Régionales 2021 dans le Grand Est : la gauche en ordre de bataille pour perdre les élections

La rivalité entre deux collectifs "d'union" compromet la perspective de parvenir à une liste unique, seule chance pour la gauche de faire autre chose que de la figuration. L'élection 2021 dans le Grand Est s'achemine vers une finale entre la droite et l'extrême-droite, comme il y a six ans.

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Le faire-part semble sans appel : dans un communiqué diffusé samedi 17 avril 2021, "L'Appel Inédit" acte "le refus, par le Pacte Grand Est, de sa proposition d'union" pour les régionales de juin. Lequel "Pacte" rejette sur son partenaire la responsabilité de cette rupture. Est-elle définitive ?

L'Appel Inédit a été lancé en décembre dernier par Aurélie Filippetti, ancienne députée PS de Moselle et ancienne ministre de la Culture sous Hollande, Pernelle Richardot (PS), conseillère régionale alsacienne et Caroline Fiat, députée LFI de Meurthe-et-Moselle . Dans une démarche assez "macronienne", les trois femmes passent outre les appareils et invitent la gauche régionale à se rassembler sur leurs noms.

En face, Le Pacte Grand Est, apparu début mars, résulte au contraire de longues négociations entre les instances régionales des partis de gauche. Les Verts, qui avaient déjà lancé "leur" liste avec la Thionvilloise Eliane Romani, ont consenti à une alliance avec PS et PC, à condition d'en conserver la tête.  

Rapport de forces

Depuis six semaines, ces deux initiatives "d'union" négociaient pour parvenir à une liste commune. Aurélie Filipetti proposait un partage 50/50 avec direction partagée. Eliane Romani, elle, ne transige pas sur un leadership écologiste.

Les Verts sont forts des victoires obtenues (mais jamais seuls) dans plusieurs grandes villes aux municipales. Confortés aussi par les accords déjà conclus dans d'autres régions, comme les Hauts-de-France, derrière une tête de liste écolo. Ils sont persuadés d'être désormais la force principale à gauche, et font parfois montre d'une tentation hégémonique, digne du PS de papa.

De leur côté, les "Inédites" rejettent les manoeuvres d'appareil et se présentent comme un mouvement "citoyen"...  Derrière des personnalités non dépourvues d'ambitions.
En annonçant la fin des négociations, elles prennent le risque d'en endosser la responsabilité aux yeux des électeurs.

Idéologiquement, on aurait peine à trouver des divergences majeures entre les deux mouvements.
Tous les partis de gauche aujourd'hui défendent écologie et progrès social. Ce n'est pas le programme qui est en cause, mais bien un rapport de forces.

Sondages

"Aujourd'hui, on le voit bien, ce qui bloque, ce sont les appareils" lance Filippetti. "Il faut dépasser la guerre des égos" répond Romani. Et les deux candidates se lancent à la tête des sondages leur donnant l'avantage. 

L'union de la gauche est-elle morte dans le Grand Est ?
Pas encore tout à fait : il reste quatre petites semaines avant le 17 mai, date limite pour déposer une liste aux élections de juin. On le voit ci-dessus, le Pacte appelle à reprendre les discussions : "Nous n'avons pas quitté la table des négociations""La main, elle sera toujours tendue" répondait lundi soir Aurélie Filippetti sur notre antenne. 

Le cauchemar du barragiste

Toutes ont en mémoire le cauchemar des régionales de 2015. Arrivée derrière Philippot (FN) et Richert (LR), la gauche s'était déchirée. Une partie appelait les électeurs à "faire barrage" à l'extrême-droite, selon les consignes nationales, d'autres maintenaient leurs candidatures, derrière Jean-Pierre Masseret (PS) pour sauver une vingtaine de sièges.

Un scénario que les électeurs de gauche n'ont aucune envie de rejouer.
 

Le point à deux mois du premier tour

Dans la plupart des autres partis, la situation est loin d’être clarifiée. Rappelons que les élections régionales et départementales sont désormais calées aux 20 et 27 juin. Les listes devront être déposées entre le 10 et le 17 mai, début de la campagne officielle. Nous suivrons évidemment l'évolution des choses, voilà où elles en sont au 20 avril 2021.

  • Le Rassemblement National présente cette année Laurent Jacobelli, son porte-parole, qui était déjà candidat chez nous il y a six ans... Pour le parti Debout la France. Il vient par ailleurs de démissionner de son mandat de conseiller municipal RN d'Allauch (Bouches-du-Rhône)... Peu importe : la "marque" Le Pen, on le sait, compte plus que le parcours du candidat. Elle avait rapporté 36% des voix dès le premier tour à Florian Philippot en 2015.
  • Florian Philippot, justement, qui revient dans le Grand Est avec son parti des Patriotes. Malgré une plus grande notoriété, il ne devrait pas faire de l'ombre au RN, peut-être lui constituer une réserve de voix pour le second tour.
  • Jean Rottner, avec le parti Les Républicains et ses alliés, devra encore faire face au RN qui avait devancé la liste Richert de plus de 10% il y a six ans. Très impliqué dans la guerre sanitaire, il pourrait bénéficier de la prime au sortant. A ce jour, il n'a pas (encore) officialisé sa candidature.
  • L'inconnue de La République en Marche sera-t-elle Bérengère Abba ou Brigitte Klinkert ? les deux sont au gouvernement, l'une est plus connue que l'autre, mais elle n'iront au casse-pipe que si on leur demande. Le parti présidentiel s'attend à des élections difficiles dans les "territoires".
  • Le MoDem, tiraillé entre majorité nationale (Macron) et majorité régionale (Rottner), n'a pas encore choisi.
  • Les régionalistes alsaciens d'Unser Land présentent leur secrétaire général Martin Meyer. Partisans (ils ne sont pas les seuls) du démantèlement de la région Grand Est, ils n'ont évidemment guère d'audience en dehors de l'Alsace.
  • La France Insoumise n'a pas dit son dernier mot. Des militants du parti de Mélenchon appelent à un "rassemblement populaire" en condamnant les deux initiatives de gauche évoquées ci-dessus. L'alliance de la députée LFI Caroline Fiat avec Aurélie Filippetti n'engagerait qu'elle-même.
  • Enfin Lutte Ouvrière a présenté le 19 avril sa propre liste, menée par Louise Fève, cheminote à Strasbourg.
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