Giselle, le grand ballet romantique revisité et modernisé par l'Opéra National de Bordeaux

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Giselle sombre peu à peu dans la folie quand elle apprend que son amant Albrecht est un prince promis à une autre femme.
Dans cet extrait du ballet de l'ONBA, Giselle perd peu à peu la raison après avoir appris que son aimé était promis à une autre. ©Oxymore production

Grand succès du ballet romantique, Giselle traverse les siècles. Décrite par Tchaïkovski comme "un bijou, poétique, musical et chorégraphique", l'œuvre est réinterprétée par le ballet de l'Opéra National de Bordeaux dans une version modernisée et consciente des enjeux du monde actuel mais néanmoins respectueuse de la tradition.

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Giselle est un ballet romantique en deux actes créé à Paris en 1841 par Jules Pierrot et Jean Coralli sur une musique d'Aldolphe Adam. Les danseuses et danseurs de l'opéra National de Bordeaux ainsi que l'orchestre National de Bordeaux Aquitaine proposent une nouvelle version de ce chef-d’œuvre enregistrée en décembre 2023 au Grand Théâtre de la ville. La chorégraphie originelle est reproduite sur scène par Eric Quilleré, accompagnée d'une scénographie modernisée par Matali Grasset. Ce ballet symbole du romantisme nous plonge dans un univers qui oscille entre réel et fantastique à travers l'histoire d'amour, par-delà la mort, de Giselle et Albrecht.

Retrouvez Giselle par le ballet de l'opéra national de Bordeaux en replay sur la plateforme France.tv

L'histoire de Giselle

Dans le premier acte, on découvre Giselle (Marini Da Silva Vianna), une jeune paysanne. Amoureuse d'Albrecht (Riku Ota), elle danse joyeusement avec lui. Mais un jour, Hilarion (Riccardo Zuddas), un garde-chasse épris de la jeune femme révèle la sombre vérité : Albrecht est en réalité le prince de Silésie déguisé en paysan, et il est promis à une autre femme, la princesse Bathilde (Anaëlle Mariat). Lorsqu'elle l'apprend, Giselle sombre dans la folie et perd la vie.

L'acte deux se déroule la nuit, dans la forêt enchantée. Les Wilis, des spectres vengeurs de jeunes filles abandonnées par leur amant et mortes avant leurs noces, font leur apparition. Myrtha (Ahyun Shin), la reine des Wilis, condamne Hilarion à danser jusqu'à l'épuisement puis la mort. Vient alors le tour d'Albrecht, voué au même sort. Mais Giselle, elle-même devenue un esprit, lui vient en aide en dansant avec lui jusqu'à l'aube, moment où les Wilis disparaissent. Elle parvient ainsi à sauver l'homme qu'elle a aimé du trépas.

Deux mondes, deux réalités

Le ballet Giselle montre l'opposition entre deux univers. Lors du premier acte, qui se déroule dans le village, tout est coloré, pétillant, vivant. C'est le monde réel, le monde du concret. A contrario, le deuxième acte prend place dans un univers fantastique : le décor est plus sombre, les tutus sont d'un blanc fantomatique.

L'opposition entre deux mondes s'exprime aussi entre celui d'en bas, la paysannerie, et celui d'en haut, la noblesse. Comme l'explique Matali Grasset : "Mon rôle a consisté à imaginer une lecture plus contemporaine de l’histoire de Giselle en mettant en présence dans le récit deux mondes en confrontation. D’un côté, le monde de la ferme où vit Giselle que je réinterprète en un « monde d'en bas ». Il est proche du vivant et le défend. De l’autre, le « monde du haut », est celui des gens qui craignent de perdre leurs privilèges. C’est une interprétation plus universelle en rapport avec notre monde contemporain et ses enjeux. "

Une relecture moderne, engagée et responsable

Matali Grasset est une designeuse française très réputée qui a fait ses classes auprès de Philippe Stark. En charge de la scénographie, des décors, des costumes et des accessoires sur Giselle, elle fait des choix forts, modernes et engagés.

Le premier réside dans les costumes qui lui permettent de marquer visuellement la lutte des classes qui s'opère entre le monde d'en haut et le monde d'en bas. Mais elle va plus loin encore : le choix même des matières utilisées pour les créer est significatif. Pour les villageois, elle travaille des matières brutes produites par un savoir-faire français qu'elle tient à défendre. Ainsi, les costumes des paysans sont faits d'un "tissu gaufré [..] qui est utilisé habituellement pour réaliser des serpillières", et composé de 80% de coton et de 20% de déchets recyclés. Pour le monde d'en haut, des matières plus sophistiquées ont été choisies.

Concernant le décor, Matali Grasset a choisi le tutu pour point de départ. Ainsi, "toutes les structures créées pour faire le décor sont en forme de cône avec un rythme de lignes qui vient délimiter le pourtour." Un décor qui, à l'instar des tutus dont les tulles de ceux des Wilis ont été récupérés d'une ancienne production de Giselle et réparés pour être réutilisés, s'inscrit dans une démarche responsable. La chaumière, le soleil ou encore les arbres ont été fabriqués par les menuisiers de l'opéra avec "du bois non peint en vue de lui trouver un nouvel usage une fois les représentations terminées".

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