts. C'est d'ailleurs pour cela que l'arrêt des deux réacteurs de Fessenheim doit en principe intervenir au moment où l'EPR en construction à Flamanville doit entrer en service, soit à l'horizon 2019.
Le #Fessenheim a été très utilisé ces dernières heures sur le site Twitter. Voici une sélection de tweets : 'un