France Bleu Alsace en grève ce lundi : "ce ne sera pas le dernier poste supprimé"

Ce lundi 8 janvier, les micros de France Bleu Alsace resteront silencieux. Matinale supprimée, émissions impactées, le personnel est en grève pour protester contre la suppression d’un nouveau poste au sein de la rédaction, le deuxième en deux ans.

Le 1er janvier comporte chaque année son lot de changements. Sur la longue liste des nouveautés de 2018, il y en a une qui ne fait pas les affaires de l’antenne régionale de France Bleu, réseau de radios locales publiques françaises. Pour la deuxième fois en deux ans, la rédaction de France Bleu Alsace est amputée d’un poste de journaliste. Une décision annoncée en comité d’entreprise en décembre 2017. Joyeux Noël ! Pourtant, sur le papier, la radio n’a pas de quoi rougir. Chaque jour, sa matinale réunit chaque jour 200.000 auditeurs (sur cette tranche horaire, LA radio la plus écoutée en Alsace) à l’écoute des différentes émissions mais aussi des rendez-vous d’information locale. Une couverture "de proximité" dont la qualité risque d’être impactée par cette nouvelle coupe dans les effectifs, c’est du moins ce que craignent les journalistes.

En réaction, les syndicats SNJ, CGT, et CFDT de la rédaction ont déposé un préavis de grève a été déposé pour ce lundi 8 janvier"Deux postes détruits en deux ans, y'a des Bleus qui se perdent ! Non au nivèlement par le bas !" martèlent-ils, en demandant à la direction de Radio France de revenir sur sa décision de ne pas remplacer la salariée de France Bleu Alsace partie à la retraite. "La charge de travail n'allant pas en diminuant, on ne peut pas continuer à supprimer des postes. On a l'impression que les gens qui décident des réductions de postes ne se rendent pas compte de la réalité du terrain" avance Aurélie Locquet, journaliste matinalière. "La rédaction est touchée, mais il y a des inquiétudes dans les autres services également. Dans un contexte de réduction globale d'effectif à Radio France, ça leur pend au nez", précise-t-elle encore.


Quid d’un rapprochement entre France Bleu et France 3 ?

Ce n’est pas un secret, le gouvernement aurait dans ses cartons un projet de fusion des réseaux régionaux de France Bleu et de France 3. Une façon de fournir un "meilleur" service de proximité "renforcé" pour l’actuelle ministre de la Culture Françoise Nyssen, mais aussi de réaliser de grosses économies alors que France Télévisions doit sévèrement se mettre à la diète en réalisant 50 millions d’euros d’économies. Dans ce contexte, faut-il voir dans la décision de ramener la rédaction de France Bleu Alsace à 9 salariés en 2018, un premier pas vers le rapprochement avec l’antenne de France 3 ? La question se pose.

Dans leur combat, les journalistes ont reçu le soutien de plusieurs personnalités politiques locales. A l’image de Jean Rottner, le président de la région Grand Est. "Dans un monde où l’information nécessite une réactivité de tous les instants et où la viralité via internet et les réseaux sociaux nécessitent une capacité d’analyse approfondie, la présence de journalistes sur le terrain est que jamais indispensable", peut-on lire dans un communiqué de presse daté du 3 janvier 2018. Ce dernier s’est aussi fendu d’un courrier à Mathieu Gallet, président de Radio France "afin de lui faire part de son sentiment et de sa position face à ce projet de suppression, dans l’attente d’une modification de décision du groupe Radio France".

Une démarche également entreprise par Brigitte Klinkert, présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, qui rappelle de son côté que "l’information de proximité, ancrée dans le concret du quotidien est une mission d‘intérêt générale essentielle, surtout à l’heure où le Président de la République et le gouvernement souhaitent œuvrer pour lutter contre la désinformation et pour le développement de l’esprit critique auprès des jeunes générations".

Il y a quelques mois, France 3 Alsace était venu faire un reportage dans la radio la plus écoutée d'Alsace en matinale.


Les auditeurs en colère

"Le rouleau compresseur est en marche. On se mobilise  pour alerter les auditeurs et le grand public. Nous sommes tous des passionnés mais parfois on en a marre. Y a aucun signe positif", commente Luc Dreosto, journaliste bien commu des amateurs du Racing (entre autres).

Et sur les réseaux sociaux justement, les auditeurs sont nombreux à manifester aussi leur soutien à la radio. "La désinformation commence par la suppression des journalistes de terrain ; la réorganisation à la sauce parisienne ou locale sous prétexte d'économies ne sert qu'à mieux manipuler les masses", écrit l’un d’eux. "On ne nous demande jamais notre avis. Mais quand on supprime ce type de poste. On supprime aussi l’accès à information et ça c’est inacceptable pour le type de radio qu est France bleu et pour la construction intellectuelle de nos générations futures", peut-on encore lire. La grève se poursuivra toute la journée. La rédaction devrait reprendre du micro dès demain, 6 heures. 


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